Publié le 11 Jul 2012 - 09:02
INTERVIEW - PAPE SAMBA MBOUP

«Macky Sall et nous sommes de la même famille politique ...»

Pape Samba Mboup, ancien chef de cabinet du président Wade

 

L'ancien chef de cabinet du président Wade, Pape Samba Mboup, n'a plus le stress de la fonction. C'est au détour d'une discussion au départ informelle que Pape Samba Mboup a accepté de parler. Avec sans doute beaucoup de langue de bois, il revient sur l'audience que le Président Macky Sall lui a accordée (voir L'As du lundi 9 juillet 2012). Par moments hésitant, comme pour éviter de trahir un secret, Pape Samba Mboup livre le contenu de son audience à la veille du déplacement du Président Macky Sall, avec toute la censure requise. L'homme de confiance du Président Wade évoque aussi de possibles retrouvailles entre le camp de Macky Sall et le Parti démocratique sénégalais (Pds) en s'adossant sur une communauté d'héritage.

 

 

Le journal L'As a écrit dans son édition d'hier que vous avez été reçu en audience par le Président Macky Sall, qu'en est-il ?

 

La presse a raison. C'est vrai que j'ai été reçu par le Président Macky Sall mais sur ma demande. Je n'ai été contacté par personne et on ne m'a pas envoyé le voir. Il m'a reçu chez lui, à Mermoz, tard le soir. J'ai trouvé un homme courtois, décontracté, affable, lucide et très attentif.

 

 

Qu'est-ce que Pape Samba Mboup, ancien chef de cabinet du Président Wade, peut bien faire avec le Président Macky Sall ?

 

Je suis allé le voir, je précise encore sur ma propre initiative parce que depuis un certain temps, l'atmosphère est très vicié au Sénégal. Les invectives viennent de partout. Le climat est si tendu que cela devient malsain. Modestement donc, j'essaie de ramener la sérénité. Je pense même que c'est cette sérénité qui arrange le Président Macky Sall. Cela fera du bien à tout le monde que la confiance, le calme et le respect mutuel reviennent. Mais ce qui se passe n'est pas bon. Le Parti démocratique sénégalais fait une conférence de presse, le pouvoir réagit. On se jette des cailloux. Je pense que cela n'est pas bon pour l'image du Sénégal qui est aujourd'hui respecté pour sa démocratie. Moi, je suis un homme de paix. Tout le monde disait avant l'élection présidentielle que le Sénégal allait basculer dans le chaos. Mais rien de tout cela. Le Président Wade a appelé le Président Macky Sall pour reconnaître sa défaite et le féliciter. Cela a fait mentir tous les oiseaux de mauvais augure.

 

 

Mais vous ne nous avez pas encore dit ce que vous vous êtes dit tous les deux ?

 

Nous avons parlé de paix. Je ne peux malheureusement pas vous livrer toute la teneur de notre discussion. En tout cas, ce que je peux vous dire, c'est que j'étais très satisfait en le quittant, parce que nous avons bien discuté. Et puis c'est pas maintenant que j'ai commencé. Quand Macky Sall était en difficulté avec le parti, j'avais initié de mon propre gré des initiatives pour essayer de dépasser les problèmes. Je faisais des va-et-vient permanents pour éviter des ruptures. Parce que je savais que ce n'était pas dans l'intérêt du parti. Maintenant, c'est trop tard de revenir sur certaines erreurs. D'ailleurs cela ne sert plus à grand-chose, il ne faut pas rouvrir les plaies quand on peut les cicatriser.

 

 

Vous ne pouvez quand même pas solliciter une audience auprès du Président sans évoquer la question les audits et la traque des biens mal acquis engagées depuis quelque temps contre les dignitaires de l'ancien régime ?

 

Sur cette question, je pense que c'est tout à fait normal qu'on fasse l'état des lieux. Par exemple, si je dois prendre en location un appartement quelconque, je dois d'abord le visiter, voir ce qui ne fonctionne pas pour le signaler, avant même de l'occuper. Je dois voir s'il y a de l'électricité, de l'eau, s'il n'y a pas de fuite dans la salle de bain etc. Il n'y a pas de problème pour cela.

 

 

Avez-vous précisément évoqué le sort que le nouveau pouvoir compte réserver à la famille de Me Abdoulaye Wade ?

 

Non.

 

 

Ah oui ?

 

Non, il n'a pas été question de cela.

 

 

Mais vous avez quand même pris les conseils du Président Wade avant de vous rendre chez Macky Sall ?

 

Non, pas avant. Mais bien sûr, à mon retour de l'audience, je lui ai rendu compte.

 

 

Et quelle a été sa réaction ?

 

Il m'a écouté et il ne m'a rien dit. Écoutez, moi ce que je veux, c'est que les gens cessent les querelles politiciennes. Et on doit intégrer le fait que Macky Sall a été choisi par le peuple. Nous devons le laisser travailler si tant est que nous aimons ce pays. Tout le monde sait que ce sont les règles de la démocratie qui lui ont permis d'arriver au pouvoir. Il ne tombe pas du ciel. Le Président Wade a gagné en 2000 et il a gouverné pendant 12 ans. Maintenant que le peuple dit autre chose, quelle que soit la surprise que cela peut créer, quels que soient les intérêts des uns et des autres, on doit maintenant le laisser gouverner. Il faut dire également que la grandeur d'un vainqueur, c'est de respecter le vaincu. Il ne faut pas essayer d'humilier les vaincus.

 

 

Vous avez quand même évoqué la politique. On parle de discussions officieuses qui existeraient entre le Parti démocratique sénégalais (Pds) et l'Alliance pour la République (Apr). Des retrouvailles sont-elles envisageables ?

 

Vous savez en politique, tout est possible. Surtout que nous sommes tous des libéraux. Macky Sall est de la même famille politique que nous. Nous avons partagé le même mentor. Nous étions sous les ordres du même homme. Donc, c'est une fierté pour Wade que Macky Sall soit président de la République parce que Macky Sall vient de l'école de Me Abdoulaye Wade. Moi, je suis instituteur de formation. Mais aujourd'hui encore, vous ne pouvez pas vous imaginer l'énorme joie qui m'envahit lorsque je rencontre dans la rue un de mes anciens élèves et qu'il me dise qu'il est cadre dans telle banque, qu'il est devenu officier dans l'Armée ou fonctionnaire. C'est pour dire que ce qui nous lie est plus important que ce qui nous divise. Macky Sall et Abdoulaye Wade ont eu un long compagnonnage politique. Et cela, c'est l'histoire, personne ne peut l'effacer. Nous avons été moulés dans la même idéologie pendant longtemps et je pense que tout est encore possible aujourd'hui.

 

 

Comment Pape Samba Mboup vit-il sa nouvelle situation de citoyen simple sans aucun poste au niveau de l'Etat ?

 

Je continue à vivre comme je vivais. Je reçois mes amis ici chez moi. Nous discutons du pays et de son avenir. Il y a des livres chez moi pour ceux qui sont intéressés par la culture. Je me sens bien comme cela. Je vis simplement, le pouvoir ne manque pas du temps parce qu'en fait je suis heureux avec ma famille et mes amis. Je suis toujours le même avant, aujourd'hui et demain. Et peut-être demain, je serai chauffeur de taxi (il éclate de rires). Pourquoi pas ?

 

Mamadou Wane

 

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