‘’Gris a raison, je ne vais pas me bagarrer avec lui, je vais le bastonner, je ne suis pas son égal’’
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A la suite de son adversaire Gris Bordeaux, Tyson a fait son open-press, hier, au stade Alassane Djigo de Pikine, devant un public très nombreux. Comme à son habitude, le lutteur, très en verve, a répondu aux questions des journalistes sans prendre de gants. Pour lui, il n’y a que la victoire qui compte.
Vous avez fait une innovation de taille, pour la première fois, un open-press se tient dans un stade archicomble, pourquoi ce choix ?
C’est une innovation. Les lutteurs avaient l’habitude de tenir leur open-press dans leur quartier. Aujourd’hui, je l’ai fait dans un stade et le stade est plein à craquer. C’est comme s’il y avait un combat de lutte aujourd’hui. Cela démontre seulement que nous sommes dans une logique de moderniser et d’innover. Et le stade Alassane Djigo est assez symbolique parce que c’est au cœur de Pikine, ce lieu a été choisi pour que tout Pikine s’y retrouve. Cela montre que je suis Pikinois et que les Pikinois me portent dans leur cœur.
Comme vous l’avez dit, ils sont venus en masse, mais ce qu’ils veulent avant tout, c’est la victoire…
Dans tout ce que je fais, je ne recherche que la victoire finale. Je me lève le matin et me couche le soir en pensant à la victoire. Je ne badine pas avec mes combats. Je prie le bon Dieu pour que la victoire soit de notre côté, ainsi on pourra revenir à Pikine pour fêter la victoire
Votre adversaire dit qu’il fera tout pour la victoire et vous ?
Je suis prêt à faire plus que ce qu’il fera. Il y a ce qu’on appelle la logique de la lutte. Les gens parlent beaucoup sur mon palmarès, mais, à ce jour, il n’y a que trois lutteurs qui m’ont battu dans l’arène et ils ont tous été roi des arènes. J’ai une expérience dans l’arène parce que j’ai affronté beaucoup de lutteurs de toutes sortes.
Ce qui est important, c’est que je travaille pour gagner le combat. Le travail que je fais est colossal, je ne vais pas en parler, mais plutôt le démontrer. Le 21 avril n’est plus loin, c’est dans quelques jours. Chacun parle de ce qu’il pense, mais ce qui est important c’est que je travaille pour gagner et j’ai beaucoup d’espoir en ce sens.
Comment se passe ce travail, vous aviez l’habitude de vous préparer aux États-Unis, mais cette fois-ci, vous êtes resté au pays, pourquoi ?
Si, je suis parti aux États-Unis, mais je n’y ai pas duré. On va au pays de l’oncle Sam pour chercher la performance et le professionnalisme. Et comme vous le savez, je fais partie des premiers lutteurs à être allé se préparer aux États-Unis. J’ai écourté mon voyage pour rester au pays avec mes proches et mes parents, pour mieux travailler. Ce combat est un combat capital, seul la victoire compte. Et vu toute cette mobilisation, surtout de la part de l’Asc Pikine, je me dois de bien travailler.
Gris Bordeaux nous a dit que vous n’oseriez pas vous bagarrer contre lui-même si on vous payait des millions pour cela, qu’est-ce que vous en dites ?
Mais il a parfaitement raison, je ne me bagarrerai pas contre lui parce que je vais le bastonner. On se bagarre contre son égal et moi je ne suis pas son égal, je vais le bastonner je le répète.
Il dit que vous ne savez pas vous bagarrer.
Je vous renvoie à nos parcours respectifs. C’est très facile de parler, mais il faut des preuves à l’appui. Dites-moi combien de lutteurs Gris Bordeaux a mis Ko dans sa carrière ? C’est la seule réponse que je peux lui servir. Il ne faut pas parler pour amuser la galerie, tous les deux, nous avons nos parcours dans l’arène, qu’on regarde de plus près nos palmarès respectifs pour voir si ce qu’il dit est vrai ou pas.
Il a aussi dit qu’il veut que le combat dure longtemps pour que tous les amateurs soient contents, et ajoute que seul lui peut rendre ce combat plaisant parce que vous êtes un lutteur attentiste, alors que lui c’est un attaquant.
Comme l’a si bien dit un adage wolof, ceux qui méprisent l’hyène le font, tranquillement assis chez eux, mais ils n’oseront jamais se frotter à lui dans la brousse. Pour moi, c’est juste des paroles en l’air, pour vendre le combat. De tout ce qu’il a dit, je n’ai retenu qu’une seule chose, c’est quand il a dit qu’une fois que les barrières seront fermées et qu’il ne restera plus que les deux lutteurs dans l’enceinte, c’est là que tout se jouera. Tout ce que je lui demande, c’est d’exécuter toutes les promesses qu’il a faites.
