Le commerçant-escroc condamné à 3 mois ferme
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Pour avoir grugé plus de dix personnes avec des commandes de poulets, Racine Bocar Wone a répondu de ses actes hier, devant le tribunal des flagrants délits.
Se disant gérant du fast-food le Wonderfood, Racine Bocar Wone s’active également dans le commerce de poulets. Du moins, c’est ce qu’il a fait croire à ses victimes.
Tout est parti d’une publication sur Facebook du présumé escroc jugé hier au tribunal de flagrants délits de Dakar. Bocar Wone disait, dans sa publication, chercher de nouveaux fournisseurs de poulets, car ses anciens n’en avaient plus en stock, à cause de la pandémie du coronavirus. Il y a également joint ses filiations et son adresse, pour plus crédible.
L’appât ainsi lancé, Bocar a eu plusieurs retours. Des éleveurs ont pris contact avec lui et lui ont livré. Le consensus était qu’il allait placer la marchandise pour ensuite payer ses fournisseurs trois jours après. Mais, à chaque fois qu’il recevait sa commande, il en passait à nouveau sous prétexte que la demande était énorme par rapport à l’offre. Et quand vint la date d’échéance, il devenait soit injoignable, soit il envoyait des photos de tombes a ses créanciers leur faisant croire qu’il était à un enterrement. Pire, il devenait insolent et laissait entendre qu’il savait ce qu’il faisait et que même si ses victimes portaient plainte, cela ne mènerait à rien, puisque tout cela ne resterait qu’une affaire civile.
Les fournisseurs qui ont, de part et d’autre, effectué des enquêtes sur sa personne, ont appris qu’il était coutumier des faits et ont fait cause commune pour une plainte collective.
Hier, devant le tribunal des flagrants délits, Bocar a fait face à ses créanciers pour répondre du délit d’escroquerie au détriment de 13 personnes. Le préjudice est estimé à plus de 5 millions, avec des commandes allant de 40 à 400 poulets. A la barre, il a reconnu les charges, mais a tenté d’écarter la mauvaise foi. Le prévenu a essayé d’expliquer ses actes, plaidant avoir bel et bien un fast-food et qu’il plaçait parallèlement des poulets, mais qu’il n’a pas été payé. ‘’On me doit de l’argent. C’est juste la raison pour laquelle je n’ai pas encore payé mes dettes. J’avais même déposé des plaintes contre ceux qui me doivent de l’argent’’, s’est-il défendu.
D’un autre côté, plus d’une dizaine de personnes, constituant la partie civile, ont manifesté leur mécontentement. Certains ont évoqué le manque de respect dont le prévenu faisait montre. D’autres ont juste réclamé leur argent. Bocar n’a épargné personne en réalité, allant d’Elimane Ly, un colonel de l’armée sénégalaise, à Ndèye Khady Ndiaye, qui n’a plus de quoi acheter les injections pour sa mère malade.
La représentante du parquet a soulevé que le prévenu se croyait intouchable. Elle a ajouté que même le chef de quartier avait un problème pour lui remettre la convocation, tellement qu’il faisait peur a tout le monde. ’’Il escroque et insulte ses victimes. Où va-t-on ?’’, a-t-elle martelé avant de requérir une peine ferme d’un an de prison.
Par contre, la défense a plaidé qu’il n’y a pas usage de fausse qualité, ni de faux nom, puisque les poulets lui ont été remis en son nom propre et qu’il a bel et bien un fast-food. ‘’Il n’y a pas eu de manœuvre frauduleuse. C’est juste que ceux qui avaient pris les poulets n’ont pas encore payé. Sa responsabilité est engagée, il y a eu faute’’, a plaidé la robe noire. Son conseil a également présenté à la barre 720 mille francs pour rembourser deux personnes et s’est engagé, au nom de son client, à rembourser le reliquat.
Au final, Bocar Wone a été reconnu coupable et condamne a 3 mois ferme de prison.
Fama Tall