Digne héritier de Banna Cissokho,
Diabel Cissokho, issu d’une grande famille de musiciens griots, possède un riche héritage musical de la famille Cissokho. Une carrière musicale qui a démarré naturellement à l’âge de 9 ans dans le groupe familial où il jouait différents instruments traditionnels. Installé en Angleterre depuis quelques années, il y menait une carrière solo avant de décider de rentrer au bercail pour faire la promotion de sa musique. EnQuête revient sur son parcours.
On ne naît pas mauvais, on le devient. Parce que si on se réfère au déterminisme de Darwin, c’est la nature qui détermine l’homme. On peut ainsi dire que c’est la société qui pervertit l’homme. Par contre, au Sénégal, on ne devient pas griot, mais on l’est de naissance. Ce n’est pas la famille Cissokho qui dira le contraire. De caste griotte, cette famille s’estime fière et exprime son souhait de perpétuer sa tradition. Diabel Cissokho, fils d’Ibrahima, en est un exemple. Il est né d’une grande famille griotte où père, mère et grands parents font de la musique traditionnelle. Parmi eux, Bana Cissokho, ancien pensionnaire de l’ensemble lyrique traditionnel. Quoi de mieux alors pour Diabel que de suivre les traces de ses aïeux ?
Le talent et l’affinité particulière qu’il a développés avec la kora se sont manifestés, dès qu’il a commencé à en jouer à l’âge de 9 ans. Et va intégrer l’orchestre Cissokho, à 16 ans. Ayant beaucoup évolué dans cet art qui l’a vu naître, Diabel collaborera par la suite avec de grands monuments de la musique du Sénégal et d’Afrique tels que Youssou Ndour, Cheikh Lô, Baaba Maal, Omar Pène, Manu Dibango etc. Ainsi, le jeune Cissokho se fait-il un nom dans son milieu. Après ce compagnonnage, particulièrement avec Baaba Maal, aux côtés de qui Diabel a consacré 4 ans de sa carrière, en remplacement de son frère Kawding Cissokho décédé, le jeune artiste finit par tracer son propre chemin.
Il décide, depuis 2006, de faire une carrière solo avec le style afro-blues-mandingue. Un choix qui lui a ouvert les portes du monde de la musique. Juste une année après, il sort en 2007 son premier album dénommé ‘’Niayelé’’ ‘’J’ai eu à travailler avec beaucoup d’artistes, donc, j’ai voulu prendre mon destin en main en traçant mon propre chemin. Et cela m’a permis d’avoir une connexion à l’international pour faire connaître notre tradition et faire la promotion du Sénégal’’, explique le petit-fils de Sadio Cissokho.
Prendre son destin en main
Seulement, l’artiste n’est pas resté au pays de la ‘’Teranga’’. Il s’est installé en Angleterre pour faire carrière. Basé à Londres, depuis 9 ans, il veut maintenant être beaucoup plus présent au Sénégal pour faire connaître sa musique et aider les jeunes artistes. Sur ce, il a jugé nécessaire de mettre en place une maison de production internationale ‘’Koffo musique’’ pour promouvoir la musique africaine. ‘’Si j’ai pris la décision de m’installer en Angleterre, c’était juste pour un début. Parce qu’ils ont beaucoup plus besoin de nous que notre pays le Sénégal. Mais, par la suite, j’ai compris que c’était bien de retourner au pays pour m’imposer’’, confie le jeune frère de Baboulaye Cissokho.
Toutefois, l’artiste reste convaincu qu’il peut bien trouver sa place au Sénégal, du moment où les jeunes talents occupent les meilleures place, en l’occurrence Waly Seck, Pape Diouf, Momo Seck, entre autres. Mais selon lui, un succès ne doit pas seulement se limiter au Sénégal, il doit être international. ‘’Il faut que les Sénégalais sachent qu’il n’y a pas que le mbalax comme musique. Seulement certains pensent que tant que tu ne fais pas du mbalax, personne ne va t’écouter, ni te connaître. Or, tous ces musiciens de ‘’mbalax’’ cherchent à se faire connaître à l’international. En ce qui me concerne, j’ai déjà fait ma carrière internationale. J’ai fait de très grands plateaux et j’ai partagé la scène avec de grands noms de la musique’’, estime le frangin de Noumoucounda Cissokho.
Aussi, s’il ne veut plus rester en Angleterre, c’est parce qu’il estime avoir déjà rempli son devoir à l’étranger. Par conséquent, il ne peut pas rester là-bas éternellement, même si, selon lui, il travaillait avec de ‘’bons labels’’. ‘’Mais là, j’ai senti le besoin de faire pareil dans notre pays pour aider les jeunes talents à percer‘’, dit-il.
‘’Il n’y a pas que le mbalakh comme musique’’
Récemment, l’artiste a lancé son 4ème album sur le marché international dénommé ‘’Tambacounda Express’’. Un album qui fait d’ailleurs parti des dix meilleurs albums du monde de l’année 2016. Son 3ème album dénommé ‘’Kanaborisiama’’ faisait aussi partie des dix meilleurs en 2012. Ce 4ème opus est un album où se dessine un mélange éclectique des cultures de sa région natale Tambacounda. En 15 titres, il dévoile des faits de société. Dans sa musique, Diabel aime développer les thèmes de l’actualité, de la paix, des messages rassembleurs.
En outre, cet opus est une collection de chansons aux rythmes afro, avec paroles et mélodies d’une belle variété avec de solides racines dans le blues, mélangées aux mélodies traditionnelles mandingues de ses ancêtres griots.
HABIBATOU WAGNE