Kya Loum vise les étoiles
Pas encore sous le feu des projecteurs, la chanteuse Kya Loum, chantre de la world music, pose doucement et sûrement les jalons d’une carrière qu’elle veut durable
Rokhaya Loum a très tôt su ce qu’elle voulait : faire de la musique. Elle a également très tôt su ce dont elle ne voulait pas : la restriction. Des études arrêtées dès la classe de Seconde, pour d’autres études à l’école des Arts, auxquelles elle a mis un terme après deux ans pour se consacrer à l’école de la vie et de la musique. ‘‘Je n’avais pas envie d’être limitée, encastrée’’, lance cette jeune fille aux longs dreadlocks bouclés en un chignon haut. Débordante d’énergie et dotée d’une voix suave, elle nous fait un petit a capella de sa toute première chanson. Celle qu’elle a entonnée à ses six ans, sa première scène grâce à des cousins rappeurs à Fass Mbao, leur évitant ainsi un navet à cause de son jeune âge.
Engagée professionnellement depuis bientôt une décennie dans le métier, elle est sortie deuxième de l’émission Talents cachés, en 2005, a gagné le concours Wapi (words and pictures) du British Council en 2009, et a glané une dernière consécration, il y a trois ans, Music explorer 2014, l’émission-phare qui dévoile les talents de la world music. Une succession de triomphes qui achèvent de lui faire prendre conscience de l’énorme potentiel qu’elle ne cesse de mettre en valeur depuis. L’horizon infranchissable n’existe pas dans son entendement. ‘‘L’objectif, c’est le ciel. On veut faire voir au monde entier qu’on peut faire ce que l’on aime, en sortant du lot. On veut lancer des messages et ramener les jeunes à leurs valeurs. Je ne chante jamais pour chanter. Même des paroles anodines doivent véhiculer un message que les gens retiendront’’, déclare celle qui a opté pour Kya Loum, comme nom de scène.
Une discographie riche de trois singles avec des noms aussi illustres que le défunt Edouard Ndiol Coumba, Henri Guillabert et Booba Kirikou, plus un album en gestation, garnissent son palmarès. Léger embonpoint, la jeune chanteuse n’en est pas vieux jeu de par ses goûts musicaux. ‘‘J’aime tout ce qui est blues, soul ou jazz’’, dont ses muses Myriam Makeba et Aretha Franklin, Salif Keita, Iso Lo, continuent de l’inspirer. Son dernier clip, ‘‘sama lamp’’ sous le label The Mind Evolution (TME) est un modèle d’abnégation pour la perfectionniste qu’elle est. Pour son prochain album, elle laisse à son projet musical le temps de la maturation, puisqu’‘‘un travail n’est jamais vraiment abouti’’.
OUSMANE LAYE DIOP