Mansour Faye et l'APR haussent le ton

Le siège de l’Alliance pour la République (APR) a de nouveau été le théâtre de la dénonciation d'une interdiction de sortie du territoire national. Cette fois-ci, il s'agissait d'assurer la défense de Mansour Faye, qui a été invité, depuis lundi, à ne pas quitter le pays par “l'autorité supérieure”.
Comme l’on pouvait s'y attendre et comme l'avait fait le ministre Abdoulaye Seydou Sow avant lui, Mansour Faye n'a pas tardé à commenter son “interdiction de sortie du territoire”. Le maire de Saint-Louis, depuis le pupitre, a laissé son camarade de parti, Samba Ndong, revenir sur les faits. “L’ancien ministre se rendait à l'aéroport international Blaise Diagne pour prendre un vol à destination de Djeddah via Paris, dans le cadre de l’accomplissement de la ‘Oumra’ (petit pèlerinage) à La Mecque. Il prévoyait également de rendre visite à sa mère sur place”, a introduit le porte-parole du jour.
Il a poursuivi : “Mais un agent de la police de l’air lui a signifié une interdiction de voyage, sur ordre de l'autorité supérieure.”
Dès lors, pour Samba Ndong, il n'y a pas de doute : cette attitude constitue une “violation flagrante des droits” de Mansour Faye en tant que “citoyen libre” jouissant de “droits garantis par la Constitution sénégalaise”.
Dans sa communication, M. Ndong n'omet pas de souligner que cette affaire n’est pas un cas isolé, “mais s’inscrit dans une série de dérives autoritaires”. Illustrant ses propos, le militant ‘’apériste’’ renchérit : “Plusieurs personnalités, dont d’anciens ministres et des hommes d’affaires supposés proches de l’ancien pouvoir, ont déjà subi des restrictions illégales similaires. Or, à ce jour, Mansour Faye ne fait l’objet d’aucune enquête, accusation ou procédure judiciaire. En droit, rien ne justifie une telle interdiction.”
Toujours à ce propos, l'APR fustige “avec vigueur cet abus de pouvoir et cette atteinte aux principes démocratiques qui fondent l’État de droit au Sénégal”. Accusant le pouvoir de Diomaye de “vouloir gouverner par la peur, en réprimant les libertés démocratiques et les mobilisations sociales”, le parti du président Macky Sall appelle les “organisations de la société civile, les partis politiques et l’opinion publique, tant nationale qu’internationale” à se mobiliser contre cette dérive autoritaire qui s’installe au Sénégal.
Pour l’APR, cette énième attaque contre l'un des leurs n'a pour soubassement que la politique politicienne, comme semblent en témoigner les derniers actes posés par le pouvoir en place. “Ce type de répression n’est pas inédit : il s’est déjà manifesté par l’emprisonnement injuste de Farba Ngom et Tahirou Sarr, à qui l’Alliance renouvelle son soutien indéfectible”.
Aux yeux de Samba Ndong, le vrai bourreau de Mansour Faye se trouve à la primature. “Le Premier ministre, qui concentre tous les pouvoirs, pourrait se sentir ‘offensé’ par les prises de position de Mansour Faye, lequel n’hésite pas à pointer les dangers qui guettent le pays sous ce régime. En agissant ainsi, le pouvoir recourt à la force pour régler ses comptes, au mépris du droit”.
Enfin, la voix ‘’apériste’’ de ce jour a sollicité l'intervention des ministres de l’Intérieur et de la Justice pour lever purement et simplement cette “interdiction illégale”.
Rien d'illégal, selon Mimi Touré Un peu plus tôt ce mardi, Aminata Touré avait pris le contre-pied de ses anciens camarades de parti sur cette affaire. Selon l'ancienne ministre de la Justice, l’article 33 du Code de procédure pénale stipule clairement que si une enquête est ouverte, “le procureur procède ou fait procéder à tous les actes utiles à la recherche et à la poursuite des infractions à la loi pénale”. D'un ton un peu plus ironique, Mme Touré déclare : “Si les auteurs de carnages financiers de nos deniers publics se font la malle (Yolékou), le procureur poursuivrait qui alors ? Dans le cadre de ses enquêtes, le procureur est tout à fait en droit d’exiger le maintien sur le sol du Sénégal de toute personne d’intérêt.” Enfin, en évoquant la gestion des fonds Covid-19, elle estime que les auteurs du “carnage financier” supposé doivent répondre de leurs actes. “Pour rappel, le Rapport explosif de la Cour des comptes du 22 août 2022 sur la gestion des fonds Covid-19 a été transmis au procureur par… Macky Sall lui-même, et les auteurs des détournements, pendant que nos concitoyens tombaient malades et que certains mourraient, doivent répondre de leurs faits !” |
Mamadou Diop