L’Afrique à l’heure du business halal
Le business halal se développe partout dans le monde, notamment dans le continent asiatique. L’Afrique, qui reste à la traîne face à l’engouement autour de ce nouveau concept, se résout à tirer profits des opportunités qu’il offre. Dans ce sens, des experts du monde arabe se réunissent depuis hier à Dakar, dans le cadre du forum africain du business halal.
Le Business halal est un concept qui s’impose dans le monde. Le Forum africain sur le business halal qui s’est ouvert hier, à Dakar, entre dans cette logique de mieux faire la promotion de cette nouvelle forme de business. Il a réuni beaucoup d’experts du monde musulman. L’objectif est d’inciter les pays africains à mieux tirer profit du halal. Selon le Professeur Khadiyatoulah Fall, par ailleurs président du Salon international du Business musulman (SIBM), le halal a une puissance économique et financière non négligeable.
Dans le monde, on compte plus de 1,6 milliard de musulmans, ce qui représente 28% de la population mondiale. Toute cette population s’intéresse à des produits recommandés par la Charia, alors que la production halal actuelle ne représente que 16%. Le président du SIBM dégage par là une piste que les pays africains doivent investir pour créer plus d’emplois et lutter efficacement contre la pauvreté, car la demande reste largement supérieure à l’offre.
Dans cet ordre d’idées, le Premier ministre, qui a présidé hier la cérémonie d’ouverture de ce premier forum africain du business musulman, invite les Petites et moyennes entreprises (Pme) à faire du business halal. Selon le professeur Fall, ‘’le succès du business halal passera nécessairement par les Pme-Pmi’’. Mais ce dernier se demande si l’évolution actuelle de nos économies œuvre pour une éclosion du business halal ; s’il y a une volonté de nos États de promouvoir le business halal. Autant de questions dont il attend des réponses.
Une croissance rapide du marché halal
Si l’Afrique du Sud a réussi à installer un gisement important de croissance et de création d’emplois grâce au halal, pourquoi les pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) ne pourront pas le faire, déclare le Premier ministre sénégalais. Mahammed Boun Abdallah Dionne pense que c’est bien possible que nos Pme, à l’instar des Pme sud-africaines, puissent réussir dans le business ‘’halal’’.
Le marché du ‘’halal’’ est aujourd’hui mondial, avec une croissance rapide, informe le ministre délégué auprès du ministre de l’Industrie, du Commerce de l’Investissement et de l’Économie numérique du Maroc. Mohamed Abdou ajoute que l’accroissement de ce marché est à deux chiffres, avec une moyenne annuelle de 12%, depuis 2004. Même la population du monde musulman, dit-il, a une croissance annuelle de 2,5%. Ce qui fait qu’il y a un potentiel derrière le ‘’halal’’. Au-delà des produits alimentaires, d’autres biens de services et de consommation sont concernés par le business halal. Il s’agit entre autres, ajoute le ministre marocain, du tourisme, du cosmétique, des produits pharmaceutiques ou du secteur de la finance islamique. ‘’Le business du halal doit logiquement intéresser les pays africains’’, souligne M. Abdou.
Le professeur Khadiyatoulah Fall constate lui que l’Afrique est à la traîne en ce qui concerne le business halal. Il rappelle toutefois que l’idée de porter la production du halal sur le marché international vient de l’Occident. Après, l’Asie s’est intéressée à la question, en organisant le premier salon halal dans le monde musulman, en 2006. Par contre, pour accélérer l’expansion du business halal en Afrique, le Premier ministre conseille les États à lever un certain nombre de contraintes dont ‘’les barrières non tarifaires’’.
C’est quoi le halal ? C’est quoi le halal ? Cette question, beaucoup de personnes se la pose. D’après le professeur Khadiyatoulah Fall, ‘’le halal est un concept religieux qui renvoie à ce qui est permis pour le musulman dans sa consommation et au sens le plus large dans son style de vie’’. ‘’Il s’agit de réfléchir sur la manière de tisser une relation gagnante entre le halal et le monde des affaires, entre la production du halal et la production de la richesse. Donc, entre l’argent et le gain de l’argent, entre le halal et le gain de l’argent, afin de répondre à une demande éthique de l’islam pour contribuer à la création de l’emploi et à la réduction de la pauvreté’’, explique-t-il. Dans le communiqué du ministère du Commerce, le halal est défini comme ce qui est ‘’permis, licite’’ et désigne ce qui n’est pas interdit par la Charia, la loi islamique, dans le domaine de la nourriture et des modes de vie. |
ALIOU NGAMBY NDIAYE