Publié le 22 May 2025 - 15:34

Fausse solution a un vrai problème

 

Encore une décision de l’Agence de Régulation des Marchés (ARM) de suspendre, du 22 mai au 15 juin 2025, les ventes d’oignons et de pommes de terre des agrobusiness. Cette mesure peut  soulèver cas même de vraies questions malgré qu'elle soit présentée comme une solution  pour protéger les petits producteurs face à une supposée saturation du marché et à la chute des prix. La mesure en tant que telle, part peut-être d’une bonne intention, mais sur le terrain, elle cause problème.

Comme je l'ai toujours soutenu, et le constat est réel, aujourd'hui, ce dont les petits   producteurs ont besoin en priorité, ce n’est pas qu’on bloque d’autres acteurs complémentaires du marché, mais qu’on leur donne les moyens concrets d’exister dans la chaîne de distribution. Le vrai problème est connu de tous et c'est le manque criard d’infrastructures de stockage et de logistique. Ces producteurs, souvent éloignés des centres urbains, ne disposent ni de camions, ni d’entrepôts réfrigérés, ni même d’espace pour conserver leurs produits plus de quelques jours. Ils sont donc contraints de brader ou de voir leurs récoltes pourrir, pendant que les coûts de transport et de manutention explosent.

Résultat : au lieu de gagner leur vie dignement, ils doivent accepter les conditions imposées par une chaîne intermédiaire qui gonfle les prix, au détriment des consommateurs eux-mêmes.

La suspension des agrobusiness n’allège en rien cette souffrance. Au contraire, elle prive le marché d’un acteur capable d’absorber les excédents, de stabiliser les prix et d'assurer la continuité de l’approvisionnement. Il aurait été plus intelligent de les associer à un plan d’urgence coordonné, au service d’un marché équilibré.

Il est vraiment temps de changer d’approche car ce que demandent ces producteurs, ce n’est pas un moratoire sur les ventes, mais un investissement rapide et ambitieux dans des magasins de stockage mutualisés, dans une logistique rurale accessible et dans des solutions de distribution locales. Ce sont ces leviers tant importants qui permettront aux petits producteurs de vendre à bon prix, de ne pas dépendre des intermédiaires, et d’approvisionner les marchés de façon régulière et compétitive.

Soutenir les petits producteurs ne peut pas se faire en coupant les autres. Cela doit passer par des solutions structurelles, inclusives et durables. L’urgence n’est pas dans l’interdiction, elle est plutôt dans l’action concrète pour leur permettre de tenir debout.
Et ce que beaucoup ne comprennent pas , ces agrobusiness disposent d'une flotte de véhicules de livraison hyper importantes et une fois privés de marché, ils jouent sur ma compense en louant à des prix très chers cette logistique indispensable aux petits producteurs pour acheminer leurs produits, c'est qui fait que inévitablement, le produit devient cher une fois à la disposition du consommateur final.

par Souleymane Jules SENE

Section: 
Sable hors de prix : Pourquoi ce silence des autorités face à la crise des carrières ?
Naabokkrekisme versus Noolànkisme
Vision 2050 : En finir avec les agences budgétivores du secteur parapublic au Sénégal
FATOU SOW, UNE CONTRIBUTION AUX BALBUTIEMENTS DE L’ÉCOFÉMINISME EN AFRIQUE
Enseigner l’esprit critique en classe de Philosophie : Pourquoi et Comment ?
Lanceurs d’alerte ou délinquants d’opinion ? : La contradiction d’un pouvoir à double visage
ÉCRITURE ET PERSPECTIVES
MOBILISATION DES RESSOURCES : Jusqu’où le Sénégal pourra-t-il aller?
DIPLOMATIE : L’ALIGNEMENT FARFELU DU SENEGAL DERRIERE LES JUNTES ! : Dakar guide et impulse
Réconcilier l’école sénégalaise avec elle-même : Pour une unification des daara et du système formel
DIALOGUE ET RUPTURES
MON INTIME CONVICTION SUR LES DOSSIERS DITS POLITICO-JUDICIAIRES
Vers une confiscation de l’ordre constitutionnel au Mali
LE CHEF DE L’ETAT EST SINCERE ET LOYAL ENVERS LES PARTENAIRES SOCIAUX
(Telecoms / Régulation) - Renouvellement du Collège de l’ARTP : Une nouvelle dynamique avec trois visages familiers de la maison
La Mendicité au Sénégal : Entre Réalité Locale et Pression Migratoire Régionale
Une société qui maltraite ses enfants, une société qui chosifie ses femmes, sur toutes les latitudes, n'a aucun avenir!
L'urbanisme fictionnel : Pour une fabrique narrative et politique de l’urbain au Sénégal
CARNET DE ROUTE : LA CHINE VIT DEJA EN 2050
Alhaminou Lo face au labyrinthe institutionnel : Un test décisif pour l’Agenda 2050