650 millions d’Africains n’y ont pas accès
L’organisation Eau et assainissement pour l’Afrique (EAA) veut capter les financements du secteur privé pour gagner la bataille dans ce secteur. Le forum AfricaSan qui a pris fin hier avait d’ailleurs comme thème : ‘‘Construire l’implication du secteur privé ’’.
En matière d’assainissement, c’est encore la stagnation. Alors que la couverture était de 40% en 1992 au Sénégal, elle est passée à 42% présentement. Une tendance proche de la situation au niveau continental où 650 millions d’africains n’ont pas accès à l’assainissement et 320 n’ont pas accès à l’eau potable. Les chiffres de l’EAA sont alarmants quant aux services hygiéniques de base. ‘‘Il y a des localités rurales où il y a 0% d’accès, donc le taux d’accès de nos pays est très faible. En matière d’assainissement, les OMD n’ont pas atteint leurs objectifs. C’est pourquoi nous avons décidé de baliser la voie pour l’arrivée des privés’’, a déclaré l’administrateur provisoire de l’organisation, l’Ivoirien Théophile Gnagne. ‘‘On peut attirer les privés pour nous permettre d’avoir un accès à leurs financements. On va construire, assurer et rassurer le secteur privé dans l’assainissement. Il y a tout un business derrière’’, a-t-il ajouté.
A l’occasion de la rencontre de la structure à Dakar, les représentants de 32 pays africains se sont penchés sur la problématique de l’assainissement. Dans l’immédiat, l’objectif de la structure est de trouver une échelle convenable de rentabilité ; sécuriser les investissements des privés locaux par la création d’un environnement favorable à travers les cadres institutionnels ; assurer une intermédiation sociale, et proposer une alternative crédible pour l’accès universel des populations aux services sociaux de base. L’inclusion de cette innovation financière n’est pas acquise pour autant. Le dirigeant de cette institution spécialisée dans des questions d’Hygiène, d’assainissement et d’eau potable (HAEP) estime qu’il faut porter des changements de fond pour aller de l’avant. ‘‘Des progrès restent à faire pour l’assainissement. Si nous restons dans le même schéma, on sera au même stade dans 30 ans’’, avertit-il.
Même si des solutions palliatives existent, comme la compensation industrielle, le chef de cabinet du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement trouve que ce secteur a été l’un des parents pauvres de l’investissement privé en Afrique. ‘‘La preuve est qu’il a été oublié initialement dans les objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Il a été intégré, après deux ans’’, renseigne Djiby Sy. L’idée est qu’on doit pouvoir le rentabiliser comme les autres secteurs et dans ce sens, les gouvernements africains font de plus en plus appel au secteur privé et aux partenaires en mettant des politiques de demande pour faire venir les investisseurs, se réjouit-il.
Mais pour lui, le Sénégal va procéder graduellement, en attendant l’effectivité du financement privé. Ainsi, les microcrédits, la taxe sanitaire, la combinaison des secteurs privé et public aux institutions financières internationales vont contribuer à mettre le pays sur les rampes de l’émergence ‘‘car l’assainissement fait partie de notre programme de développement économique’’, poursuit Djiby Sy.
Ousmane Laye Diop