La société civile fait flop
Les forces issues de la société civile, qui se sont présentées comme une alternative ‘’crédible’’, n’ont obtenu que des miettes, largement devancées par les coalitions politiques au scrutin de ce 30 juillet dernier. Elles promettaient une ‘’rupture radicale’’ à l’Assemblée nationale pour la prochaine législature. Qu’elles observeront de loin.
Au moment de porter leur choix sur une liste électorale parmi les 47 en lice, lors de ce scrutin du 30 juillet, les électeurs n’ont eu aucun regard pour celles de la société civile. Ainsi, les Sénégalais restent accrocher aux forces politiques qui font pourtant l’objet de sévères critiques, dans le cadre de leurs pratiques, par ce même peuple. Donc, les électeurs ont massivement voté en faveur des coalitions Benno Bokk Yaakaar (BBY), Manko Taxawu Senegaal (MTS) et la coalition Gagnante Wattu Senegaal. Mais aussi du Parti pour l’Unité et du Rassemblement (PUR) et la coalition Ndawi Askan Wi dirigée par Ousmane Sonko ; laissant totalement en rade les listes dirigées par les forces issues de la société civile.
Mamadou Sy Tounkara de ‘’Defar Senegaal’’ voulait bouter les politiciens hors du système par son slogan ‘’Dieuléfi politiciens yi’’. Il n’a pas réussi à convaincre un nombre conséquent d’électeurs. Dans le département de Dakar, selon les résultats provisoires, sa coalition a eu 2886 voix. ‘’Assemblée bi ñu bëgg’’ dirigée par Mohamed Sall a, quant à elle, enregistré 293 voix. La coalition "Naatal Senegaal Ak Ali Haïdar" (FEDES), ancien ministre de l’Environnement, a obtenu 929 suffrages. Des misères face aux scores des grandes coalitions. Benno bokk yaakaar caracole avec 114 603 voix ; Manko Taxawu Senegaal suit avec 111 849 voix ; là où la coalition Gagnante Wattu Senegaal obtient 53 979 voix. Dans le département de Dakar, il faut le rappeler, il y a eu 637 948 électeurs inscrits, 340 089 votants et 337 761 suffrages valablement exprimés.
Au regard de ces résultats des urnes, il est clair que les Sénégalais n’ont pas adhéré aux projets et discours des acteurs issus de la société civile. Pourtant, ils ambitionnaient d’apporter un ‘’nouveau souffle’’ à l’Hémicycle, dans le cadre de la 13ème législature. Eux, qui ont eu à traiter les députés sortants de tous les noms et proposaient des projets de loi au service des citoyens. Unanimement, il s’agissait, pour eux, de prendre en compte toutes les préoccupations de la société. A travers un discours qui, enrobé de ‘’sincérité’’, cherchait visiblement à se démarquer de ceux des politiques. Mais, ils n’ont pas pu emballer les électeurs dakarois et par ricochet de tout le pays.
Le naufrage est patent. Face aux grosses pointures de l’espace politique sénégalais, ‘’politiciens professionnels’’ comme ils aiment bien les caricaturer, ils n’ont pas fait le poids. Mais si, dans leurs discours, ils se sont positionnés comme de ‘’véritables soldats’’ de la vertu, de la bonne gouvernance, des bonnes pratiques, etc. Patron des écologistes et membre de la coalition “Natal Sénégal”, l’ancien ministre de l’Environnement a, durant sa campagne, ‘’vivement’’ mis en garde les populations sénégalaises contre un mauvais choix durant ces élections législatives.
Dépité de voir les mêmes hommes politiques diriger le Sénégal, Ali Haïdar avait largement plaidé, au moment de la quête des suffrages citoyens, pour qu’ils soient balayés de l’espace politique. ‘’Depuis les indépendances jusqu’à maintenant, les dirigeants du pays n’ont fait que dans la promesse. Des promesses auxquelles ils ne respectent pas. (…) Plus de 140 milliards de nos francs de bois quittent la forêt casamançaise, en direction de la Gambie. Et cela, les autorités ne parviennent toujours pas à le stopper’’, alertait-il à l’attention du peuple.
Le leader de la liste ‘’Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp’’ dirigée Abdourahmane Sarr n’a pas été épargné par le naufrage de la société civile à Dakar. Emettant sur la même longueur d’onde que M. Haïdar, il voulait de rompre avec les anciennes pratiques ‘’politiciennes’’. A ses yeux, le Sénégal a ‘’besoin de sang neuf’’. ‘’Le changement se fait avec des patriotes compétents et une offre claire’’, disait-il. Il faut dire que, globalement, la plupart des acteurs de la société civile qui se sont présentés à ces Législatives n’ont pas vu l’ombre des grandes coalitions politiques. C’est dire que les Sénégalais ne sont pas encore prêts à rompre avec les partis traditionnels.
PAPE NOUHA SOUANE