2522 parcelles dans une phase contentieuse
Comme presque partout ailleurs, la région du Baol doit faire face à une boulimie foncière qui grignote lentement mais sûrement les terres disponibles. Au cœur des scandales, les élus locaux, comme d'habitude.
Le foncier est un point noir dans la gestion des collectivités locales de la région de Diourbel. Rares sont les présidents de conseil rural ou maire de localité qui n’ont pas été cités dans des litiges fonciers. De fait, beaucoup d'observateurs ou de citoyens sont convaincus que ce créneau est le moyen le plus rapide pour un élu local de s’enrichir.
Avec, cependant, les risques judiciaires qui s'y attachent. A ce sujet, les statistiques fournies par Ousmane Mbacké Ndiaye sont effarantes. De 2008 à nos jours, ce sont 7778 parcelles qui ont été illégalement loties dans la commune de Diourbel. Aujourd’hui, 2522 parcelles sont dans une phase de contentieux, révèle le coordonnateur du Collectif départemental pour la défense du foncier.
Dans la région de Diourbel, deux édiles ont été cités par leurs propres conseillers dans des affaires de fraude foncière. Le premier, Jacques Baudin, maire socialiste de la commune de Diourbel, est accusé d'avoir procédé à des lotissements n’ayant pas respecté les procédures normales. Suite à la rébellion des conseillers du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) contre ''les pratiques malsaines du maire et de ses affidés'', un collectif de 43 conseillers municipaux a été mis sur pieds pour ''mettre un terme au bradage des terres'' de la commune. Il est soutenu par le collectif dirigé par Ousmane Mbacké Ndiaye car ''si rien n’est fait, c'est tout le foncier ou ce qui en reste qui va disparaître.''
Conseiller municipal, Mamadou Dioum va plus loin en soupçonnant une complicité avec des fonctionnaires de l’administration locale. ''Diourbel n’aurait pas pu connaître un tel désastre si les services de l’Etat jouaient correctement leur rôle dans le domaine du foncier'', indique M. Dioum.
Ce dernier ne peu manquer de révéler que cette ''situation catastrophique'' remonte à la gestion du prédécesseur de Jacques Baudin, c'est-à-dire Aminata Tall, laquelle avait initié un plan de lotissement pour la commune. A cette période, nombreux étaient les Diourbellois qui avaient payé à la perception municipale des frais de bornage. ''Mais à ce jour, souligne Mamadou Dioum, aucun titre de propriété de parcelle ne leur a été remis.'' La conclusion qu'il en tire est que ''l’histoire des litiges fonciers dans la commune n’a été que partage de gâteau.''
Autant de raisons qui fondent certains Diourbellois à demander la démission du maire bien avant les élections locales. Pourtant, Jacques Baudin sera allé jusqu'au bout de son mandat, malgré les récriminations de ses mandants. Les plus hautes autorités de la République, saisies de la question, n'ont rien pu ou voulu faire.
La commune de Mbacké n’est pas mieux lotie. La question foncière polarise, dit-on, toutes les combines imaginables. Si bien que certains conseillers évaluent les détournements opérés sur les frais de bornage dans la commune à environ 120 millions de francs CFA. Le conseiller municipal Youssou Babou, farouche opposant de l’actuel maire de la ville de Mbacké, Iba Guèye, avait d'ailleurs porté plainte contre ce dernier pour les mêmes faits reprochés.
A Ndangalma, dans le département de Bambey, la gestion des terres par le conseil rural est fortement contestée. Le rush dans l'acquisition de parcelles a été accentué par le projet d'installation d'une nouvelle université. Une bonne partie des terres agricoles exploitées par les populations a été morcelée en parcelles à usage d’habitation...
BABACAR DIOUF (CORRESPONDANT À BAMBEY)