Les stratégies menées pour inverser la tendance
Dans la région de Kolda, le taux de prévalence du VIH est de l’ordre de 1,5 %, ce qui est supérieur à la moyenne nationale. Pour inverser cette tendance, les autorités médicales ont décidé de mettre en place des stratégies.
La région de Kolda, en raison de sa proximité avec la Guinée, la Guinée-Bissau et la Gambie, devient une zone complexe dans la lutte contre le VIH/sida. Selon le chef du district régional de Kolda, docteur Yaya Baldé, le taux de la maladie y est de l’ordre de 1,5 %, contre 0,3 % au niveau national. Il indique qu’il est urgent de développer des stratégies pour inverser la tendance. Des stratégies qui sont orientées vers les populations clés à travers la sensibilisation.
‘’Nous allons impliquer plusieurs acteurs. Nous souhaitons que les collectivités territoriales s'impliquent davantage dans le financement, surtout pour le volet sensibilisation. Une fois que les plans d'action seront élaborés, notamment avec les comités de santé et de développement sanitaire, il faudra communiquer sur le VIH. Il est également important d'accompagner les stratégies de dépistage. Ces stratégies sont soutenues par des partenaires, mais nous savons que les montants actuels ne permettent pas d'avoir une très grande couverture. Pour maximiser ce niveau de couverture, il faut mobiliser d'autres ressources, notamment celles des collectivités locales. Il est donc nécessaire d'avoir des stratégies de mobilisation’’, a soutenu le Dr Baldé hier, dans le cadre de la caravane organisée par le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) à l'attention des membres de l'Association des journalistes en santé, population et développement.
Concernant le volet nutritionnel, il fait remarquer que lorsque le patient mange bien, son immunité augmente. Si, en termes d'alimentation, il n'y a pas d'apports nutritifs adéquats, l'individu peut voir son immunité diminuer, ce qui rend difficile une remontée de celle-ci. Cela signifie que l'alimentation doit accompagner tout ce qui sera réalisé par les médicaments, car c'est cela qui va renforcer l'immunité de l'individu et l'aider à atteindre le plus rapidement possible la négativation de la charge virale.
‘’Des études ont montré que les malades qui s'alimentent correctement éliminent plus tôt la charge virale que ceux qui sont dans de mauvaises conditions alimentaires. Cela a été prouvé’’, assure le médecin. Il insiste sur le fait que les habitants soient informés sur l'utilisation des ressources disponibles pour améliorer leur alimentation, ce qui pourrait également aider à la guérison rapide des patients vivant avec le VIH.
Selon lui, il est nécessaire de dépister davantage et de renforcer la couverture sanitaire de la région ainsi que les ressources humaines.
150 à 160 enfants suivis pour le VIH à l’hôpital régional de Kolda
Le docteur Djiby Seck, pédiatre à l’hôpital régional de Kolda, a confié que le nombre d'enfants pris en charge pour le VIH est d'environ 150 à 160. La prise en charge se fait en collaboration avec le service social, car ces enfants sont régulièrement suivis en consultation. Une fois diagnostiqués, cela dépend des conditions de diagnostic. Parfois, ils sont diagnostiqués en raison de complications, comme une malnutrition aiguë. ‘’C'est le diagnostic qui les amène à l'hôpital pour la prise en charge de leurs complications. Une fois qu'ils sont stables, ils sont suivis en ambulatoire, en collaboration avec le service social. Ils sont suivis régulièrement ; certains tous les mois. Au fur et à mesure que l'enfant s'adapte bien, il peut être suivi une fois tous les trois mois. Chaque trois mois, il y a un rendez-vous. Cette fréquence dépend de l'observance thérapeutique. Quand on constate qu'il y a une bonne observance, il y a un respect des rendez-vous, on peut alors les voir tous les trois mois’’, renseigne le Dr Seck. Il souligne que la plupart des cas concernent des mères vivant avec le VIH qui ont transmis le virus à leurs enfants. Malheureusement, bien qu'ils aient leurs médicaments, certains n'arrivent pas à suivre correctement leur traitement.
Néanmoins, il indique que le taux de succès concernant la charge virale est bon. ‘’Tous nos enfants sous traitement, à l'exception de quelques-uns qui peinent encore à répondre bien au traitement. Aux alentours de 120, 130, ils ont une bonne charge virale. Pendant la grossesse, si la maman est testée positive, dès la naissance, l'enfant est déjà mis sous traitement, mais également, il va faire une PCR pour rechercher le virus. Donc, c'est un dépistage dès la naissance et après, l'enfant est mis sous traitement. Avec son suivi, il va faire également des tests, selon le protocole’’, confie le pédiatre.
CHEIKH THIAM