Le dialogue de sourds entre les partis politiques
Le landerneau politique se prépare aux élections Législatives prévues en juillet prochain. Le ministre de l’Intérieur a convoqué, hier, les différentes parties prenantes pour fixer le montant de la caution pour ces échéances. Elles n’ont pas pu s’accorder sur un montant et sur le parrainage.
Les partis et coalitions de partis politiques se retrouvent, encore une, fois pour des concertations en prélude des élections législatives du 31 juillet prochain. Hier, les différentes parties prenantes ne se sont pas accordées sur un montant pour la caution. Au sortir de la rencontre tenue à huis clos, le plénipotentiaire de la majorité a rappelé que, lors des Législatives de 2017, il y avait 47 listes en compétition, malgré une caution fixée à 15 millions. Ce qui a rendu, d’après Marcel Ndiana Ndiaye, les choses difficiles, alors que l’objectif est de faire que les élections se passent correctement.
‘’Cette fois-ci, nous avons dit que la caution doit être fixée au minimum à 15 millions, mais, assortie aussi de mesures à pouvoir faire en sorte que les élections puissent se passer correctement. Il faut que ce soit couplé au parrainage’’, a-t-il dit.
Une proposition qui n’agrée pas les membres de l’opposition. La coalition Wallu Sénégal propose le même montant de 15 millions, à condition de supprimer le parrainage. Le responsable du Pds, Dr Cheikh Dieng, milite pour le même montant, afin ‘’d’éviter un émiettement du champ politique et des candidatures farfelues’’.
Par contre, la coalition Yewwi Askan Wi réclame une caution de 5 million, étant entendu que le parrainage est toujours maintenu dans le processus. ’’Nous avons fait cette proposition, parce que, nous estimons qu’étant donné que le parrainage est toujours maintenu dans le code électoral, la caution et le parrainage ont la même finalité à savoir rationaliser les candidatures, lors des élections : qu’elles soient générales ou locales, mais aussi, servir de base pour jauger la représentativité des candidats. Vu que tous les deux poursuivent la rationalité et que tous ces deux mécanismes sont toujours dans le code électoral, nous avons dit qu’il faudra faire en sorte que le second mécanisme qui est la caution soit revue à un montant qui ne soit pas une lourdeur pour les partis politiques’’, explique Aldiouma Sow.
Le membre de Pastef indique d’ailleurs que cette proposition semble obtenir plus d’adhésion. ‘’Nous espérons, cette fois-ci, contrairement à ce qui s’est passé lors des Locales, que le ministre de l’Intérieur va prendre en compte notre proposition’’.
Parrainage
En outre, les plénipotentiaires ont remis sur la table la problématique du parrainage dont l’application est prévue pour ces Législatives. Le représentant de la coalition Yewwi Askan Wi a donné l’exemple de l’élection présidentielle, pour souligner la complexité de l’exercice. ‘’Nous avons tous vécu les parrainages pendant l’élection présidentielle. Ça nécessite des moyens, une organisation et toute une logistique, alors que le délai qui nous est imparti pour collecter ces parrainages n’est pas assez long. S’y ajoute les investitures que nous devons faire’’, prévient Aldiouma Sow.
D’ailleurs, Dr Cheikh Dieng de Wallu Sénégal renseigne qu’une bonne partie des interventions qui ont été faites à huis clos ont porté sur la problématique du parrainage. Car, depuis la décision de la Cedeao qui a montré l’illégalité de ce mécanisme, le président Macky Sall refuse de déférer à cette injonction. ‘’L’essentiel des intervenants a demandé sa suppression sans délai, d’autant plus que l’Etat n’a pas les moyens d’un contrôle transparent de ce parrainage. A Wallu, notre position est que l’Etat, le Conseil constitutionnel ou tout autre démembrement, n’a pas les moyens d’un contrôle transparent du parrainage. C’est un filtre qui permet au Président Macky Sall d’amener ou d’exclure qui il veut des élections, en l’absence d’un mécanisme de contrôle transparent et connu de tous. Ce filtre doit disparaitre de notre arsenal juridique’’, martèle-t-il.
Le chargé des élections au PDS renseigne, d’ailleurs que le ministre de l’Intérieur a été interpellé sur la position officielle du gouvernement sur cette question de la suppression du parrainage, conformément à la décision de la Cedeao, mais, ils n’ont obtenu aucune réponse.
Antoine Félix Diom annonce un monitoring des actes à prendre
‘’C’est le respect de la loi électorale qui demande, avant chaque élection, de recueillir les avis, avant de fixer le montant d’une caution. Je félicite les différents participants représentant les coalitions de partis et partis politiques, ainsi que les entités regroupant les indépendants. Je leur félicite pour la qualité de leurs interventions et je dois dire que les débats se sont déroulés dans un esprit de sérénité et constructif. Nous avons pris bonne note des analyses que j'ai trouvées pertinentes, quel que soit le point de vue qui a été exprimé. Je vous remercie pour les interventions et tous les arguments qui ont été avancés par les uns et les autres pour défendre vos positions. A l’issue de ces travaux, il s’agira de prendre un arrêté fixant le montant de la caution. Nous avons un tableau de bord qui permet d’assurer le parfait monitoring de tous les actes qui doivent être pris’’, a déclaré le ministre pour clore la rencontre.
HABIBATOU TRAORE