Afin de relever  le niveau du débat politique au Sénégal, un club dénommé Travail et Vertu dirigé par Abdoul Mbaye a été porté sur les fonts baptismaux ce week-end. A l’occasion, l’ancien premier ministre a fait un réquisitoire sans appel sur la situation de l’Afrique et du Sénégal.

Le club Travail et Vertu dirigé par l’ancien premier ministre Abdoul Mbaye a été lancé officiellement hier. Ce club de réflexion a pour but de réfléchir sur les défis qui interpellent l’Afrique en général, le Sénégal en particulier. Il a pour mission également de participer à la rénovation et à la modernisation du débat d’idées. Abdoul Mbaye le président du conseil d’administration du club constate que le débat démocratique brille moins par la pertinence des idées que par les attaques personnelles, si ce n’est les insultes.

La nouvelle structure se donne comme stratégie d’être la plus inclusive possible. Désormais, si l’on en croit les concepteurs, les politiques publiques ne seront plus l’affaire exclusive des professionnels politiques et des fonctionnaires. Toutes les franges de la population exclues de la proposition de solutions pour un Sénégal et une Afrique meilleurs seront intégrées. Le club sera ainsi ‘’un puissant lien entre les savants autrement dit le monde de la science et le monde politique, c'est-à-dire les décideurs’’.

Cette initiative du banquier et de ses camarades est partie d’un constat à la limite consternant aussi bien pour le Sénégal que pour le continent noir. Cette Afrique, ‘’hier malmenée par la houle de l’histoire, aujourd’hui bagotée par l’économie mondiale’’. Le bilan, des indépendances à aujourd’hui,  est atterrant : ‘’90 coups d’Etat, un nombre incalculable de changements de constitution pour des raisons personnelles. Ce qui fait de l’Afrique un continent où richesses et potentiel se conjuguent avec pauvreté extrême, 30% de la population mondiale vivant au dessous du seuil de pauvreté. L’économie du continent le montre assez bien.

Malgré ses 16% de la population mondiale, ses 17% des terres arables dans le monde, son tiers (1/3) de la réserve minière sur la planète, l’Afrique représente 3% de la richesse mondiale, 2% du commerce, 1% de la production industrielle. Tout ceci marqué par ‘’une mystérieuse croissance’’ moyenne de 7% qui malgré les apparences n’a aucun impact sur le quotidien des populations, à en croire l’ancien premier ministre du Sénégal

Dès lors, il n’est plus surprenant de savoir que seuls 2 pays figurent dans le peloton de tête sur les 189 évalués. Pendant ce temps, 20 des 25 derniers pays de ce classement sont du continent noir. S’il est vrai que la guerre des temps modernes ne se fait plus sur des champs de bataille, mais sur le marché mondial, comme le dit Abdoul Mbaye, si les cavaleries et les fantassins d’hier ont été remplacés par les industries et leurs capitaines, alors tout indique que l’Afrique a perdu la nouvelle guerre comme elle avait perdu celle des armes à feu.  

1 030 dollars, 178^ème sur 189, 50% de pauvres

Le Sénégal n’est guère une exception. Il est vrai que sur le plan politique, le pays a réussi à   échapper au chaos politique, même s’il a plusieurs fois frôlé le précipice. Mais le bilan politique fait par le prédécesseur de Mimi Touré est peu flatteur. Un revenu moyen de 1030 dollars. 178e sur 189 pays dans le classement doing business. Un indice de développement humain très faible. 50% de la population sous le seuil de la pauvreté. Une industrie pas innovante et une agriculture trop inefficace. 8% du Pib pour un secteur qui emploie entre 60 et 70% de la population. Un secteur informel important et pas suffisamment pris en compte.

Tout ceci, l’ancien Pm l’a mis sous le compte de la mal gouvernance. De ce fait, il estime que le moment est venu pour les Africains d’avoir des dirigeants intègres, acceptant le don de soi, respectant l’esprit et la lettre de la loi et qui savent défendre les entreprises à l’intérieur des frontières…

BABACAR WILLANE