Pour quoi faire ?
Démocratie nous dit-on ! Pourquoi créer une dichotomie homme/femme entre la société sénégalaise et sa vie publique ? Pourquoi imposer, par une loi, un modèle encore intransférable dans un environnement incapable de s’en accommoder ? Enfin, pourquoi cette langue de bois autour de cette parité homme femme ?
Il n’existe pas à ce jour de loi plus discriminatoire dans un pays encore très ancré dans des valeurs traditionnelles et musulmanes. Au-delà des considérations sociologiques, elle n’est pas efficace dans la mesure où elle prend le contrepied d’un principe fondamental en démocratie : le mérite. Avons-nous le droit d’écarter du jeu des compétences masculines juste pour confirmer une loi électoraliste de Wade avec des dispositions jamais vues ailleurs, même pas chez les inspirateurs occidentaux des progressistes les plus extrêmes qui réfutent cette vision binaire de la société humaine.
Cela frise l’hérésie que, pour le plaisir de quelques activistes opportunistes et très bruyant(e)s, nous consacrions la médiocrité et l’hypocrisie en mode de gouvernance.
Nous sommes pour une implication des genres à la dimension de leur place dans la société, à la mesure des compétences a priori. Nous nous glorifions des prouesses de Madame Rose DIENG dans des domaines aussi pointus que les sciences de l’intelligence artificielle, reconnaissance qui n’est pas due à sa qualité de femme mais à son talent et surtout à son mérite de travail sans relâche, ce dont nous nous réjouissons car elle aura porté très haut l’honneur du Sénégal et de l’Afrique au rendez-vous du donner et du recevoir ; tout comme tout le monde s’accorde sur le fait que le docteur Awa Marie Coll SECK est « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». Ces deux cas illustrent la diversité de modèles à servir au peuple pour magnifier la seule maxime qui vaille : on naît tous égaux en droit et en devoirs. Il appartient donc à l’élite politique et sociale, adossée sur les valeurs africaines et religieuses nous caractérisant, dans un contexte envahissant de globalisation, de créer les conditions d’une vie harmonieuse qui tient compte de nos différences, fussent-elles physiologiques. Il y a un bémol à vouloir instaurer une parité absolue entre l’homme et la femme dans la gestion des affaires de la cité ici et maintenant ou pour dire comme les latins hic et nunc. Des femmes comme celles précédemment citées font légion dans notre pays mais ne peuplent pas le paysage politique.
Nous pourrions dire oui à cette parité si, au-delà de l’argument démographique, la représentation des femmes rehausse le label de notre démocratie de par leurs compétences et en imprimant à leurs fonctions les valeurs propres qu’on leur connait et qui pourraient changer notre manière de gouverner.
Cela dit et de manière plus générale, nous devons prendre garde des concepts importés et qui, à terme, risquent de déstabiliser notre socle reposant sur la famille à laquelle la tendance nouvelle voudrait conférer au droit la régissant la primauté de la femme.
Baye Momar KEBE
Liberté 3, Dakar