‘’Le terrorisme n’a rien d’islamique’’
Au Sénégal dans le cadre du festival Africa fête, la grande chanteuse malienne Oumou Sangaré s’est confiée à EnQuête. Dans cet entretien express, elle évoque ses relations avec le défunt Mamadou Konté, initiateur de ce festival, et nous livre son sentiment sur le terrorisme.
Qu’est-ce que cela vous fait de participer pour la première fois à Africa fête ?
Je suis très contente et très heureuse d’être là. C’est vrai que j’ai un planning très chargé mais quand on m’a parlé de ce grand homme qu’était Mamadou Konté, initiateur de ce festival, je me suis très vite libérée. Tout ce que Mamadou Konté voulait faire est en train d’être perpétué aujourd’hui. Il voulait que la musique africaine, plus précisément Africa fête, continue. J’ai connu Mamadou Konté il y a très longtemps. J’étais encore très jeune. Notre dernier rencontre, c’était au Canada. Il y avait un grand festival de musique française là-bas et nous étions tous les deux membres du jury, même si j’étais jeune à l’époque. Donc, on a beaucoup sympathisé là-bas et c’était notre dernière rencontre.
C’est pour dire qu’on a perdu un membre clé de la musique africaine. Aujourd’hui, je peux dire que ce sont les Blancs qui ont eu plus confiance en lui que nous. Il a beaucoup marqué son temps. Il était l’un des tout premiers managers de Salif Keita. C’est lui qui me l’a dit. Et il a fait beaucoup de choses pour la musique africaine et pour Salif. C’était un homme hyper intelligent. Il avait une toute autre vision de l’Afrique et voulait développer le continent à sa manière en passant par la musique mais aussi, il a beaucoup travaillé pour l’évolution de la musique au niveau de l’Europe. Chapeau à lui vraiment. Je souhaite qu’il repose en paix. L’Afrique est fière de lui. Donc, c’est un réel plaisir de venir pour rendre hommage à Mamadou qui est un digne enfant de ce pays.
Vous allez vous produire hors de Dakar, plus précisément à Saint-Louis. Que réservez-vous au public qui viendra vous voir jouer en live ?
Je réserve au public saint-louisien un grand show que je montre hors de l’Afrique. Je suis là avec tout le groupe au grand complet. Le spectacle sera beau Incha Allah.
Pourquoi avoir opté de faire un seul concert sachant que vous avez beaucoup de fans au Sénégal ?
Ce n’est pas un choix de ma part. Il se trouve que le programme est chargé. Mais ne vous inquiétez pas, Dakar, c’est chez moi et je vais bientôt revenir. Je suis là pour tous les promoteurs. Pour le concert, je vais bien le faire et je suis convaincue que des fans vont quitter Dakar pour venir à Saint-Louis voir le spectacle que je leur réserve. Sinon après le Sénégal, je dois aller au Gabon. Vous voyez ! Mon planning est extrêmement chargé.
Vous vous définissez comme une défenseuse de la cause des femmes, pouvez-vous nous expliquer ce qui a motivé votre engagement dans la lutte contre l’excision ?
Le combat continue jusqu’à présent et on ne va pas s’arrêter. Il faut dire que l’excision ne fait pas trop partie de mon combat mais on peut dire aussi que cela y est parce que tout ce qui concerne la souffrance de la femme m’intéresse. Moi personnellement, je suis excisée mais ce qui sûr, c’est que nos grands-parents continuent de la pratiquer. Mais on essaie de les sensibiliser sur la question en attirant leur attention sur les dangers. On ne veut pas les heurter dans la sensibilisation parce que notre éducation ne nous le permet pas. Certes je fais partie des personnalités qui combattent cette pratique, mais on ne m’entend pas souvent en parler parce que c’est un sujet vraiment sensible. S’il s’agissait du mariage précoce, on allait m’entendre davantage car c’est un sujet dont on peut débattre entre jeunes.
Comment avez-vous vécu les récents attentats terroristes survenus à Bamako ?
Le Mali n’est pas le seul pays victime d’actes terroristes. D’autres pays sont victimes de ce fléau. Le terrorisme, c’est quelque chose de mondial maintenant. Nous les femmes, nous souffrons dans cette histoire. Les enfants qui portent les bombes, ce sont nos enfants. Donc, c’est quelque chose qui est à bannir. Les gens qui tolèrent cela pensent que c’est la religion musulmane. Alors que ces actes n’ont rien d’islamique.
AÏDA KÂNE (STAGIAIRE)