Publié le 20 Jul 2016 - 00:28
RETRAIT DES ENFANTS DE LA RUE

Le centre-ville de Ziguinchor se débarrasse de ses ‘’bouts de bois de Dieu’’ 

 

Même si des ‘’poches de résistance’’  sont visibles dans les quartiers à la périphérie de la capitale méridionale du pays, au centre-ville de Ziguinchor par contre, le retrait des enfants de la rue est devenu une réalité saluée par la plupart des populations.

 

Il est presque dix (10) heures dans la capitale méridionale du pays. Les nombreux nuages qui, très tôt hier matin se sont amoncelés dans le ciel de Ziguinchor, se dissipent peu à peu cédant la place à de timides rayons de soleil. Debout dans un coin de la rue Javelier (quartier Escale), une dame, la mine anxieuse, scrute le mouvement d’enfants de la rue. Las d’attendre, elle demande à un commerçant s’il n’a pas aperçu  de ‘’talibé’’. Ce dernier lui répond non. Son sachet à la main (contenant certainement de l’aumône à donner) elle se retire des lieux. 

Trouver par ces temps qui courent des enfants de la rue au centre-ville de Ziguinchor relève d’un véritable parcours du combattant.  La mesure y semble effective. ‘’Je ne vois pas mes enfants. Ils me rendaient visite chaque matin, dans mon bureau. Où sont-ils ?’’ se demande cette dame retrouvée dans une agence de voyage. Il faut souligner que la région de Ziguinchor, notamment les départements de Bignona et de Ziguinchor, n’a pas connu jadis les ‘’enfants de la rue’’.  Ce phénomène est apparu au début des années 80. Période qui coïncide avec les débuts de la crise en Casamance. Pour la plupart, ils viennent des quartiers périphériques, comme des ‘’abeilles’’  qui viennent essaimer la capitale méridionale du  pays.

Aujourd’hui, on ne les retrouve plus au centre-ville. ‘’C’est une très bonne chose. Ce retrait des enfants de la rue permet de mettre fin à une malhonnêteté organisée et de promouvoir une autre image de l’islam  mais également, de refaire l’image du pays. Cette décision met aussi fin à ce système qui « autorise » à certains de se rendre dans certains pays limitrophes pour y chercher des enfants. Les gens ont dévié de l’originalité et du sens jadis accordés à la pratique du « talibé » pour verser dans un système parfois mafieux, qui met en péril  la vie de centaines d’enfants et les expose à toute sorte de pratiques‘’ regrette Modou Diouf, le coordonnateur de l’Office de Tourisme de Casamance. Cet ancien pensionnaire des Daara indique qu’il arrive que des touristes l’interpellent sur la situation de ces enfants. Questions du genre : comment une société peut accepter que des enfants soient livrés à eux-mêmes ? Interpellations,  dit-il, à laquelle il trouve de la peine à répondre.

Si ‘’ces bouts de bois de Dieu’’  ont déguerpi du centre-ville, le phénomène, par contre, persiste au niveau des quartiers périphériques ou leur vie quotidienne est souvent rythmée par  des travaux domestiques parfois pénibles, révèle ce musicien d’un groupe de la place. ‘’Ils s’aventurent, par moments, jusque dans certains quartiers proches du centre-ville’’, ajoute cette dame qui a requis l’anonymat. A en croire ce professeur d’arabe qui, du reste a salué la décision, il faut que l’Etat mette en place des mesures d’accompagnement. ‘’La responsabilité doit être partagée’’,  dit-il. Selon lui, il faut faire bénéficier aux ‘’Daara’’  les 40% du budget  consacrés à l’Education nationale.  

HUBERT  (ZIGUINCHOR)

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