Le Sénégal affirme son autonomie face à l'Union européenne
La Journée internationale de la pêche a été célébrée, hier, au lendemain de l’annonce du non-renouvellement des accords de pêche entre l’Union européenne et le Sénégal. À cette occasion, la ministre des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, la docteure Fatou Diouf a indiqué que le Sénégal compte poursuivre ses efforts pour soutenir et encourager toutes initiatives respectueuses de l'environnement et soutenables pour le secteur des pêches.
Le 21 novembre est la journée mondiale dédiée à la pêche. Elle a été célébrée, hier, un peu partout dans le monde. Dans le contexte sénégalais, la ministre chargée des Pêches a souligné, dans un communiqué, que l’État du Sénégal compte poursuivre ses efforts pour soutenir et encourager toutes initiatives respectueuses de l'environnement et soutenables pour le secteur des pêches.
Selon la docteure Fatou Diouf, cette journée donne l’opportunité de lancer l'alerte et de sensibiliser pour la promotion de bonnes pratiques en matière de pêche durable, aux fins de préserver l'avenir des océans et des générations à venir.
En effet, elle a rappelé qu’au Sénégal, la pêche est un levier structurel de l’économie avec une contribution de près de 3 % au PIB. À l’en croire, elle offre des centaines de milliers d'emplois, à la fois directs et indirects. Elle contribue ainsi à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de millions de Sénégalais et garantit des revenus substantiels aux populations côtières et péri-littorales.
Dans la même veine, ajoute la ministre, la pêche, qu'elle "soit artisanale ou industrielle, joue un rôle crucial dans la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté, la préservation de la biodiversité et le soutien à des millions de travailleurs à travers le monde, plus particulièrement en Afrique". La Dre Diouf a profité de cette tribune pour rendre un vibrant hommage à tous les acteurs de la pêche.
"Non-renouvellement des accords de pêche entre…"
Par ailleurs, cette édition est marquée par la rupture des accords de pêche entre le gouvernement du Sénégal et l’Union européenne (UE). "Le protocole de mise en œuvre de l’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne est arrivé à terme le 17 novembre dernier, cinq ans après le début de son application. En raison des défaillances constatées dans la lutte contre la pêche illicite non déclarée et non réglementée (INN), l’UE ne peut envisager le renouvellement du protocole tant qu’il n’y a pas de progrès suffisants du Sénégal dans ce domaine", explique-t-on dans un communiqué publié sur le site de cette organisation. Dans le même sillage, poursuit la note, "cette décision s’inscrit dans la politique de tolérance zéro de l’UE vis-à-vis de la pêche INN et fait suite à plusieurs années de discussions avec les autorités sénégalaises". Dans un souci de cohérence politique, dit-on, "la Commission européenne a adopté pour principe de surseoir à tout renouvellement d’un protocole de mise en œuvre d’un accord de partenariat de pêche avec un État côtier tant que cette décision n’était pas retirée".
En effet, rappelle-t-on dans le document, "le 27 mai 2024, la Commission européenne (avait) pré-identifiée le Sénégal comme pays non coopérant dans le cadre de la lutte contre la pêche INN". Au lendemain de cette publication, lors d'une réception de dons pour les sinistrés de Kidira, la ministre sénégalaise des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires, interpellée par la presse sur cette problématique a confirmé la nouvelle. "Aucun navire européen n’aura le droit de pêcher dans notre zone économique exclusive après le 17 novembre à minuit", a-t-elle déclaré.
Toutefois, contrairement à ce qu’avait annoncé l’UE, le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdourahmane Diouf, révèle, lors d'un meeting du Pastef en vue des élections législatives, que le gouvernement du Sénégal est l’instigateur de l’arrêt des activités de pêche de bateaux européens dans les eaux nationales. "Nos amis de l'Union européenne ont organisé une conférence de presse pour dire au monde entier qu'ils ont décidé de ne plus signer les accords de pêche avec le gouvernement du Sénégal. C'est une contrevérité absolue. C'est le gouvernement du Sénégal qui a donné le signal depuis longtemps pour leur dire que nous ne pouvons pas continuer à signer avec eux des accords de pêche qui vont appauvrir les pêcheurs du Sénégal", a précisé le ministre.
Pour rappel, en 2014, le Sénégal avait signé un accord de partenariat pour une pêche durable avec l’Union européenne, en contrepartie de 1,7 million d’euros par an, permettant aux navires européens de pêcher dans ses eaux territoriales.
FATIMA ZAHRA DIALLO