Kër Leyti
Déjà fortement impactés par la pandémie de coronavirus et ses effets sur l’économie culturelle, les artistes sénégalais et internationaux au Sénégal voient une autre mauvaise nouvelle accompagner les fortes précipitations observées dans le pays ces deniers jours : la Maison de l’oralité Kër Leyti est sous les eaux. Une conséquence directe de cette situation est que cet espace de recherches et de création ferme ses portes. La triste annonce a été faite hier, dans une note parvenue à ‘’EnQuête’’, du Dr Massamba Guèye, Directeur de Kër Leyti, Maison de l’oralité et du patrimoine.
Depuis de nombreuses années, cette maison est ‘’un espace mis en place pour contribuer à l’amélioration de la collecte, de la conservation, de la vulgarisation et de la recréation des arts de l’oralité et de savoirs du patrimoine immatériel’’. Comme l’année dernière, lorsque Keur Massar, localité qui abrite ce ‘’Patrimoine de la vie’’, avait été inondé, cet espace dédié à l’oralité, tant cher au patrimoine africain, referme ses portes.
‘’Jusqu’à nouvel ordre’’, précise son directeur qui avoue un coup ‘’dur, dur pour (eux)… Obligés de quitter tout’’. Même si une partie de l’équipe et de la famille ont décidé de continuer à y vivre pour sécuriser les biens. Ce n’est pas pourtant le moment de ‘’polémiquer’’ ou de céder à la colère et à la détresse, tempère le conteur baptisé ‘’La Bouche de l’Afrique’’, fondateur de ce haut lieu de partage. Mais celui ‘’d’agir pour des solutions encore plus efficaces, plus structurelles’’. Et pour cela, il compte sur les avis des spécialistes pour sauver Kër Leyti.
...‘’Cette ‘maison’, ce ‘centre’, ‘l’investissement d’une vie !’, quand on la perd, on ne perd pas qu’un bien, mais plus’’… regrette le Dr Massamba Guèye. Une piste est déjà de ‘’retenir nos égo et œuvrer ensemble pour nous en sortir. A l’Etat de continuer à protéger ses citoyens, aux citoyens d’accompagner les efforts de l’Etat !’’. Ce n’est toutefois pas avec ces inondations que la galère a pointé le bout de son nez dans la ‘’Maison de l’oralité’’. Cela fait longtemps que les belles paroles ne font pas vivre leurs auteurs à Kër Leyti. ‘’L’eau courante manque parfois. Pas possible pour certains de manger. La situation est alarmante pour ce que je vis directement sur le terrain.
L’eau dans les maisons inondées comme la nôtre est aussi un danger avec l’électricité’’, dénonce le professeur. Ces peines et ces difficultés ne les forceront pas à baisser les bras. Car, assure le Dr Massamba Guèye, c’est de l’action qu’il nous faut ! Nous ‘’serons toujours reconnaissants à ceux qui font des efforts pour nous aider à sortir des eaux. Aucun effort n’est de trop. Nous continuons d’espérer, même dans la détresse, car nous avons foi en Dieu et savons que jamais nous ne serons seuls, avec le soutien de l’Etat, vos soutiens et messages’’, ajoute-t-il. Touché par la solidarité réciproque dans le quartier et les environs de ce lieu de patrimoine, le conteur assure, ‘’comme toujours’’, qu’ils continueront à tout faire pour trouver des solutions réfléchies.