Publié le 5 Aug 2021 - 17:16
MASSENE GUEYE DIT ‘’MAMADOU’’ (AUTEUR)

‘’Les handicapés ont un challenge personnel qui peut les rendre plus performants’’

 

Inspiré par la perte d’une jambe par amputation que certains de ses proches ont subie, Massène Guèye dit Mamadou écrit "Les stratèges de l'indépendance’’, un roman dans lequel le personnage principal est en situation de handicap. Les péripéties de ce héros plongent le lecteur dans la période de l’indépendance du Sénégal et permettent ainsi de revisiter l’histoire coloniale.

 

La question de la formation et de la réinsertion professionnelle des personnes en situation de handicap au Sénégal, mérite d’être étudiée sous l’angle de sa plus-value, ‘’dans la mesure où les handicapés ont en particulier un challenge personnel qui peut les rendre plus performants’’, a estimé le romancier Massène Guèye dit ‘’Mamadou’’.

Il pense qu’il faut plusieurs mesures d’incitation pour mettre en valeur l’insertion des personnes handicapées. Par exemple, dit-il, ‘’la possibilité d’un allégement fiscal en faveur des entreprises qui acceptent de leur réserver un quota’’.

En effet, ayant des proches qui ont perdu une jambe par amputation, suite à un diabète, Massène Guèye s’en est inspiré pour écrire un roman dans lequel il met en scène un personnage en situation de handicap, dans un cadre temporel qui permet d’analyser le contexte de l’après-indépendance.

Il s’agit d’un livre de 354 pages publié aux Editions Saint-Honoré de Paris et qui est dénommé "Les stratèges de l'indépendance’’.

Dans cet ouvrage, au lendemain de l’indépendance du Sénégal, Ibrahima, un jeune contremaitre dans une entreprise de BTP, avait perdu une jambe, suite à un accident de travail. Le 21 avril 1963, l’unijambiste se rendit à Deuk Boubess, dans la banlieue dakaroise, pour une visite à un homme de confiance. Puis le héros du livre s’est reconverti dans l’alphabétisation au profit des ouvriers analphabètes qui bâtissaient la nouvelle ville. 

Il finit par se retrouver, malgré lui, en compétition sociale dans sa nouvelle terre d’accueil, qui était sous le charme et l’influence, à la fois, du footballeur le plus talentueux et du meilleur danseur de pachanga de la localité. Ces deux idoles de Deuk Boubess comptaient donc sur leurs jambes, pour conquérir Rama, la fille qui était le point de mire de tous les jeunes du quartier.

Mais la charmante jeune fille avait toujours en tête le garçon de valeurs, que son défunt père n’avait pas eu le temps de lui présenter comme prévu, afin de les laisser s’apprécier librement.   

Ainsi, le romancier Massène Guèye indique que le thème de l’amour résume à lui seul la réussite sociale de son héros. ‘’L’unijambiste arrive dans une terre d’accueil où les deux personnes les plus célèbres sont paradoxalement un talentueux footballeur et un inimitable danseur de pachanga qui rivalisaient pour la conquête de la miss de Deuk Boubess, qui était également convoitée par un nouvel entrepreneur en BTP, devenu l’homme le plus nanti de la localité. Grace à son courage et ses valeurs morales, l’unijambiste était parvenu à ravir le cœur de la charmante demoiselle, au grand dam de tous les prétendants’’, a-t-il expliqué.

Malgré sa situation de handicap, le héros du roman "Les stratèges de l'indépendance’’ suscite de l’admiration plutôt que de la compassion.  Multipliant ses actions de bon citoyen, il a étendu son enseignement aux élèves du primaire, ensuite du secondaire, avec des résultats salués par tous les parents. Nommé médiateur par les ouvrir, Ibrahima a arbitré un conflit qui les opposait à leur employeur. Et pour préserver l’outil de travail de ses auditeurs, il prit la tête de l’entreprise, de celui qui était son ancien collègue aux ETS Durandeau.

Après avoir mis en place diverses stratégies, l’unijambiste parvint à redresser l’entreprise, à la grande joie du partenaire. Il s’est d’ailleurs vu décerner la première décoration de la ville.

La stratégie des chefs d’entreprise français

Peu de temps après l’épisode qui avait permis de découvrir chez le médiateur une compétence plus avérée que celle de leur employeur, Idrissa, le syndicaliste des ouvriers, a trouvé dans un journal un étrange document tacheté. Il a découvert qu’au début de l’indépendance, une compétition avait opposé les deux anciens collègues, à leur insu. Le vainqueur devait prendre la succession de l’ancien employeur, qui devait rentrer en France. Le syndicaliste s’est engagé dans une enquête acharnée, afin de savoir comment l’enseignant avait perdu la jambe et la compétition.

Le dénouement de tout le mystère qui entourait la perte de la jambe et la compétition, par le concurrent le plus méritant, coïncida avec le retour de l’employeur français au Sénégal, pour un nouvel investissement.

En effet, écrire "Les stratèges de l'indépendance’’, dont l’un des objectifs est de revisiter l’histoire coloniale du Sénégal, a ainsi permis, selon l’auteur,  de ‘’relever le contraste entre l’excitation des Sénégalais fiers de leur indépendance et l’inquiétude des chefs d’entreprise français concernant l’incertitude que réservait cette indépendance à leurs intérêts’’.

Car, au lendemain des indépendances, beaucoup de chefs d’entreprise se posaient la question de savoir si l’indépendance ne va pas bouleverser leurs affaires, parce que les dirigeants africains ont pris la destinée de leur pays. L’entrepreneur français était obligé de faire travailler ceux qui sont du pays. Il a mis en place des stratégies pour ne pas être pris par surprise’’, a détaillé Massène Guèye.

Interpellé sur la problématique de l’emploi qui  demeure cruciale au Sénégal, il déclare :  ‘’Il est vrai que des efforts ont été faits pour lutter contre la problématique de l’emploi au Sénégal, notamment dans la mise en place de circuits qui facilitent la création de nouvelles  entreprises et en favorisant la flexibilité de l’emploi. Mais le véritable problème demeure le manque de réussite dans la politique d’industrialisation du Sénégal.’’

BABACAR SY SEYE

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