‘‘Le chauffeur sera déféré’’
Le meurtrier présumé de la vice-présidente du Conseil économique et social (Cese) va être poursuivi pour le chef d’assassinat, d’après le procureur Serigne Bassirou Guèye.
Dans la matinée de samedi dernier, à l’heure où le Magal de Touba était célébrée, un drame se jouait à Pikine au domicile de Fatoumata Makhtar Ndiaye. Cette dernière, vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), a été ‘‘lâchement assassinée à son domicile, et son fils blessé est dans un état très sérieux’’, d’après le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, en point de presse hier dans l’après-midi au Palais de Justice de Dakar. Une rencontre pour faire le point sur l’état des procédures relatives à certains crimes qui se sont produits récemment dont celui du chauffeur de taxi Ibrahima Samb tué par balle. Si cette affaire s’achemine inéluctablement vers les chambres criminelles d’assises, puisque le tireur ‘‘est inculpé du chef d’assassinat’’, le crime crapuleux d’avant-hier va également prendre cette voie, fait savoir Serigne Bassirou Guèye.
‘‘La personne soupçonnée, en l’occurrence le chauffeur de la victime, sera présentée devant le juge et déféré pour assassinat’’, a-t-il déclaré. Faisant un rapide flashback sur le déroulé des évènements, le procureur de révéler : ‘‘Les faits ont eu lieu (samedi) vers 8 heures du matin. La déléguée du procureur de la République à Pikine s’est présentée sur les lieux en compagnie des enquêteurs. L’enquête a connu des avancées très rapides : des témoins ont été entendus, des constats et prélèvements effectués, l’arme du crime saisie. La personne soupçonnée a été entendue. Il a reconnu les faits et a indiqué le mobile de son crime’’, s’est-il félicité.
Mobile toujours flou
Quid de ce mobile justement ? Le procureur n’a pas voulu s’avancer, mais a dû concéder qu’il n’y a, a priori, pas de soubassement politique à cet assassinat. ‘‘Le dossier est à l’information. On ne peut pas entrer dans les détails, mais en l’état actuel, il semble que le mobile soit financier. Ce n’est pas politique. D’autres informations vont tomber du juge d’instruction ultérieurement et éclaireront le dossier’’, a avancé le magistrat. ‘‘Le ministère public s’emploiera à faire appliquer la loi dans toute sa rigueur dans ce cas comme dans d’autres. Il s’agit de faits d’une gravité extrême que le Code pénal punit en son article 287 de la peine des travaux forcés à perpétuité’’, a-t-il poursuivi.
Le magistrat estime que la colère des familles éplorées est compréhensible mais que la Justice a besoin de temps pour faire la lumière sur ces tueries. ‘’Nous comprenons les émotions des familles de victimes qui les poussent à demander un jugement rapide des faits. Nous leur demandons aussi de comprendre que le jugement de tels comportements criminels passe nécessairement par l’instruction que la loi rend obligatoire en la matière. Il s’agit de s’entourer des garanties permettant au juge de la chambre criminelle de comprendre les faits.’’
Peine de mort
Le maître des poursuites estime qu’avec ces affaires, c’est la perception du Sénégal, ici et à l’étranger, qui est en jeu. Aussi réitère-t-il la ‘‘ferme détermination des autorités à ne ménager aucun effort pour combattre ces comportements ignobles et garder l’image d’un Sénégal connu et reconnu comme une terre où règne la sécurité’’. Quant au débat sur la peine capitale qui refait surface à chaque événement macabre, le magistrat interpelle un autre pouvoir et relativise. ‘‘Pour la peine de mort, c’est l’Assemblée qui devrait en décider. Mais les peines appliquées au Sénégal sont suffisamment dissuasives. La délinquance n’a pas particulièrement augmenté au Sénégal. Nous sommes toujours dans la fourchette qui nous permette de dire que le Sénégal est un pays sûr où règne la sécurité’’, a-t-il défendu, avant de saluer le professionnalisme et la diligence de la Déléguée du procureur à Pikine, du commissaire central de Dakar, du commissaire de Pikine, et du chef de la Sûreté urbaine.
OUSMANE LAYE DIOP