Barthélémy Dias déverse sa bile sur le commissaire de la police de Dieuppeul
Sorti distribuer des flyers aux Dakarois, le maire de la commune de Mermoz Sacré-Cœur, candidat de la coalition Yewwi Askan Wi pour la ville de Dakar, a été interpellé, hier, par les éléments du commissariat d’arrondissement de Dieuppeul. Barthélémy Dias dénonce un deux poids, deux mesures.
C’est une journée mouvementée qu’a connue hier le maire Mermoz Sacré-Cœur. Une semaine après les heurts occasionnés par sa convocation à la Cour d’appel de Dakar, dans le cadre de son procès suite à l’affaire Ndiaga Diouf, Barthélémy Dias s’est encore confronté à la police. Cette fois-ci, il s’agissait des éléments du commissariat d’arrondissement de Dieuppeul. Entre le commissaire Dianko Mballo et l’ancien député socialiste, la rencontre fut tout sauf ‘’amicale’’. En moins de trois heures, d’une arrestation musclée à la libération de Barthélémy Dias, les esprits se sont échauffés entre les deux hommes.
A sa sortie, le candidat de Yewwi Askan Wi à la ville de Dakar a déversé sa bile sur son nouvel ‘’ami’’.
Tout a commencé mardi. Comme l’explique le maire de Mermoz Sacré-Cœur, lors d’un point de presse, ‘’J’avais posté sur la page Facebook que mercredi, jeudi et vendredi, nous allons organiser des sorties dénommées ‘Dokh Mbokk’, pour parler avec la population de Dakar pour leur vendre notre meeting d’investiture qui aura lieu ce dimanche 21 novembre dans la commune de Grand-Yoff. Nous n’avons pas les moyens du pouvoir pour faire payer des bus aux populations. Nous faisons des campagnes de sensibilisation et distribuons des prospectus’’. Jusque-là, rien d’illégal, souligne-t-il. Surtout, maintenant que sa liste, déposée par la coalition d’opposants, a été validée, faisant de lui le candidat officiel à la ville de Dakar.
Mais lorsqu’il est sorti de chez lui, Barthélémy Dias est tombé sur un barrage de la police au niveau de l’avenue Bourguiba. Bien décidé à mettre un terme aux opérations prévues par le maire socialiste, les éléments du commissaire Mballo ont très vite interpellé l’édile, avant de le conduire au commissariat de Dieuppeul. Et cela ne fut pas de tout repos. Sans opposer une véritable résistance physique, le candidat à la mairie de Dakar a eu des échanges houleux avec la police et particulièrement avec le commissaire Mballo. Une vidéo de son arrestation a été immédiatement publiée sur les réseaux sociaux. Comme une traînée de poudre, la nouvelle s’est répandue et a suscité de vives réactions au niveau des leaders politiques de l’opposition et des militants de Barthélémy Dias.
‘’Il a brutalisé deux femmes qui m’accompagnaient avant de leur crier dessus et de les jeter dans une cellule’’
Quand l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye dénonce une arrestation inadmissible, se basant sur des ‘’images’’ qui montrent un Barthelemy Dias marchant tout seul, les militants du maire de Mermoz Sacré-Cœur se mobilisaient devant le commissariat de Dieuppeul pour protester. A l’intérieur, le socialiste et quelques militants interpellés avec lui passaient un mauvais quart d’heure. Lui-même raconte la scène : ‘’J’ai été placé dans une grille. Il (le commissaire Mballo) doit savoir que même lorsque ses supérieurs hiérarchiques m’arrêtent, ils m’emmènent dans leur bureau, m'offrent de la boisson et me disent : ‘Asseyez-vous, Monsieur le Maire.’ Il a brutalisé deux femmes qui m’accompagnaient, avant de leur crier dessus et de les jeter dans une cellule. Il est irrespectueux envers ma personne et l’institution qu’est la police. Il a volé mon téléphone portable. Je vais porter plainte contre lui.’’
Particulièrement remonté, le candidat de la coalition Yewwi Askan Wi continue sur sa lancée et accuse l’homme qui a écourté sa tournée de distribution de flyers.
En effet, ajoute-t-il, ‘’le commissaire de Dieuppeul n’est pas une autorité, mais un autorisé. Je ne le citerai pas nommément, mais je parlerai de certains comportements qui ne peuvent aucunement honorer la police. Pour ceux qui semblent l’avoir oublié, j’aimerais leur rappeler que je suis le maire de la commune de Mermoz Sacré-Cœur. Et à ce titre, j’ai le droit de me déplacer où je veux, quand je veux et comme je le veux dans le périmètre communal. Ce que la police a permis à ce zélé de commissaire de faire est inadmissible dans une République’’.
