Publié le 10 Jul 2021 - 07:34
MARCHE SENEGALAIS DU TRAVAIL

1 580 établissements ouverts en 2020, contre 233 fermés 

 

Au Sénégal, le marché du travail a été marqué, en 2020, par l’ouverture de 1 580 établissements déclarés au niveau des inspections du travail et de la sécurité sociale, générant 8 180 emplois. A côté de ces ouvertures, le Rapport annuel des statistiques du travail 2020, du ministère du Travail, reçu hier à ‘’EnQuête’’, fait état de la fermeture de 233 établissements ayant occasionné 1 662 emplois perdus.

 

Le Rapport annuel des statistiques du travail 2020 du ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions, reçu hier à ‘’EnQuête’’, révèle que 1 580 établissements ont été déclarés ouverts au niveau des inspections du travail et de la sécurité sociale. Ces ouvertures ont généré 8 180 emplois. A côté de ces ouvertures, le rapport fait état de la fermeture de 233 établissements ayant occasionné 1 662 emplois perdus.

‘’Ce qui dénote d’un solde globalement positif, en termes d’évolution du nombre d’établissements et d’emplois. Par ailleurs, en dépit du contexte marqué par la pandémie de Covid-19 avec ses corollaires sur le plan économique, le marché du travail s’est enrichi de 63 491 contrats de travail. La distribution de ces contrats révèle une prédominance des hommes qui, à eux seuls, concentrent les 74,39 % du total, contre 25,61 % pour les femmes’’, renseigne le document.

Appréhendé sous l’angle de la branche d’activité, le rapport indique que les segments ‘’Commerce de gros et de détail, réparations de véhicules automobiles et de motocycles’’ ; ‘’Construction’’ et ‘’Activités de fabrication’’, se sont révélés être de véritables niches d’emplois en 2020.

En effet, ces branches comptent respectivement 38,49 %, 15,31 % et 13,2 % des contrats de travail, soit un cumul d’environ 67 % de l’ensemble des contrats de travail conclus au cours de l’année 2020. ‘’En considérant le stage, on remarque une offre très accrue en 2020, matérialisée par 3 383 contrats de stage d’adaptation, 475 contrats de stage pré-embauche, 397 contrats de stage d’incubation et 5 contrats de stage de requalification, soit un total de 4 260 contrats de stage. Cette offre de stage est plus marquée dans le ‘Commerce de gros et de détail, réparations de véhicules automobiles et de motocycles’, les ‘Activités financières d’assurance’ et ‘l’Agriculture, sylviculture et pêche’ (…)’’, lit-on dans le texte.

Concernant les contrats de travail des travailleurs déplacés hors de leur résidence habituelle, ils se chiffrent à 660 unités. Plus de 91 % de ces contrats ont été conclus avec des hommes, contre 8,48 % avec des femmes. Le rapport souligne que leur répartition en fonction de la branche d’activité montre une prédominance des ‘’Activités de services administratifs et d’appui’’, les ‘’Activités de fabrication’’ et les ‘’Activités d’hébergement et de restauration’’.

Au chapitre de la garantie des droits, 2 835 contrôles ont été effectués principalement dans les établissements exerçant dans les ‘’Activités d’hébergement et de restauration’’, les ‘’Activités de fabrication’’ et les ‘’Activités de services administratifs et d’appui’’. L‘effectif des entreprises ainsi visitées s’élève à 41 612 travailleurs. Au terme de ces contrôles, 1 410 convocations, 560 lettres d’observation, 106 mises en demeure, 578 observations orales et 14 procès-verbaux (PV) d’infraction ont été dressés par les inspections du travail et de la sécurité sociale. Ces contrôles ont pu aboutir, avec des proportions différentes, à une régularisation de la situation des établissements et des travailleurs en fonction de la nature de chaque manquement relevé.

Le rapport indique également 10 777 consultations des inspections du travail et de la sécurité sociale dont 38,30 % à l’initiative des employeurs, 58,35 % provenant des travailleurs et 3,35 % émanant des autres usagers. Une analyse de ces consultations en fonction du type laisse apparaitre 10 571 consultations orales et 206 consultations écrites.

Outre ces consultations, il est relevé 3 915 attestations de non-travail, 1 791 attestations de régularité, 1 153 attestations de service délivrées, mais aussi 10 641 travailleurs immatriculés par les inspections du travail et de la sécurité sociale (ITSS) et la Direction des statistiques du travail et des études (DSTE).