Cela fait longtemps que vous n’avez pas gagné de combat, la victoire n'est-elle pas primordiale pour vous relancer ?
Mes défaites sont souvent discutables. Mais ce qui compte, c’est que les lutteurs qui m’affrontent savent qu’ils n’ont pas affaire à n’importe qui. Je suis un professionnel, et je ne joue pas avec mon métier, je fais tout ce que je dois faire pour gagner, le reste je le laisse entre les mains de Dieu. Je crois en moi et à tout ce que je dis. Je n’ai jamais eu de combat en me disant à l’avance que je vais tomber. Je pense toujours à la victoire.
Vous semblez tenir à la victoire, mais êtes-vous prêt physiquement ?
Déjà le combat a été ficelé depuis juillet 2013, c’est long. Donc j’ai fait tout ce que j’avais à faire côté entraînement, actuellement, je ne fais que compléter. Je luis souhaite d’être en très bonne santé pour que je puisse le battre le 21 avril. Je dois cette victoire aux Pikinois et j’en profite pour remercier Baboye qui a fait le déplacement.
Nous sommes des pionniers, quand ce métier faisait peur, nous avons su tracer un chemin pour montrer la voie à nos jeunes frères. Ce que vous voyez dans ce stade le démontre, les gens pensaient que personne ne viendrait à cet open-press, alors que le stade est archicomble. Je suis né à Fass, je connais bien les lutteurs fassois. J’y suis entré à trois reprises avec autant de victoires, la quatrième fois aussi j’espère gagner. Gris Bordeaux est un lutteur que je respecte beaucoup, mais chacun devra défendre les couleurs de son écurie.
Les enjeux de ce combat son multiples, une victoire relancerait votre carrière, tandis qu’une défaite sonnerait la fin de celle-ci, n’avez-vous pas trop de pression ?
Un champion restera toujours un champion. Cette année sera ma 19e année de carrière et ce n’est pas du tout évident. Le plus important, c’est de faire plaisir à tous nos supporters et pour ce faire, il faudra que je donne tout ce que j’ai pour gagner ce combat. Je ne doute pas, je fais ce que je dois faire. Je ne peux plus faire ce que j’ai déjà fait dans l’arène. Mes supporters ont besoin de cette victoire et je ferai tout pour gagner, avec la manière, que cela soit net.
Vous n’avez jamais privilégié le mystique dans vos combats, mais cette fois-ci il semble que vous avez changé…
Tout à l’heure vous m’avez demandé pourquoi je suis revenu aussi tôt des États Unis, on ne prépare pas un combat seul, il y a tout une équipe derrière. Parfois des supporters viennent et m’apportent des bouteilles d’eau mystique. Avec cela je me suis rendu compte qu’ils tenaient réellement à la victoire. La lutte c’est un tout. Je suis une personne réservée je ne peux pas entrer dans les détails. Mais je peux vous dire que j’ai tout doublé.
On peut donc dire que vous avez tiré des leçons du passé ?
La lutte, c’est une tradition. Moi j’y suis entrée avec ma philosophie, d’où le nom de Boul Faalé parce que je me disais que je suis jeune, ambitieux et je pratique un sport. Donc s’il s’agissait seulement d’effort physique, de motivation et d’abnégation personne n’aurait pu me retenir. Mais il y a d’autres réalités qu’on ne peut minimiser et il faut juste faire ce qu’il y a à faire sans trop en faire. Des gens sont venus m’appuyer par rapport à cela.
Ce combat ne vous empêche-t-il pas de dormir ?
Il suffit juste de regarder mon visage pour savoir que non. Je dors bien, tranquille, sans pression.
C’est un derby entre Pikine et Fass ?
Absolument comme d’habitude. Nous avons l’habitude de les battre 2-0, 3-0 ou 4-0.
Certains critiquent votre manière de vous entraîner et disent que vous n’aimez pas faire de contacts ?
On ne peut pas empêcher les gens de parler. Mais Boul Faalé est la seule écurie à ce jour à avoir acheté une salle aux Maristes. Une salle fermée. Nous l’avons acheté pour nous y entraîner, faire des contacts et tout ce qui s’ensuit. Nous ne squattons pas les plages ou les écoles. Les entraînements doivent être secrets, la lutte est mystérieuse.
KHADY FAYE