Ibrahima Thiam plaide la légitime défense

Le procès d’Ibrahima Thiam, un tailleur de 26 ans, accusé d’homicide volontaire sur Baye Serigne Djigane a été mis en délibéré, hier. Le tribunal rendra sa décision le 15 avril prochain.
Les faits remontent à une nuit de 2019, aux Parcelles-Assainies. Ce soir-là, une violente altercation éclate entre Baye Serigne Djigane et un certain Fall Ndiaga, en présence d’Ibrahima Thiam. Ce dernier affirme avoir voulu s’interposer pour calmer la situation. D’après sa version, la victime était armée d’un pilon et d’un tournevis, et l’aurait agressé parce que, selon lui, il l’a accusé de vol. Se sentant menacé, il dit avoir saisi un bâton pour se défendre. Mais ce récit ne convainc pas tout le monde.
Fall Ndiaga, témoin de la scène, a livré une tout autre version à l’enquête. Il a affirmé que l’accusé, loin de se défendre, a porté un coup fatal avant de laisser la victime agoniser sur place. Ce sont des vigiles du quartier qui l’ont évacuée, mais il était déjà trop tard : Baye Serigne Djigane a succombé à ses blessures. Et selon les premières constatations, aucun pilon ni tournevis n’a été retrouvé sur les lieux du crime. Pis, les blessures constatées sur le corps de la victime ne correspondent pas aux coups d’un bâton, mais à ceux d’une corne, un détail troublant que l’accusé n’a jamais évoqué.
Pour le médecin légiste, un autre point est sans équivoque : aucun corps étranger n’a été découvert dans la plaie, ce qui remet directement en cause la version d’Ibrahima Thiam.
Face à ces éléments accablants, le procureur a rejeté sans détour l’argument de la légitime défense et a requis une condamnation pour homicide volontaire. ‘’Cette affaire m’inspire un excès de zèle. Et un excès de zèle devient de la folie’’, a-t-il lancé, dénonçant une tentative maladroite de l’accusé de justifier l’irréparable.
Selon lui, tout est parti d’une simple accusation de vol sans preuve, qui a dégénéré en drame. ‘’Il essaie de faire croire qu’il a été provoqué, mais les faits parlent d’eux-mêmes : il a agi avec l’intention de nuire’’. De son côté, l’avocat d’Ibrahima Thiam a sollicité la clémence du tribunal. Il a insisté sur la jeunesse de son client âgé de 20 ans au moment des faits et son casier judiciaire vierge. ‘’Il s’est retrouvé pris dans une situation qui lui a échappé. Ce n’est pas un criminel endurci. Il mérite une seconde chance’’, a-t-il plaidé, soulignant que son client n’avait jamais eu l’intention de tuer.
Dans la salle d’audience, l’émotion était palpable, lorsque Papa Saliou Djigane, le père de la victime, a pris la parole. ‘’Mon fils était un homme pacifique. Ce que j’entends ici est en totale en contradiction avec ce que je sais de lui. Je ne demande pas de compensation financière. Je veux juste que justice soit faite’’.
À l’issue des débats, le tribunal a décidé de mettre l’affaire en délibéré. Le 15 avril 2025, Ibrahima Thiam sera édifié sur son sort.
MAGUETTE NDAO