La part belle allouée à la consommation
Les migrants sénégalais envoient beaucoup d’argent à leurs familles. Chaque année, c’est plus de 936 milliards de F CFA qui sont envoyés. Mais l’essentiel de cette manne financière (86%) est allouée à la consommation.
936 milliards de F CFA. C’est le montant total des transferts de fonds des migrants sénégalais éparpillés partout à travers le monde. Ces chiffres datent de 2011 et émanent d’une enquête réalisée au niveau national. Une étude exhaustive sur la question donne des informations plus détaillées. Ces envois représentent plus de 7 fois les investissements directs étrangers (IDE) reçus dans notre pays. Cependant, 86% de cette manne financière sont allouées aux dépenses de consommation. Et seulement 14,4% sont réservés à l’investissement.
Cela montre qu’il manque une réelle politique pour les migrants. Pour la directrice de la Monnaie et du Crédit qui a présidé hier l’atelier de restitution de l’étude, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour une politique ‘’d’orientation des migrants vers des investissements porteurs’’ mais aussi ‘’d’épargne adéquate qui permettrait de recycler l’argent dans le circuit économique’’. En effet, l’enquête note un niveau de bancarisation très faible des bénéficiaires de ces transferts. Sur un échantillon de 3 400 ménages, 31,2% possèdent un compte bancaire. Toujours est-il que, selon les résultats de l’étude, tous les membres de la famille des émigrés bénéficient des envois. Mais une part importante revient aux parents (le père et la mère) qui bénéficient de 28,6% de chaque montant envoyé, les frères et sœurs 17,8% et les épouses ou époux 11,6%.
Cet argent, bien qu’important, ne passe pas que par le circuit formel. 19,2% des fonds empruntent la voie de l’informel et 80,8% par le formel. L’argent qui transite par le canal formel est envoyé par les services de transfert d’argent alors que le reste est fait ‘’via des agents individuels, des amis ou des parents’’. Si les migrants font recours à cette solution moins rassurante, c’est parce que, note l’étude, les envois leur coûtent cher.
Diourbel, première bénéficiaire
Sur un autre registre, l’enquête a fait le classement des régions qui bénéficient le plus de ces envois. Même si la région de Louga est considérée comme celle qui a le plus de migrants à l’étranger, elle n’est pas pourtant la plus grande bénéficiaire de ces fonds envoyés. Ce sont les régions de Diourbel 17%, Dakar 16% et Kaolack 15% qui occupent le peloton de tête. Alors que les régions de Ziguinchor, de Tambacounda et de Fatick en bénéficient le moins avec respectivement 4%, et 3%. Mais d’après le consultant, cette tendance s’explique par le fait que beaucoup de familles de migrants dans les régions de Louga se sont aujourd’hui installées à Dakar ou à Touba. Pour les migrants issus du milieu rural, leurs familles bénéficient de 40,9% du total des envois.
En outre, beaucoup de participants à cet atelier de partage de l’étude présidée par la directrice de la Monnaie et du Crédit, Mme Oulimata Diop, souhaitent qu’une autre étude soit réalisée sur les transferts de fonds des migrants car entre 2011 et maintenant, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. L’Europe qui avait le plus d’émigrés sénégalais traverse une crise. Cela fait qu’il n’y a plus une régularité des envois par rapport aux années précédentes.
ALIOU NGAMBY NDIAYE