Publié le 13 May 2021 - 01:33
EXPOSITION ‘’PERLES DE LUMIERE’’

Le plasticien Mbaye Babacar Diouf fasciné par le chapelet tijâne  

 

Un chapelet de 100 perles géantes de 700 kg de bronze sur lesquelles sont inscrits en calligraphie dorée les 99 noms de Dieu. C’est cette œuvre que l’artiste plasticien  Mbaye Babacar Diouf exposait au musée Théodore Monod de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan). Elle est le fruit de plusieurs années de recherches sur la spiritualité, notamment dans la voie de la tidjanya.

 

L’artiste visuel Mbaye Babacar Diouf présente son œuvre complète intitulée ‘’Perles de lumière’’. Il s’agit d’une pièce unique charpentée autour d’un chapelet de bronze de 100 perles avec les inscriptions du nom d’Allah et de l’écriture graphique de l’artiste. C’est une œuvre remarquable et gigantesque dont le poids total avoisine les 700 kg. Elle était exposée au musée Théodore Monod de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) Cheikh Anta Diop jusqu’au 10 mai 2021. Ce, après qu’une partie de son travail a été montrée lors de l’exposition ‘’Trésors de l’islam en Afrique’’ à Paris et au Maroc.

‘’Il y a plusieurs variantes de chapelet, misbaha, dans les confréries actives au Sénégal. Mbaye Babacar Diouf rend dans son œuvre celui courant au sein de la tijânya avec sa structure de cent perles composée d’une suite doublée de 12, 18 et 20 avec 5 séparations (seede)’’, a souligné le commissaire d’exposition Massamba Mbaye dans une note transmise à ‘’EnQuête’’. 

‘’Initié aux pratiques d’évocation de la tijânya, il a commencé la réalisation de son œuvre depuis plus de deux ans. Il mit ainsi à contribution toute une équipe, du moulage au polissage des perles, en passant par le coulage’’, a-t-il fait savoir.

D’après lui, c’est une première pour l’œuvre complète qui a nécessité un investissement sur fonds propres de l’artiste de plusieurs millions de francs CFA. Mais ce travail qui a nécessité un investissement financier conséquent est, aux yeux de Massamba Mbaye, ‘’infime par rapport à celui énergétique, spirituel’’.

En effet, selon ses témoignages, façonner la matière a été pour Mbaye Babacar Diouf comme ‘’une manière de dépasser le corps’’. Il explique : ‘’Il est dans la tradition soufie de prendre soin de ce corps, qui est aussi un don de Dieu, tout en l’éprouvant. Le principe de l’élévation spirituelle dans cette perspective n’est pas mortifère, au final…Il s’agit, au final, d’anéantir nos sens extérieurs au profit de ceux intérieurs : annihiler son moi dans le soi. C’est par ce moyen qu’on peut obtenir l’illumination, le dévoilement, la vision mystique et l’inspiration divine, ainsi que la connaissance mystique, la juste connaissance de la réalité suprême.’’

Il est ainsi question de la mise en communion avec l’éternel divin. Et par cette voie, ‘’l’Unicité divine dans la Tawhîd subsume sous unique les différentes voies, celle de Rumi et de Ibn Arabi’’. Celle de toutes les pratiques soufies que Seydina Cheikh Ahmed Tijâne (RTA), ‘’l’Intercesseur caché, incarne de manière remarquable’’.

En effet, il a inscrit sur la voie la discipline quotidienne du zikr pour l’absolution des péchés, l’affirmation de l’unicité de Dieu et la prière sur le Prophète Mohammed (PSL).

L’évocation et l’invocation de Dieu à travers ses 99 noms révélés, son invocation ultime par le biais de son nom, caché et connu semble-t-il par des êtres dans la grâce, passent ici par le support du chapelet. Pour M. Mbaye, cet instrument mystique n’est pas seulement l’abaque pour distiller des noms à charge énergétique. Poli par l’usage, il finit par devenir ‘’un objet chargé’’, selon lui. 

Ainsi, les perles des lumières sont une invite au dépassement de nos appétits dans ce monde clivant et gouverné par les émotions. ‘’Sa perspective excède les prismes d’une belle voie musulmane. Il interpelle l’humain dans ses possibilités les plus nobles. Celles qui mettent en commun nos humanités ayant en partage un espace commun qu’il nous faut chérir afin d’en découvrir toutes les virtualités’’, a indiqué Massamba Mbaye. ‘’Mais la vérité est ailleurs. Dans l’expérience unique de la foi cent fois renouvelée. Renouvelée jusqu’au tournis. Jusqu’à l’élévation au Secret après un passage par le corps, le cœur, l’intellect et l’âme ! Dans le Secret, les êtres de même niveau se retrouvent toujours et tendent la main à ceux en chemin qui font l’effort de rester sur la voie. La litanie du zikr, le chapelet égrené régulièrement… l’exaltante suite.  Faut-il bien le réaliser, l’affirmer ? : Plastiques et spirituelles, les perles de lumière sont exceptionnelles !’’, a-t-il poursuivi.

Pour sa part, l’auteur de cette magnifique œuvre souligne que le chapelet tijâne est symbolique, en ce sens qu’il accompagne le disciple dans ses zikrs quotidiens et durant toute sa vie. ‘’C’est un objet qui a traversé le temps et qui est aujourd’hui lié à la voie tijâne. Il permet au disciple de faire correctement ses litanies en fonction des nombres édictés par la voie’’, a relevé Mbaye Babacar Diouf.

