Publié le 15 Dec 2020 - 15:25
MISE EN ŒUVRE DE LA ZLECAF DANS DEUX SEMAINES

‘’Le Sénégal est prêt’’

 

Ces 14 et 15 décembre 2020, se tient une concertation multi-acteurs sur la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf), organisée par le Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Enda-Cacid). Présent au lancement de cette rencontre, le directeur du Commerce extérieur a souligné que, sur le plan administratif, le Sénégal n’attend plus que l’application de cet accord.

 

‘’Oui !’’. Le Sénégal est prêt. Par cette affirmation, le directeur du Commerce extérieur a répondu à la question incluse dans la thématique de l’atelier débuté hier par Enda-Cacid : ‘’Mise en œuvre de la Zlecaf dans le contexte de la Covid-19 : Le Sénégal est-il prêt ?’’. Boubacar Mbodj : ‘’Avant même que la mise en œuvre ne soit annoncée en février 2018, nous avions bouclé le processus d’élaboration d’une stratégie nationale. Aujourd’hui, nous avons un document qui adopte tous les défis et il a été réalisé en concertation avec le secteur privé’’.

 
Venu représenter la ministre du Commerce, le directeur détaille même qu’’’il y a eu des groupes thématiques de travail portant sur la compétitivité de nos offres, sur la défense commerciale, sur la régulation des échanges. Sur chacune de ces thématiques, nous avons une idée des défis qui nous attendent et avons également élaboré un plan d’action estimé et budgétisé, pour lequel des consultations sont en train d’être menées’’.
 
Sur deux jours, le Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Enda-Cacid), en partenariat avec le ministère du Commerce et avec l’appui technique et financier d’Osiwa, tient, aux résidences Mamoune à Dakar, une concertation multi-acteurs sur la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf). Cet atelier intervient au moment où le gouvernement a décidé d’intensifier la sensibilisation vis-à-vis des acteurs concernés, vu que le pays va bientôt démarrer la mise en œuvre de cet accord continental.
 
En effet, lors de la 13e session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine tenue le 5 décembre 2020, ces derniers ont décidé du démarrage des échanges dès le 1er janvier 2020.
 
Quarante-quatre pays, à travers le continent, ont signé l’accord sur le libre-échange et 34 Etats, dont le Sénégal, l’ont ratifié. La mise en œuvre de la Zlecaf a déjà été retardée par la pandémie de coronavirus, puisque les échanges devaient démarrer en juillet 2020. Mais le travail a continué en mode virtuelle. Cela a permis aux chefs d’Etat d’annoncer le début des échanges pour le Nouvel an.
 
Mais le contexte économique, politique et social, national, régional et international dans lequel l’accord a été négocié et signé a radicalement changé. La survenue soudaine de la Covid-19 a engendré des bouleversements économiques profonds qui auront, à coup sûr, un impact sur la capacité des Etats à mettre en œuvre l’accord. La forte chute de la croissance économique et la réduction durable de l’activité économique ne seront pas sans conséquence sur les capacités du Sénégal à faire face.
 
Pour le Dr Cheikh Tidiane Dièye, Directeur exécutif d’Enda-Cacid, ‘’l’importance est que nous sommes à la veille de la mise en œuvre de l’accord. Le Sénégal a bien travaillé dans sa préparation et nous sommes rassurés par les propos du ministre. Mais ce contexte nouveau nous oblige à nous rasseoir et réévaluer ce niveau de préparation. Nous ouvrons cet espace pour que la société civile, le secteur privé et l’Etat discutent de la manière la plus libre possible. Que les défis liés au nouveau contexte puissent être mis sur la table pour rebâtir des consensus et préparer la phase de mise en œuvre qui sera cruciale’’.
 
Vers l’Afrique, la balance commerciale du Sénégal est excédentaire
 
La rencontre devrait permettre de voir si les effets et implications de la Covid-19 sur la mise en œuvre de la Zlecaf sont maitrisés et si les parties prenantes renouvellent leur engagement pour l’appropriation continue de l’accord. La Zlecaf va permettre l’ouverture d’un marché de plus d’un milliard de consommateurs aux entreprises sénégalaises. Une perspective aussi excitante que flippante. Le défi consistera à préparer le secteur privé national à la concurrence, avec l’ouverture du marché sénégalais à de nouveaux produits étrangers. Mais, en même temps, un marché de consommateurs d’une échelle continentale tend les bras aux entreprises sénégalaises. Une perspective qui n’effraie pas le directeur du Commerce extérieur, vu les performances économiques réalisées sur ce domaine.
 
‘’Vis-à-vis du marché africain, nous avons une balance commerciale excédentaire. Nous y réalisons 40 % de nos exportations. Par rapport aux pertes de recettes fiscales, elles ont été estimées à 30 milliards de francs CFA’’, s’enthousiasme Boubacar Mbodj, pour dire que l’étude d’impact de la Zlecaf a révélé que l’accord sera avantageux pour le Sénégal. D’autres études réalisées par la Banque mondiale, ajoute-t-il, ont confirmé que le Sénégal fait partie des pays qui vont largement bénéficier de cet accord. C’est pourquoi ‘’nous avons déjà transmis notre liste de concessions tarifaires, avec 90 % de nos lignes tarifaires qui devront faire l’objet d’une libéralisation sur une période de 13 ans’’.
 
Ainsi, du côté de l’Administration, tout est déjà au point pour permettre d’engager ce programme avec les meilleurs résultats.
 
Si la mise en œuvre de la Zone de libre-échange est imminente, le Dr Cheikh Tidiane Dièye rappelle qu’il est nécessaire de bâtir une stratégie globale de sensibilisation, de formation et d’information, pour s’assurer de l’implication de tous les acteurs dans la mise en œuvre de l’accord, car ‘’il ne s’agit pas d’une Zlecaf des chefs d’Etat, mais une Zlecaf des peuples. Il faut qu’on s’y prenne assez tôt pour que chaque Africain du commerce africain interfrontalier sente ce plus dans ses activités quotidiennes. Que les petites et moyennes entreprises s’y retrouvent dans leurs chiffres d’affaires, leurs capacités productives, les emplois qu’elles créent et les ristournes qui retournent vers le gouvernement sous forme de taxes’’, exhorte le directeur exécutif d’Enda-Cacid.
 
Autant son organisation a combattu les accords de partenariat économique avec l’Union européenne, autant, en ce qui concerne la Zlecaf, il s’agit d’une tout autre affaire. ‘’C’est le fruit de notre imagination, de nos aspirations et de nos rêves et nous sommes persuadés qu’il s’agit de la seule route pour que l’Afrique occupe sa place dans l’espace mondial’’, justifie le Dr Cheikh Tidiane Dièye.
 
Lamine Diouf

 

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