Les vérités de Bouki !
L'Agence de régulation des télécommunications et des postes est décidément une entreprise particulière. Ndongo Diao, son ex-directeur général nommé par Abdoulaye Wade, est présentement en prison. Le prédécesseur de celui-ci, Daniel Goumalo Seck, l'y a précédé, en compagnie des membres du Conseil de régulation, pour détournement de deniers publics et abus de biens sociaux, selon les conclusions de l'Inspection générale d'Etat, avant que le juge ne les libère.
Pour un régime politique cupide, l'ARTP est une vraie vache à lait qui permet la capture indue d'énormes masses d'argent, presque sans coup férir. Dans ce jeu de massacre des finances publiques, émergent des cols blancs n'éprouvant aucune espèce de pitié pour ce que l'on appelle communément «l'intérêt national». Nuit et jour, qu'il pleuve ou qu'il vente, ils tournoient autour des grandes sucettes afin d'en tirer le maximum de profits, avant de passer à d'autres urgences. Pour cette catégorie-là d'individus, la vie est elle-même urgence et l'accumulation capitalistique d'avoirs financiers ne saurait souffrir de quelque considération civico-morale.
Pour l'affaire que voilà, nous avons une intime conviction : des personnes placées au cœur de l'une des entreprises les plus florissantes du pays (l'une des rares qui gagnent de l'argent en dormant presque) ont profité de leurs positions de pouvoir pour tenter de s'enrichir. Pour atténuer et la suspicion et le caractère scandaleux d'un complot indigne des responsabilités qui étaient leurs, elles (qui ne sont pas des agents de l'ARTP) ont eu l'intelligence mafieuse d'intéresser opportunément 116 autres agents.
Ainsi, tout le monde il est mouillé ! La quote-part financière de l'ARTP sur la licence Sudatel les intéressait un peu trop, elles ont forcé le coffre-fort bancaire de l'Agence pour satisfaire leurs appétits. Avec le pouvoir-passoire alors en vigueur sous le régime Wade, se servir indûment sur des fonds publics, affronter la prison pour quelque semaines, et se faire ensuite blanchir par un juge complaisant, était un jeu d'enfant pour des «experts» sachant slalomer entre les circuits d'influence dans l'espace gouvernant.
Dans toute histoire, malsaine comme géniale, il y a toujours des parts de vérité qui font sortir de l'ordinaire des protagonistes plus ou moins crédibles. Mais dans cette gigantesque conspiration d'argent survenu au cœur de l'ARTP, on doit plus que jamais s'interroger sur l'utilité pour le pays de cette frange d'«experts» dont les motivations psychologiques inavouées sont en conflit perpétuel avec les intérêts bien compris de la collectivité nationale.
Par MOMAR DIENG