Publié le 17 Apr 2012 - 10:03
CONTRIBUTION

Pour que vive le Parti socialiste

 

Pour le Parti Socialiste, les résultats de la présidentielle de 2012 ont été catastrophiques. C’est pour cela que je voudrais précéder aujourd’hui les inévitables scissions qui s’annoncent au sein du Parti, et inviter les membres de notre bureau politique ainsi que tous les militants qui sont notre base à considérer la nécessité d’une restructuration fondamentale de la direction du Parti.

 

Nous sommes passés de 41% de l’électorat sénégalais en l’an 2000 à 11% en 2012. Aujourd’hui, cet échec est un homme qui nous regarde, et l’ignorer serait mortel. Convergence Socialiste a combattu le régime de Wade sans relâche, avec parfois un zèle messianique, et lorsque les salons et les cocktails ne suffisaient plus à contenir notre rage, nous nous sommes emparés de la rue. Nous ne le faisions pas alors contre le PDS, mais pour le Sénégal et parce que nous avons choisi d’ouvrir sur un autre soleil les yeux de nos enfants.

 

Ce qui fait le Parti Socialiste c’est tout d’abord sa base, les millions d’individus qui ont contribué à son ascension et qui aujourd’hui, par leur absence, leur défection, leur déception, participent de son déclin. De notre déclin. C’est ensuite son aptitude à se régénérer lorsque nos mauvais choix nous ont éloigné des  attentes populaires. Et c’est enfin sa capacité à intégrer les adversaires d’hier en initiant le dialogue, comme le symbolise nos origines, puisque c’est d’une alliance entre le BPS de Senghor et le PSAS de Lamine Gueye qu’est né le Parti Socialiste. C’est pour cela qu’il ne peut y avoir de guerre fratricide au sein du Parti de Senghor, qui demeure un symbole très fort : celui qui a su partir. Au responsable communiste français Maurice Thorez, Césaire écrivait en 1956, à la suite de la dénonciation des crimes de Staline par Khrouchtchev : « … pas un reniement, mais un nouveau et solennel départ ; quelque chose comme le Parti communiste fondé une seconde fois... Au lieu de cela, au Havre, nous n’avons vu qu’entêtement dans l’erreur ; persévérance dans le mensonge ; absurde prétention de ne s’être jamais trompé ; bref chez des pontifes plus que jamais pontifiant, une incapacité sénile à se déprendre de soi-même pour se hausser au niveau de l’événement et toutes les ruses puériles d’un orgueil sacerdotal aux abois. »

 

Aujourd’hui, la sagesse nous impose de tirer une leçon de l’erreur des autres afin de ne pas connaître le même destin que le PCF (Parti communiste français). Pour cela, il nous faut puiser, dans notre histoire, l’originalité qui nous porta au pouvoir. Depuis le BDS (Bloc démocratique sénégalais) de l’après-guerre, créé par Mamadou Dia /Senghor, qui avait rallié les cheminots de Thiès ainsi que le monde rural, pour améliorer par la lutte politique nos conditions d’existence, notre combat pour les enseignants, les étudiants, les droits de la femme et de l’enfant, pour les professions libérales a toujours été à la mesure des obstacles que l’on nous opposait.

 

Malheureusement pour nous, l’angélisme d’Ousmane Tanor Dieng, qui lui a certainement dicté ses choix stratégiques, n’a pas fonctionné. Nous étions des agneaux dans l’arène politique et la presse ne manqua pas de le souligner, allant jusqu'à voir en nous «une armée sans Général». On ne peut pas défendre mollement des hommes et des femmes qui ont soif de justice sociale. On ne peut pas exprimer le désarroi de ceux qui en nous ont placé leur confiance et leurs espoirs en respectant la bienséance et en échangeant des politesses. Toute stratégie qui mène à l’échec est une mauvaise stratégie. Les phrases mécaniques et autres néologismes à trait d’union ne sont que verbiages qui ne changeront rien aux maux des hommes.

 

Alors tout en souhaitant au nouveau président de la République mes vœux de réussite, je reste un fervent Socialiste. Je souhaite que notre Parti propose une opposition saine mettant en avant des idéaux et des valeurs qui ne procèdent pas du libéralisme. Socialiste, je ne pense pas que les politiques de privatisation sauvage, les situations monopolistiques et l’autorégulation économique dans un pays qui compte 72% d’illettrés et 49% de chômeurs, apporteront la prospérité. Les alliances hâtives ne feront qu’achever de dérouter notre électorat. Or nous sommes le Parti de Valdiodio Ndiaye, celui d’Ibrahima Seydou Ndaw, d’Idrissa Ndiaye «Diola», de Boissier-Palun, d’Ousmane Diop Coumba Pathé et Mbaye Diagne Dégaye. Nous sommes le Parti de l'Alliance.

 

C’est avec nous que le Sénégal devint pour l’Afrique tout entière un modèle de démocratie, et qu'à ce titre : nous ne pouvons tout simplement pas mourir !

 

Malick Noël SECK

S.G. Convergence Socialiste

Responsable PS Sicap-Liberté

 

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