Pour de meilleurs contenus audiovisuels
Dans le but de booster l’industrie cinématographique et audiovisuelle, l’association Fotti, avec l’appui de ses partenaires, organise une résidence workshop de 15 jours. Une quinzaine de jeunes professionnels du secteur sont actuellement en résidence à Dakar.
Le marché du film commence à connaitre un essor considérable au Sénégal. Le défi actuel est d’avoir assez de contenus pour les télévisions, les chaines web, mais aussi de faire des tournages de films et de séries au niveau national et international. Compte tenu de tout cela, l’association Fotti s’est donné l’objectif d’améliorer le contenu de la réalisation des séries télévisées.
Elle a, en effet, organisé une résidence-workshop de deux semaines en scénario, production et réalisation de séries-fiction. Cette session de formation devra permettre aux participants de prendre du recul sur leurs pratiques, d’augmenter leurs compétences, de bénéficier d’un accompagnement pour leurs projets, de croiser leurs expériences et de travailler leurs réseaux professionnels.
En effet, les organisateurs ont fait appel à des formateurs expérimentés (vu leur parcours). Il s’agit du scénariste Pierre-Michel Chevigné (Belgique), du réalisateur Abdoul Aziz Cissé (Sénégal) et du scénariste, réalisateur et par ailleurs acteur Eric d’Agostino (Belgique).
Cette résidence-workshop est destinée à une quinzaine de professionnels sénégalais de l’audiovisuel et du cinéma. Les apprenants sont sélectionnés à la suite d’un appel à candidatures. ‘’Nous avions lancé un appel à candidatures avec des critères définis par des professionnels. Il a été demandé aux candidats de nous soumettre un projet de film et de mettre sur place leur CV. Par la suite, nous avons eu plus de 36 candidatures. Au début, c’était pour en sélectionner 12. Mais la qualité était telle qu’on était obligé d’en prendre un peu plus. On est passé à 16 participants’’, a expliqué le président de Fotti, Yves-François Preira, mardi, lors de la journée de lancement qui s’est tenue au lac Rose. ‘’Il y a des jeunes qui veulent s’activer dans ce secteur, mais qui n’ont pas le moyens de se former. Nous, notre rôle, c’est de mettre en place ce cadre-là. Parce que les formations que nous donnons sont entièrement gratuites’’, a-t-il ajouté. Selon lui, l’accent sera mis sur la pratique, car la ‘’formation théorique seule ne suffit pas’’.
‘’On descend sur le terrain avec tout le matériel nécessaire pour une bonne production cinématographique’’, a-t-il annoncé.
Pour sa part, le directeur de la cinématographie, Hugues Diaz, a salué ‘’la constance de l’association Fotti et Ama (Arts Management Agency) avec le soutien de nos partenaires, notamment la délégation de la Wallonie Bruxelles du Sénégal qui accompagne de telle dynamique’’. Car, d’après lui, un des pans de la politique du Sénégal, c’est ‘’la professionnalisation, la production qualitative de films de tous genres qui reflètent la diversité culturelle du pays’’.
‘’Il y a des débats mal fondés sur la qualité de nos séries’’
Malgré le succès des productions audiovisuelles sénégalaises sur le plan national comme international, les séries sénégalaises subissent de nombreuses critiques.
En effet, elles sont souvent jugées inadaptées à nos réalités culturelles et sociologiques. Certains vont jusqu’à réclamer la censure. De son côté, le directeur de la Cinématographie a rassuré les cinéastes. Il se veut clair. Selon lui, la censure n’est quasiment pas applicable. L’on devrait plutôt parler de correction. ‘’Il est libre aux gens de faire des critiques. Mais l’Etat a mis des mécanismes. Par exemple, dans le cinéma, nous avons mis la Commission de classification, d’autorisation de projection publique pour les salles de cinéma (la télé relève du CNRA)’’, dit-il. Ainsi, chaque film est étudié pour voir s’il est conforme ou pour quelle cible il doit être adapté.
Aussi, considérant qu’’’il faut faire la part des choses, vu qu’il y a tellement de débats mal fondés sur la qualité de nos séries’’, Hugues Diaz estime que le mérite revient aux jeunes personnes qui ont eu à faire l’effort de s’imposer. ‘’Il y a trois ans de cela, nos télévisions étaient envahies par des productions étrangères qui ne reflétaient pas notre identité, nos valeurs, et personne ne parlait. Alors, ces jeunes Sénégalais qui n’ont pas, pour la plupart, reçu de formation, produisent et valorisent un tant soit peu. Je pense que la meilleure critique, c’est de les amener à renforcer leurs capacités’’, lance-t-il à l’endroit de ceux qui voient les productions sénégalaises d’un mauvais œil. ‘’Nous ne sommes pas dans des polémiques qui n’avancent pas. Nous sommes dans la construction. Et je pense que les séries, vu l’engouement que les jeunes ont, les métiers que cela brasse au sein de la jeunesse sénégalaise, méritent d’être soutenues’’, a-t-il poursuivi.
BABACAR SY SEYE