Publié le 27 Sep 2016 - 23:54
TROUPE MAME NDJARE YOFF

De grands-mères à petites-filles

 

Dans leur fief à Yoff, la troupe ‘’Mame Ndjaré’’ est bien connue et même au-delà. Spécialistes du ‘’ndawrabine’’, du ‘’faubine’’ et du ‘’goumbé’’, ces Lébous sont des gardiennes d’une partie de leur culture. Une mission qu’elles se passent de génération en génération.

 

Elles sont ces belles dames au teint noir et en habits traditionnels assez attrayants que vous voyez souvent lors de grandes rencontres culturelles. Elles sont des danseuses et viennent essentiellement de villages lébous comme Yoff, Ngor, Ouakam, etc. Elles esquissent des pas de danse avec classe sur des rythmes traditionnels propres aux habitants de ‘’Cap-Vert’’.  Il s’agit du ‘’Ndawrabine, du ‘’Goumbé’’ et du ‘’faubine‘’. Des rythmes conservés jalousement. ‘’Depuis 30 ans, nous sommes dans la troupe et nous nous sommes organisées. Nous avons notre particularité dans la culture sénégalaise. Je peux dire que nous n’avons pas perdu notre culture, nous la gardons jalousement’’, dit la responsable de la troupe ‘’Mame Ndjaré’’ de Yoff, Mbayang Seck qui a reçu l’équipe d’EnQuête. 

Elles et ses camarades sont incontournables dans le paysage culturel lébou. Elles sont aux premiers rangs lors des cérémonies d’intronisation de chefs coutumiers. ‘’Il suffit de prononcer le mot ‘’ndawrabine’’ pour qu’on pense aux Lébous. Et celui-ci démontre la vraie facette de notre communauté’’, renseigne Mbayang. Elle insiste sur cet aspect et affirme que cette cadence est de chez eux et que c’est depuis les ancêtres. ‘’Nous manifestons la joie à travers ce rythme. C’est significatif. Par exemple, lorsque l’on désigne un chef de la collectivité léboue dans la famille, il reste une semaine dans sa chambre. Le jour de l’intronisation, le Grand Serigne sort de sa chambre. Devant l’assistance, le griot de la famille amène un tam-tam appelé (thiol) au milieu de la cour, bat le rythme du « Ndawrabine », pour marquer l’évènement’’, confie-t-elle. 

C’est depuis les premiers Djarafs, Talla Diagne, Issa Mbengue, Ndiaga Ndoye à Yoff et El hadji Libasse Ndoye que les Lébous procèdent de la sorte. Plus tard, le ‘’Goumbé’’ et le ‘’Faubine’’ont suivi. Les deux mains derrière le dos et les pas posés un à un en avant, ainsi est dansé le ‘’faubine’’, selon la responsable de la troupe ’’Mame Ndjaré’’ de Yoff. 

‘’Maintenant nous assistons à du tout’’

Mbayang Seck trouve qu’elles sont bien organisées, sachant qu’elles disposent de managers comme elle qui ne dansent plus et qui coachent les amazones. Ces dernières sont presque les mêmes depuis 30 ans. Ce qui n’empêche pas l’organisation de séances de répétition dans un foyer de la place. ‘’Nous formons nos filles et petites-filles. C’est pour éviter que notre culture soit détournée par des étrangers. Seuls les Lébous sont habilités à faire ce que nous faisons’’, a-t-elle fait savoir. Poursuivant son propos, Mbayang Seck note pour le dénoncer ‘’une certaine déformation et un mauvais usage des sens du rythme actuellement’’. ‘’Nous voyons beaucoup de rythmes mal exécutés. Il y a une grande différence. Aujourd’hui, nous assistons à du tout. Nous n’y pouvons rien’’, se désole-t-elle. De même, en ce qui concerne leur accoutrement, il y a une certaine particularité. Elle dit : ‘’On ne s’habille pas n’importe comment. D’habitude, nous portons deux pagnes, deux grands boubous, des foulards sur la tête et le cou. Donc pour dire que c’est depuis les ancêtres que nous gardons soigneusement notre culture.’’

‘’Nous voulons une audience avec le chef de l’Etat Macky Sall’’

De par ce qu’elles représentent dans la culture sénégalaise, la troupe ‘’Mame Ndjaré de Yoff’‘ demande une audience au palais. ‘’A chaque fois qu’il y a une autorité qui vient dans ce pays, nous l’accueillons. Même le jour où le Président Macky Sall lançait son parti, nous étions présentes. Il ne nous a jamais reçues en audience alors que nous représentons quelque chose dans ce pays. Nous nous confrontons des fois à des difficultés pour nos déplacements et au niveau de notre organisation. Nous méritons cet échange avec le chef de l’Etat comme les autres’’, sollicite Mbayang Seck. 

AIDA DIENE 

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