Le préfet de Dakar entre en scène
Au moment où le maire de Mermoz Sacré-Cœur était détenu par la police, le préfet de Dakar a invité, à travers un communiqué, ‘’les populations, notamment les acteurs politiques, au respect scrupuleux des règles qui régissent l’occupation de la voie publique, en vue de garantir la sécurité et la liberté de circulation des biens et services, ainsi que l’exercice, pour chaque citoyen, de ses droits dans les conditions requises’’.
Mor Talla Tine a évoqué, dans le document, les dispositions des articles 96 du Code pénal et 10 de la loi n°78-02 du 29 janvier 1078 relatives aux réunions, aux cortèges, aux défilés et aux rassemblements de personnes et d’une façon générale, les manifestations sur la voie publique qui sont soumises à l’obligation d’une déclaration préalable auprès de l’autorité administrative en charge du maintien de l’ordre public sur le territoire sur lequel la manifestation doit avoir lieu’’. Cette déclaration doit avoir lieu trois jours au moins et 15 jours au plus avant l’évènement.
Ce que le maire de Mermoz Sacré-Cœur ne semble pas digérer, c’est la réaction de deux poids, deux mesures dont il accuse les autorités policières. Selon Barthélémy Dias, ‘’Abdoulaye Diouf Sarr, le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar, s’est permis de faire, ce weekend, une caravane sonorisée à Dakar, bloquant des artères de la circulation, au vu et au su de toutes les autorités de ce pays. Que ce soit le préfet de Dakar, le commissaire central, les patrons de la Sûreté urbaine et de la Division des investigations criminelles. Actuellement, on n’est pas en campagne électorale. Il n’a pas le droit de faire une caravane sonorisée’’.
Barth dénonce un deux poids, deux mesures
Dimanche dernier, le ministre de la Santé et de l’Action sociale a effectué une tournée à Yoff, Soumbédioune, Hann-Yarakh et Ngor, ‘’avec une forte mobilisation des jeunes et des femmes’’. Sur les réseaux sociaux, il s’est même félicité que cette sortie ait été ‘’l'occasion de prendre une fois de plus la température de toutes les activités qui font vivre ces lieux (les plages, NDLR) pour une émergence certaine et durable’’.
Reprenant son exemple, Barthélémy Dias s’indigne et avertit : ‘’On ne peut pas accepter que l’APR viole la loi et qu’on nous empêche de sortir sans caravane, ni sonorisation pour inviter les Dakarois à notre meeting d’investiture. Demain, je vais sortir et personne ne m’arrêtera. Je prendrais des dispositions pour que personne ne m’arrête. A la police de savoir si elle veut la confrontation ou la paix. Car trop, c’est trop. Il faut savoir raison garder.’’
Évoquant son droit de s’exprimer par ‘’la parole, l'écrit et l’image’’, Barthélémy Dias compte remettre ça aujourd’hui. ‘’Nous ne sommes pas là pour brûler le pays. Nous sommes là pour exercer un droit constitutionnel. Je vais me rendre à Petersen, à la Salle de vente, à Sandaga, à Keur Serigne Bi, à Médina, qui sont des marchés. Mais je ne compte pas violer l’arrêté Ousmane Ngom’’. Celle-ci interdit les rassemblements à caractère politique aux abords de la place Washington, du boulevard de la République et d’une partie de Sandaga.
Barthélémy Dias prêt à répondre à la convocation du juge le 1er décembre Le maire de Mermoz Sacré-Cœur a terminé sa journée mouvementée d’hier sur le plateau de la TFM, dans l’émission ‘’Faram Facce’’. Interpellé sur sa propension à susciter des tensions, Barthélémy Dias a assuré qu’il n’est en rien un homme violent. Pour prouver sa bonne foi, il s’est même dit prêt à changer son fusil d’épaule, par rapport à ses déclarations faites quelques heures plus tôt. Ainsi, a-t-il assuré : ‘’Si mon déplacement de demain (aujourd’hui) risque de provoquer des actions violentes, je renonce à cela. Je suis un homme épris de paix et je ne cherche pas à exacerber des tensions.’’ Pour assurer de sa bonne foi, le candidat de la coalition Yewwi Askan Wi a fait une autre concession sur le plateau de la TFM. En effet, son procès dans le cadre de l’affaire Ndiaga Diouf ayant été renvoyé au 1er décembre prochain, Barthélémy Dias avait déclaré qu’il ne se rendrait pas au tribunal. Dans la foulée, le ministre de la justice, Me Malick Sall, avait conseillé au socialiste de répondre à la convocation. Désormais, le maire de Mermoz-Sacré-Cœur s’est dit prêt à répondre à cette convocation. ‘’S’il risque d’y avoir des tensions, suite à mon refus de répondre à la convocation du juge, j'irai donc. Mais, je le ferai en amenant encore mes enfants’’ a-t-il promis. |
Lamine Diouf