Des rêves, mille tracas
L’institut français Léopold Sédar Senghor de Dakar a reçu hier la projection du film ‘’Gris-gris’’ de Mahamath Saleh Haroun, en présence du réalisateur.
De belles images. Des plans recherchés. Des dialogues bien travaillés. Une histoire poignante, avec en toile de fond un jeune handicapé au milieu d’une mafia très particulière. Voilà ce que propose le réalisateur tchadien Mahamath-Saleh Haroun, dans son dernier film ‘’Gris-gris’’. Ce film a été dans la sélection officielle du festival de Cannes en 2013. D’une durée d’une heure quarante et une minutes, il a été projeté hier soir à l’institut français Léopold Sédar Senghor. C’était en présence du réalisateur qui est à Dakar, dans le cadre du projet ‘’ciné-phonie’’ de l’institut français.
Le film raconte l’histoire d’un jeune handicapé qui tente de gagner sa vie en dansant tous les soirs dans des clubs de la capitale tchadienne. Gris-gris, le principal protagoniste, a une jambe complètement atrophiée qu’il utilise tant bien que mal, lors de ses prestations. Ces dernières donnent d’ailleurs au film un cachet particulier. Elles peuvent facilement être les moments qu’on aime le plus voir dans ce film, tellement, ils sont captivants.
Danseur le soir, Gris-gris fréquente l’atelier de photographie de son oncle le jour. Et c’est là qu’il va rencontrer l’amour de sa vie. Elle s’appelle Mimi et rêve elle aussi d’être un grand mannequin, mais pour l’instant, elle se nourrit en se prostituant. Toujours en perruque afro, la Mimi est très belle. Juste un regard échangé avec Gris-gris leur a permis d’établir une connexion sentimentale.
La vraie histoire du film commence avec la maladie de l’oncle de l’acteur principal. Devant un besoin pressant d’argent, Gris-gris verse dans le trafic d’essence. ‘’Je voulais raconter l’histoire de ces jeunes qui trafiquaient de l’essence entre le Cameroun et le Tchad. Mais, je trouvais qu’il manquait quelque chose à mon scénario. J’étais un jour au Fespaco quand on m’a invité à un spectacle de danse.
J’y suis allé, sans rien attendre et j’ai trouvé Souleymane Démé (ndlr Gris-gris)’’, a témoigné M. Haroun. Un travail de longue haleine a commencé, après ce premier contact. Il a fallu apprendre à l’acteur principal à parler correctement le français, à nager et à conduire une voiture. Des choses qu’il a réussies avec brio dans le film. En effet, des courses poursuites avec la police, on en voit dans ‘’Gris-gris’’.
‘’Cela me fait plaisir de savoir, qu’après ce film, Souleymane Démé sait lire et écrire le français, nager et conduire une voiture. Cela a changé quelque chose dans sa vie. C’est à cela que doit servir aussi le cinéma. Je suis très intéressé par ce côté humaniste’’, s’est félicité l’invité de ‘’ciné-phonie’’. Le film sera projeté à Saint-Louis le 15 février à 18h, en présence de son réalisateur.
En outre, ‘’ciné-phonie’’ est un projet de l’institut français. Il prévoit d’inviter de grands cinéastes francophones. M. Haroun est le premier d’une longue liste qui sera déroulée d’ici la tenue du sommet de la francophonie.
B. BOB