Publié le 26 Aug 2014 - 06:18
PREVENTION ET GESTION DES CONFLITS EN AFRIQUE

Les jeunes au cœur d’une thérapie de choc pour la sous-région 

 

Dans la presque totalité des conflits qui éclatent, les jeunes sont souvent au cœur de la manipulation et jouent un rôle souvent négatif. Pour les spécialistes de Gorée Institute, il est temps de changer la donne pour faire des jeunes les sentinelles de la prévention et de la gestion des conflits.  

 

Gorée, l’île enchanteresse et mythique. C’est vers ce symbole vivant de la souffrance des noirs que de jeunes africains ont convergé pour répondre à l’appel des sirènes de paix lancé par Gorée Institute. Le temps d’une rencontre sous-régionale sur la prévention et la gestion des conflits, 25 jeunes leaders de 7 pays africains, tous membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont été présents sur l’île chargée d’histoire. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal et du Togo. L’atelier de formation a porté sur le thème : ‘’Leadership des jeunes dans la prévention et la gestion des conflits en Afrique de l’Ouest : une stratégie préventive pour la gestion pacifique des conflits’’.

Le coordinateur du programme consolidation de la paix et prévention des conflits de Gorée Institute, Frédéric Kwady Ndecky, explique ainsi l’objectif global de la formation : ‘’Il s’est agi de promouvoir auprès des jeunes leaders ouest-africains un ensemble de valeurs, de modes de comportement et de vie qui rejettent la violence et préviennent les conflits en s’attaquant à leurs causes profondes’’. Le but étant d’imprimer un nouveau dynamisme à l’Architecture de sécurité régionale de la CEDEAO et à l’Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS) a-t-il poursuivi. Un dynamisme qui doit installer le jeune au cœur du dispositif de la prévention et de la gestion des conflits en lieu et place de son rôle actuel qui en fait un acteur taillable et corvéable à merci.

Dans son exposé, Mamadou Seck de Gorée Institue a expliqué que le conflit est naturel, normal et neutre. Et c’est notre manière de le gérer qui détermine s’il va déboucher sur du positif ou du négatif. Il évoque dès lors le concept de ‘’transformation’’ qui, à son avis, fera du conflit un élément positif ou négatif. Ce qui amène le Directeur exécutif de Gorée Institute, Doudou Dia, à mettre l’accent sur les sources du conflit. Il estime qu’elles constituent toujours le gap entre l’état initial, actuel et l’état souhaité. Le conflit n’est cependant pas quelque chose qui nous tombe dessus et à tout hasard, il s’opère sur plusieurs escaliers qui vont de l’incompréhension d’abord, la tension ensuite, arrive la crise et voilà le conflit qui éclate.

Les jeunes s’engagent pour l’installation d’une culture de la paix

En trois types, le conflit se déploie : latent, ouvert, violent. Dans ces trois types, les acteurs entrent en jeu et de leurs agissements dépendent l’évolution du conflit ou alors sa neutralisation. Evoquant les différents niveaux du conflit, Mamadou Seck a parlé du niveau intra-personnel, interpersonnel, intra-groupe, intergroupe, national et international.

Les comportements face à un conflit ont été également analysés. Au lieu de verser dans l’évitement, la confrontation directe ou le compromis, il est préférable d’adopter une attitude de collaboration pour ‘’chercher ensemble et trouver ensemble des solutions’’. C’est à ce niveau que la communication doit jouer un rôle primordial, selon la chargée de programme à Gorée Institute, Odile Tendeng. ‘’Du fait que nous n’avons pas tous les mêmes cadres de référence, il faut que l’on communique pour se partager les tâches’’, a-t-elle expliqué.

Toute cette démarche de prévention et de gestion des conflits ne saurait cependant être la résultante d’un miracle, mais c’est plutôt un apprentissage stratégique et quotidien, selon Frédéric Ndecky. Et c’est l’ancien ambassadeur Saidou Nourou Bâ, membre du Conseil d’administration de Gorée Institute qui en fait sagement le résumé en ces termes : ‘’Marcher, c’est une succession de chutes à éviter. A chaque fois que vous franchirez un pas, c’est une chute évitée’’. Des propos qui résonnent encore à l’esprit de jeunes leaders qui se sont tous engagés à agir pour l’installation d’une culture de la paix dans une sous-région instable.      

AMADOU NDIAYE

 
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