Le musée des civilisations noires doit être dynamique
Hier s’est tenue la cérémonie de clôture de la conférence internationale de préfiguration du musée des civilisations noires à Dakar. Un rapport général a été présenté résumant les différents sujets de débat et recommandations des divers participants. Il en ressort que le musée des civilisations noires doit être un musée dynamique qui ne s’enferme pas dans un thème.
‘’Le musée des civilisations noires devra être dynamique, en représentant les valeurs africaines et celles de notre civilisation orale de manière dynamique et évolutive ; inclusive en reflétant la multiplicité des voies et des perspectives ; audacieuse en poussant les frontières de la recherche’’. ‘’Le musée des civilisations noires doit être un espace de recherches, de collecte, de documentation, de valorisation du patrimoine culturel matériel, immatériel des peuples africains et de leurs diasporas, quelles que soient leurs localisations géographiques, la nécessité d’inclure le patrimoine historique, archéologique, anthologique dans les expositions en faisant remonter les origines de notre civilisation aussi loin que l’homo sapiens’’. Ce sont, entre autres, les conclusions de la conférence de préfiguration du musée des civilisations noires. Après deux jours de réflexions, les différents chercheurs invités ont partagé les conclusions des divers ateliers qui se sont tenus hier au King Fahd Palace.
En effet, le Pr Samuel Sidibé, présentant la note conceptuelle de l’un des ateliers, a relevé ‘’les difficultés liées à l’inversion du processus, le bâtiment étant construit avant que le projet scientifique ne soit élaboré’’. N’empêche, les chercheurs ont pu avancer dans leurs travaux. D’autant plus qu’une esquisse a été faite à l’ouverture. Il était dit que la mission du musée est de conserver, de documenter, d’enrichir et de mettre en valeur les patrimoines culturels, ethnologiques et scientifiques des civilisations noires. Par conséquent, il doit ‘’se positionner comme un espace d’affirmation et de reconnaissance de l’apport de ces civilisations au patrimoine universel de l’humanité’’, selon le rapporteur général, l’économiste et écrivain Felwine Sarr. A cet effet, ‘’le musée ne devrait pas s’enfermer dans une thématique’’, suggèrent les participants de l’atelier dénommé ‘’institution muséale’’ dont la note conceptuelle a été présentée par le Pr Samuel Sidibé. Ainsi, comme le dit souvent le directeur du musée des civilisations noires, Hamady Bocoum, il ne doit pas être un musée noir, ethnographique ou linguistique.
Pour rompre avec les traditions muséales existantes et avoir une tradition unique, il devra élaborer ‘’son propre modèle avec une stratégie d’exposition temporaire’’, tout en restant ‘’un support de narration de l’histoire des Africains et de leurs diasporas dans leur unité et leur diversité’’. Aussi, même si, à ce jour, le musée n’a pas une collection qui lui est propre, il pourrait emprunter ici et là des objets. Il est d’ailleurs ressorti des débats que le musée d’art africain Théodore Monod pourrait bien prêter une partie de sa collection à la toute nouvelle institution culturelle.
Par ailleurs, pour rendre dynamiques et attractifs les lieux, il est proposé par les participants de l’atelier ‘’économie de la culture’’ de ‘’faire du musée un pôle de développement culturel s’ouvrant à d’autres secteurs de la culture. Le cinéma, la danse, le livre, etc. doivent y trouver leurs propres espaces d’expressions’’. Cela pourrait attirer le public. Mieux encore, il faut penser à rendre l’espace attrayant, au point d’en faire le point d’orgue des visiteurs étrangers. Les gestionnaires du musée des civilisations pourraient s’appuyer sur les nouvelles technologies.
Mais pour arriver à tout cela, l’ensemble des participants se sont accordés sur la nécessité de doter l’institution de moyens financiers conséquents. Un musée moderne exige beaucoup de moyens. Il faudrait dans ce sens que l’Etat du Sénégal dote le musée d’une enveloppe financière annuelle importante, en plus des levées de fonds de la structure, grâce au mécénat culturel ainsi que l’organisation d’activités génératrices de revenus. En sus de cela, il faut des ressources humaines de qualité.
BIGUE BOB