Né pour être musicien
Alioune Wade alias Alune est l’un des bassistes sénégalais établis à l’étranger les plus en vue. Avec son groupe, il a joué à la 25e édition du Festival international de jazz de Saint-Louis. Il a séduit et ébloui le public. EnQuête revient sur son parcours.
Au moment où ses camarades jouaient à ‘’Zorro’’, lui maniait guitare, piano et basse.
A 6 ans déjà, son père, qui dirigeait l’orchestre symphonique de l’Armée sénégalaise, lui donnait des cours de solfège chez lui. Alioune Wade dit Alune a donc grandi dans un environnement propice à l’éclosion et au développement de ses talents d’artiste. Avec l’âge, il a constaté être plus accroché par la basse. Aujourd’hui, avec sa guitare sèche, il fait les plus grands plateaux du monde. Le dernier en date est celui du Festival international de jazz de Saint-Louis.
Avec son groupe, il a presté vendredi dernier à la Place Faidherbe avant la vedette de la scène latino parisienne, Nancy Murillo. ‘’Pour moi, c’est un luxe d’être là. Je n’ai jamais eu la chance de prendre part à ce festival’’, a-t-il déclaré après sa prestation. Surtout que cette année, Saint-Louis jazz a reçu de grands noms du monde de la musique. ‘’C’est un luxe pour moi de prendre part à cette édition à laquelle ont participé de grands artistes comme Lokua Kanza, Marcus Miller, etc.’’, a-t-il fait savoir. Avec le dernier cité, il a déjà travaillé. Wade a apporté sa touche dans la composition de l’album ‘’afrodeezia’’, de la star du jazz. Un de ses rêves de jeune se réalisait alors. Miller était son idole.
Sideman, il est de ces musiciens qui représentent dignement le Sénégal à l’étranger. Alune Wade a joué aux côtés de Youssou Ndour, Oumou Sangaré, Bobby McFerrin, Aziz Sahmaoui.
Mais c’est ici qu’il a commencé sa carrière. Après avoir reçu les premières bases du solfège auprès de papa, il s’est bonifié en côtoyant l’ancien bassiste d’Ismaël Lô, Samba Laobé Ndiaye. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui a prêté sa première basse. Quelque temps après le départ de son mentor de l’orchestre d’Iso Lô, l’auteur de ‘’Taajaboon’’ l’invite à intégrer le groupe. Il était encore jeune, très jeune même. Il n’avait que 18 ans. C’était en 1996. Cependant, il avait les armes nécessaires pour accompagner un artiste de la carrure de l’interprète de ‘’Tàkku dënë’’.
Il passera 8 ans au sein de cette formation avant de décider de la quitter. Il n’a jamais eu, à cette époque, la chance de prendre part au Festival international de jazz de Saint-Louis. ‘’J’ai débuté ma carrière en tant que musicien au Sénégal il y a 25 ans maintenant. C’est la première fois que j’ai la chance de jouer sur la scène du Festival de jazz de Saint-Louis et avec mon propre projet. Je le fais 25 ans après. Je pense l’avoir mérité’’, a-t-il confié.
Eu égard à l’accueil que lui a accordé le public, il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’il méritait d’être sur ce plateau. ‘’Ce qui est bien avec ce festival, c’est qu’il n’y a pas que le public saint-louisien. Le public vient d’un peu partout. Les tempéraments ne sont pas pareils. Il y a un public qui est à l’écoute. On ne veut pas, nous musiciens, d’un public qui est froid mais qui est à l’écoute. Le public de Saint-Louis jazz est très à l’écoute’’, a-t-il remarqué.
‘’African Fast-food’’
Comme beaucoup de sideman, collaborer avec d’autres ne l’empêchent pas d’avoir ses propres projets musicaux. Ainsi, après la sortie de ‘’Mbolo’’ (2006), ‘’Ayo néné’’ (2011), il prépare son troisième album solo. ‘’Je travaille sur mon nouveau projet intitulé ‘’African Fast-food’’. Cela va sortir au mois d’octobre’’, a-t-il annoncé. Un produit qui devra être ‘’le reflet de la musique qu’on présente, qu’on produit sur scène. Il y a du tout dedans. On y retrouve des rythmes nigérians, sénégalais, maliens etc. Un peu de tout.
Dans les ‘’Fast-food’’ africains, toutes ces musiques sont représentées. On y écoute du ‘’ndombolo’’, du jazz, de l’afrobeat, du tout. C’est cette ambiance qui règne dans les Fast-foods africains qui m’a inspiré, qui m’a donné envie de réaliser cet album’’, a-t-il expliqué. Rien à avoir donc avec l’acception américaine. ‘’Peut-être que quand on parle de ‘’fast-food’’ américain, on parle de mal bouffe. Mais en Afrique, ce n’est pas le cas. On y trouve du poulet grillé, du poulet ‘’bicyclette’’, du ‘’thieb’’, etc. Moi, je fais plus référence à l’ambiance qui règne dans ces lieux qu’à ce qu’on y sert’’, précise Alune Wade.
BIGUE BOB