Environ 7 milliards pour le paiement des ruptures de contrat à l’amiable

Il est aussi noté que les tentatives de conciliation diligentées au niveau des inspections du travail et de la sécurité sociale se sont soldées par 991 procès-verbaux de conciliations totales et 35 procès-verbaux de conciliations partielles ayant entrainé une régularisation financière de 561 088 555 F CFA. Ceci, au profit de 1 828 travailleurs, d’où une moyenne par travailleur de 344 649 F CFA. ‘’Sur ce point, 660 procès-verbaux de non-conciliation ont été répertoriés dont 646 transmis au tribunal du travail.

A ces conflits individuels, s’ajoutent 42 conflits collectifs gérés par les ITSS dont 31 réglés et 11 non réglés. Les ruptures à l’amiable sanctionnées par des protocoles d’accord enregistrés au niveau des ITSS ont entrainé le paiement de 6 958 880 204 F CFA à 1 194 travailleurs, soit une moyenne par travailleur de 5 828 208 F CFA’’, rapporte le document.

Au titre du dialogue social, la même source relève qu’il y a lieu de souligner la tenue, en 2020, de 215 élections de délégués du personnel, essentiellement dans les régions de Dakar, Thiès, Ziguinchor et Saint-Louis. Outre ces élections, 54 demandes d’autorisation de licenciement de délégués du personnel ont été introduites au niveau des inspections du travail et de la sécurité sociale. Analysées en fonction de l’issue, il est noté que 11 demandes ont été acceptées contre 43 refusées. En matière de protection sociale, les données fournies par la Caisse de sécurité sociale renseignent 1 408 accidents du travail (AT) et 19 maladies professionnelles (MP). Ces AT/MP sont plus notées à Dakar, Saint-Louis et Thiès, et ont plus affecté les travailleurs de sexe masculin que ceux de sexe féminin. Les ‘’Activités de fabrication’’, le ‘’Commerce de gros et de détail, réparations de véhicules automobiles et de motocycles’’ et le ‘’Transport et entreposage’’ demeurent les branches d’activité qui ont exposé le plus les travailleurs au risque d’AT/MP en 2020. Par ailleurs, 57 nouveaux comités d’hygiène et de sécurité du travail (CHST) ont été installés en 2020. Ces CHST se sont plus accrus à Dakar, Saint-Louis et Tambacounda.

Enfin, 10 institutions de prévoyance maladie (IPM) dont 7 d’entreprises et 3 interentreprises ont été agréées en 2020 par le ministère du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les Institutions. L’effectif des participants au niveau de ces IPM se chiffre à 4 442 travailleurs.

Selon les enquêteurs de la Direction des statistiques du travail et des études de la tutelle qui a mené cette étude, les résultats pour l’année 2020 affichent, pour la plupart des indicateurs, une ‘’contraction’’ par rapport à l’année écoulée, avec toutefois des écarts généralement limités.

Ainsi, dans les cas illustratifs des ‘’ouvertures d’établissements’’, des ‘’emplois générés par les ouvertures d’établissements’’, et des ‘’contrats de travail enregistrés’’, ils ont découvert des replis respectifs de l’ordre de 7,70 %, 5,11 % et 2,92 %.

‘’En revanche, quelques paradoxes apparaissent avec certains résultats plus favorables en 2020 par rapport à 2019, malgré le contexte de crise. Il en est ainsi des fermetures d’établissements enregistrées qui pointent 233 cas (correspondant à 1 661 emplois perdus) en 2020 contre 280 en 2019 (correspondant à 1 969 emplois perdus). A noter qu’en 2020, en raison de la grande contagiosité de la Covid-19 et des mesures étatiques prises pour endiguer l’épidémie, les opérations de contrôle des entreprises assurées par les ITSS ont été très fortement limitées, entrainant une baisse d’activité sur ce plan de l’ordre de 40,70 %’’, précisent-ils.

Notre source note que ce contexte explique aussi la forte hausse des conflits collectifs et des procédures de licenciement des délégués du personnel. Ainsi, le processus de prise en charge du présent rapport suggère certaines recommandations. Il s’agit notamment de  l’amélioration de la classification des branches d’activité utilisée en s’inspirant de la classification internationale type, par industrie, de toutes les branches d’activité économique révision 4 (CITI-4) ; de la poursuite du renforcement des indicateurs produits pour tenir davantage compte du suivi de la mise en œuvre de documents stratégiques. Il est également signalé la nécessité de maintenir la dynamique consistant à améliorer les conditions de travail du comité d’élaboration du rapport afin de favoriser une plus grande célérité du travail et une meilleure qualité du document. Et, en même temps, l’importance d’intégrer davantage la modernisation de la production, de la gestion et de l’exploitation des données grâce aux technologies de l’information et de la communication.

MARIAMA DIEME

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