La Gambie au bord du gouffre
L'économie au pays de Yahya Jammeh est très mal en point. Et ce sont des voix autorisées qui le disent, aussi bien en Gambie qu'à Abuja, au Parlement de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO).
C'est d'abord, Karamba Touray, le vérificateur général et patron de la "Gambia national audit office" qui l'a fait savoir aux députés gambiens lors d'une séance d'explication tenue au siège de l'Assemblée nationale à Banjul, il y a cinq jours. Restituant les trouvailles de ses vérificateurs pour l'exercice 2012-2015, M. Touray a indiqué aux députés gambiens que l'opacité dans la gestion des finances publiques et l'indiscipline budgétaire du gouvernement vont inévitablement anéantir les chances de l'Etat gambien à obtenir des prêts auprès des créanciers potentiels.
Pour illustrer son propos, le vérificateur général de Gambie explique d'abord que "selon les engagements internationaux du gouvernement gambien, le déficit budgétaire ne devrait pas atteindre un seuil de 3% du PIB. Mais en 2012, il était supérieur à ce seuil pour atteindre 5,9% du PIB. En 2013, il est passé à 8,0% du PIB. En 2014, il était à 8.5% du PIB et en 2015, il est une nouvelle fois monté à 9.5% du PIB", soutient Karamba Touray. Poursuivant, il rappelle que la dette publique gambienne ne devrait pas être supérieure à 200% des recettes publiques générées localement. "Mais en 2012, elle les a dépassées de 495,8% et en 2013 elle a atteint le niveau vertigineux de 503%".
Les révélations inquiétantes du vérificateur général de Gambie ont été corroborées ce vendredi à Abuja par les députés gambiens, membres du Parlement de la CEDEAO. Selon le rapport pays qu'ils ont présenté sur les critères de convergence communautaire, "en fin décembre 2015, le ratio de la dette sur le PIB est passé de 103.8% en 2014 à 107% en 2015". De sorte que le seuil de 70% fixé par la CEDEAO n’a pu être atteint. Aussi, en Gambie, le financement du déficit budgétaire par la banque centrale était à 52 % en fin 2015. Ce qui est très loin de l’objectif régional des 10%.
Expliquant pourquoi les repères régionaux de 3% du PIB requis n’ont pas été atteints par leur pays, la délégation gambienne cite la faiblesse des décaissements attendus des bailleurs de fonds. Conséquence : le taux moyen d’inflation est passé de 5,7 en décembre 2014 à 6.9 % à la même période.
Le rapport présenté par les députés gambiens souligne que le pays de Jammeh traîne un arriéré de contribution à la CEDEAO de 3.2 millions d’unités de compte mais ne dispose que de 173 529 368 dalasis et devra éponger cette dette en 2017.
Mame Talla Diaw