Publié le 23 Aug 2014 - 22:47
L’AVIS DU PSYCHOTHERAPEUTE MOMAR CAMARA

 ‘’Il faut co-construire’’

 

Le mariage n’est pas un parcours lisse. Pour le psychothérapeute Momar Camara, il est possible de tempérer les esprits et de sauver les meubles. Explications : ‘’chez nous, on dit que le couple ce n’est pas 1+1 =2, mais 1+1=3, car les composantes du couple, c’est l’homme, la femme et le lien. En termes plus précis, il faut faire des concessions, discuter, négocier, c’est le couple modèle. Il faut co-construire.’’

Momar Camara abonde ainsi dans le même sens que les thérapeutes familiaux. En fait, comme d’autres, il juge que les partenaires ne doivent pas se leurrer. La vie de couple n’est pas ce long fleuve tranquille. Pour cela, il faudrait que les partenaires se fassent à l’idée que le sentiment amoureux ne garantit pas une longue durée de vie commune. Pour le psychothérapeute Momar Camara, il faut aussi savoir faire la part des choses et faire la différence entre l’amour et la vie de couple. Et pour cause, avance t-il, ‘’le sentiment amoureux ne garantit pas la viabilité du couple. Le couple a besoin d’autres ressources pour survivre’’.

Pour aider les couples à s’inscrire dans la durée, il en appelle à la rationalité. ‘’Les questions de couple sont très compliquées, mais les partenaires ne doivent pas perdre de vue qu’on ne se marie pas par hasard. Même si on épouse une femme qu’on vient de rencontrer 24h plus tôt, on ne doit pas croire que c’est le fruit du hasard ou d’un coup de foudre. Cela répond à une identité qu’on s’est faite, qui a évolué jusqu’à ce qu’on trouve la personne pour qui on a pu fantasmer jusqu’à l’épouser. C’est lié à notre conscient et notre inconscient. Le psychothérapeute de poursuivre : ‘‘C’est une logique très cohérente, chaque personne, que ce soit un homme ou une femme, a son histoire personnelle. L’imagination qu’on se fait du conjoint idéal, l’histoire qu’il a vécue avec ses parents sont les premiers modèles. On se fabrique des images de conjoint idéal, et la personne qu’on rencontre répond exactement aux critères qu’on s’est faits’’.

Il évoque une autre réalité à prendre en considération par les deux partenaires. ‘’L’autre ne peut pas régler tous nos problèmes existentiels’’. Or nombreux sont des couples qui cognent le mur en s’adossant sur une telle croyance. ‘’C’est l’erreur commise par les couples. L’homme reste dans sa position, de même que la femme. Chacun pense qu’on aura plus de soucis avec la personne qu’on a épousé et quand la réalité se manifeste, qu’on redescende sur terre, qu’on commence à s’habituer l’un à l’autre, ce sont des sentiments qui disparaissent. Ce sont des erreurs fréquentes des jeunes couples. C’est la désillusion qui peut être à l’origine de plusieurs facteurs’’. Pour la plupart, c’est le clash. ‘’Des couples disent qu’ils se sont trompés. ‘’Ce que tu m’as montré au début est différent de ce que tu me montres maintenant, mais ils n’ont pas fait le mauvais choix. Ils ont voulu aller à la même vitesse. Or ces préliminaires visent seulement à favoriser la rencontre. Après, il faut autre chose’’.

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Ndèye Seck, thérapeute familiale

‘’Le couple sénégalais va mal : on se sépare après un an de mariage’’

La thérapeute familiale Ndèye Seck, rencontrée à la clinique Moussa Diop de Fann, ne dit pas autre chose. Ayant eu à traiter des questions d’infertilité dans le couple, elle se désole de cette morosité qui a fini par déstabiliser les ménages. ‘’Si je prends comme référence le livre de la sociologue Fatou Bintou Dial, je dirais que le couple sénégalais se porte très mal. Les divorces sont de plus en plus notés. Auparavant, on se donnait un délai de deux ans et de façon empirique. Maintenant, on se sépare après un an de mariage. Pour dire que les mariages ne durent plus. La vie de couple a une durée qui est très courte.’’

Pour la thérapeute, ‘’cette situation résulte de plusieurs facteurs. Les sociologues parlent souvent d’incompréhension dans le couple, d’incompatibilité d’humeur. Au tribunal on parle souvent d’incompatibilité, insatisfaction, également d’ingérence des belles-familles qui ont un droit de regard dans le couple, la polygamie que les femmes n’acceptent plus. Mais vu que dans notre société, être femme célibataire est très mal vu, pour compléter notre féminité en passant par la maternité, ce sont les femmes qui sont tenues d’endosser au-delà de leurs capacités.’’

 

 

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