‘’Rien qu’en le regardant, l’envie nous anime de demander pardon au Seigneur pour nos péchés, de prier sur le Prophète Mouhamet (paix et salut sur lui) et d’exalter le nom de Dieu. Mon vœu le plus profond à travers cette œuvre, est que tout le monde se souvienne de cet objet qui nous est si cher, nous disciples’’, poursuit-il.

L’artiste considère que ‘’réaliser cette œuvre était à la fois une mission et un défi’’ pour lui. Il est considéré comme quelqu’un qui est toujours fasciné par un chapelet original tant par ses formes que la rareté de la matière qui le compose. ‘’Je ne peux dire le nombre de chapelets que j’ai achetés, soit pour ma propre collection, soit pour offrir à d’autres disciples’’, a-t-il fait savoir.

PROFIL DE MBAYE BABACAR DIOUF (ARTISTE VISUEL)

L’artiste aux doigts d’orfèvre

Mbaye Babacar Diouf est un artiste-peintre, dessinateur, sculpteur et professeur d’éducation artistique et plastique. Primé à plusieurs reprises, ses œuvres sont exposées partout dans le monde.

Le créateur de l’œuvre intitulée ‘’Perles de lumière’’, Mbaye Babacar Diouf, est un artiste et professeur d’éducation artistique et plastique. En quête permanente de spiritualité, il travaille régulièrement sur l’écriture. Il est diplômé de l’Ecole nationale des arts (Ena) et est titulaire d’un Master II de l’Institut supérieur des arts et de la culture (Isac) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Peintre, dessinateur, sculpteur, il expose au Sénégal et dans le monde depuis 2004.

Cet artiste visuel sénégalais fait partie de la sélection officielle du Dak’Art 2016 et a exposé à l’Institut du monde arabe à Paris, lors de ‘’Trésors de l’islam en Afrique : de Tombouctou à Zanzibar’’ en 2017 et au musée Mohamet VI de Rabat au Maroc en 2020. Ses œuvres ont été présentées dans différentes expositions et foires internationales telles que Art Paris Art Fair, 1-54 Contemporary African Art Fair à Londres, l’exposition sur l’équilibre du monde à Cuba, “Imago Mundi” de la collection Luciano Benetton à Dakar, Ségou’Art au Mali.

Mbaye Babacar Diouf a participé également à un projet de médiation culturelle avec la Shanghai Academy of Fine Arts en terre chinoise. Et il a fait une résidence à la Cité internationale des arts de Paris en 2020. Extrêmement talentueux, sa signature - Mbaye Babacar Diouf - fait également partie de la collection privée de l’Etat du Sénégal. Il a été primé à plusieurs reprises.

En effet, 1er Prix du concours de logo de l’Agence nationale de la démographie et de la statistique (ANDS) juillet 2007, il a reçu également le 1er Prix de la Créativité de la Semaine de l'entrepreneuriat organisée par l’ADEPME (Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises) du Sénégal en 2010. Il a également remporté le 1er Prix Art graphique pour le concours ‘’Mon Italie’’ organisé par l’ambassade d’Italie à Dakar, lors de la Semaine internationale de langue italienne en décembre 2011.

De plus, il est le vainqueur du concours de création artistique sur le thème de la lutte contre la corruption, organisé par L'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) en 2016. En 2017, il obtient la médaille d’argent dans la catégorie Peinture, lors des Jeux de la Francophonie. Cerise sur le gâteau, ambassadeur culturel du Sénégal, l’artiste l’est aussi sur le plan sportif. Il a fait partie de l’équipe nationale de karaté de son pays et a été plusieurs fois médaillé d’Afrique.

BABACAR SY SEYE

Section: 
EXPO "TRAITS ET LETTRES" AU CARRÉ CULTUREL : Le pouvoir de l'art dans l'éducation et la transformation sociale
AVANT-PREMIÈRE « AMOONAFI » DE BARA DIOKHANE : L'art, l'histoire et le droit au service de la mémoire
EXPOSITION "SYMBOLES DE LA VIE : AU-DELÀ DU REGARD" : Réflexions sur la condition humaine
LE SYNPICS ET CONI IA LANCENT UNE FORMATION : Vers une révolution technologique du secteur médiatique
LIBERTÉ DE PRESSE ET DROIT À L’INFORMATION : RSF appelle les députés à instaurer quatre réformes
BIENNALE OFF : L'Orchestre national raconté à Douta Seck
EXPOSITION FALIA La Femme dans toutes ses facettes
MUSIQUE À L’IMAGE : Plusieurs jeunes formés au Sénégal
CÉLÉBRATION 50 ANS DE CARRIÈRE : L’Orchestra Baobab enflamme l’Institut français de Dakar
15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Seulement deux prix remportés par le Sénégal
BIENNALE DE DAKAR : Un éveil artistique, selon Bassirou Diomaye Faye
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Dak’Art pour un voyage culturel
EXPOSITION ‘’FAIRE LIEU’’ À DAKAR : Cinq lieux africains comme espaces de transformation
BIENNALE DE DAKAR   - EXPO ‘’DEVOIR DE MÉMOIRE’’ : Un modèle d’engagement culturel
Goncourt 2024
PRÉSENTATION TAARU SÉNÉGAL : La première Symphonie d'Amadeus
PARTICIPATION DES USA À LA BIENNALE DE DAKAR : Mettre en lumière l’influence de la culture africaine sur l'art américain
MARIAM SELLY KANE - JOURNALISTE : Une voix pour les femmes et les enfants
MBOUR - MONITORING SUR L'ÉMIGRATION CLANDESTINE : La Commission nationale des Droits de l'homme à la recherche de solutions
PROJECTION DU FILM ‘’FÀTTE XAJU FI’’ : Un appel à la mémoire pour la bonne gouvernance