Alioune Tine donne raison à Babacar Diop et entend engager une médiation
Le parti des Forces démocratiques du Sénégal (FDS), qui réclame son récépissé, tient à tout prix à la dénomination ''guelwaar''. Il mène cette bataille qui serait ‘’politico-judiciaire’’ sur le terrain culturel et gagne des soutiens comme Alioune Tine qui veut résoudre le problème à l’amiable.
Le parti des Forces démocratiques du Sénégal (FDS/Les guelwaars), qui n’a toujours pas obtenu du ministère de l’Intérieur son récépissé à cause l’utilisation du terme ''guelwaar'', a un nouveau soutien de taille, après le Dr Cheikh Tidiane Dièye. Il s’agit du fondateur d’Afrikajom Center à qui le leader du parti, Dr Babacar Diop, a rendu visite hier pour lui expliquer le problème qui l’oppose aux services dirigés par Antoine Félix Diome.
Comme promis, il mène ainsi cette bataille sur le terrain culturel, en lançant un appel aux organisations de la société civile, aux écrivains et cinéastes du Sénégal. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il s’est rendu chez M. Tine.
Il faut souligner que pour ce dernier, qui donne raison aux ‘’guelwaars’’, toute cette histoire n’est qu’un malentendu. ‘’Ça me rappelle une vieille querelle qu’on a connue ici, et qui était très positive. Senghor voulait imposer une écriture wolof sans la géminée, à l’époque où les Pathé Diagne et les Ousmane Sembène avaient leur journal. Aujourd’hui, on a dépassé cette querelle…’’
C’est ainsi qu’il a pris l’engagement d’entamer une médiation. ‘’Nous allons prendre notre bâton de pèlerin. Aujourd’hui, nous avons choisi, quand il y a des conflits, de voir comment les régler. Je viens du Mali, je sais ce que signifie la faiblesse d’un Etat. Nos Etats sont très vulnérables. Ça, il faut l’expliquer aux politiques globalement -ceux qui sont au pouvoir comme ceux qui sont dans l’opposition - parce que la vulnérabilité de l’Etat, ça vient souvent d’eux’’, dit-il. Pour lui, il faut transcender certaines divergences pour être de plus en plus unis, de plus en plus forts. ‘’Ce n’est pas des divergences fondamentales. Il nous faut relever le défi de la sécurité régionale’’, a-t-il indiqué.
En effet, après avoir écouté le Dr Babacar Diop, il a affirmé que s’’’il y avait exiguïté sur les connotations identitaires de 'guelwaar’', je pense que les ambiguïtés sont levées'', estimant que le ministère devrait privilégier le dialogue. ‘’Le ministre de l’Intérieur, je le connais un peu ; c’est un homme de bon sens. Nous allons le voir pour lui dire que le ‘guelwaar’ dont il parle n’existe plus. C’est totalement archaïque’’, a défendu le président d’Afrikajom Center.
Le Dr Babacar Diop a pu lui expliquer plus amplement la terminologie, levant à cet effet toute équivoque. Non sans taxer les agents du ministère de l’Intérieur de personnes qui manquent de culture générale. ‘’Les gens du ministère ont le réflexe néocolonial. Ils n’ont pas compris toutes les dynamiques. Ils disent que ça renvoie à une ethnie. Nous leur avons dit que les mots évoluent. Ousmane Sembène a donné un souffle nouveau à ce mot. Un souffle patriotique qui fait que les gens de la nouvelle génération, quand vous leur parlez de 'guelwaar', ils vous disent que 'guelwaar' parle de dignité, d’honneur, du refus. C’est une culture d’insoumission, de rébellion contre l’injustice’’, a-t-il martelé sans détour.
‘’Telle que la figure de Guelwaar apparaît dans l’œuvre cinématographique et littéraire de Sembène, c’est un citoyen engagé, c’est un militant, un patriote, un panafricaniste. C’est quelqu’un qui lutte pour la valorisation même des cultures africaines. Devant la lutte de Guelwaar, l’Administration n’a que la force, la violence à appliquer. Cet Etat néocolonial use de violence pour l’écraser, et Guelwaar finit en martyre. C’est cette figure-là que nous célébrons’’, a-t-il poursuivi.
Ainsi, Babacar Diop a voulu partir des propres réalités du pays, de l’imaginaire et de la mémoire collective, historique, pour construire ce qu’il appelle une ‘’nouvelle utopie africaine’’. ‘’C’est trop réducteur de dire que ‘guelwaar’ renvoie à une ethnie. Quelle ethnie ? On le retrouve chez les Mandingues, chez les Malinkés, chez les Halpulars, chez les Wolofs, chez les Sérères. C’est le symbole du métissage culturel, ethnique de notre pays’’, explique M. Diop.
Pour lui, cette histoire est purement ‘’politique’’, parce que FDS est une reconnaissance populaire au Sénégal et dans la diaspora.
BABACAR SY SEYE