Publié le 28 Feb 2022 - 16:01
DR ABDOURAHMANE DIOUF

‘’Nous avons une République importée’’

 

Le Magal du Kazu Rajab, qui commémore la naissance de Serigne Mouhamadou Fadel Mbacké, plus connu sous le nom de Serigne Fallou Mbacké, sera célébré ce lundi. Les hommes politiques, principalement ceux de l’opposition, étaient ce weekend dans la cité religieuse. Parmi eux, le docteur Abdourahmane Diouf. Le leader du parti Awalé n’a pas été tendre avec le pouvoir actuel.

 

Touba renoue avec le ballet des hommes politiques. Ces derniers viennent célébrer la naissance du deuxième khalife générale des mourides. Présent à Touba durant trois jours, le leader du parti Awalé a confié que ’’le Kazu Rajab est un évènement exceptionnel. C’est un digne fils du Sénégal qui est fêté, Serigne Fallou Mbacké. C’est quelqu’un que les jeunes générations devraient apprendre à mieux connaître. Malheureusement, nous sommes dans un pays où nous apprenons l’histoire des autres.  Nous apprenons les héros des autres.

Nous apprenons les récits des victoires des autres et nous ne nous connaissons pas assez.  Nous pensons que quand nous avons une journée pareille avec un héros sénégalais pareil, il faut le célébrer. C’est pourquoi nous avons choisi, au niveau du parti Awalé, de venir carrément nous installer à Touba pendant trois jours et de faire le tour de la famille de Serigne Fallou. Après la prière du vendredi, nous avons été reçus par son khalife Serigne Abo et nous avons échangé sur un certain nombre de sujets capables de faire émerger le Sénégal’’.

Il a promis de revenir voir toutes les familles maraboutiques de Touba.  Dans la cité religieuse, le leader d’Awalé dit avoir beaucoup discuté de questions d’enseignement, d’éducation et de l’université que Serigne Mountakha est en train de mettre sur place. L’ancien porte-parole du parti politique Rewmi souligne une concordance de vues sur ces questions citées plus haut avec les marabouts visités.

 Pour lui, ‘’la République que nous avons n’est pas une République foncièrement sénégalaise. C’est une République importée qui vit avec les traditions des autres, les récits des autres, l’histoire des autres, avec la vision des autres. Il est temps que nous ayons une vision pour que le Sénégal soit géré par les Sénégalais du point de vue conceptuel, intellectuel, des idées, de l’économie, de la culture et de nos croyances de façon générale’’. D’ailleurs, ajoute-t-il, ‘’nous avons la preuve, après avoir discuté avec les hommes religieux que nous avons ici, que nous n’avons pas besoin d’importer des prêts-à-penser pour les appliquer au Sénégal. Toutes les solutions sont ici. Touba a été fondée par Cheikh Ahmadou Bamba qui est ici du Baol, inconnu du monde entier et qui, aujourd’hui, a fait en sorte que ses écrits soient enseignés, y compris partout dans le monde et pourtant, c’est un Africain, un fils du Baol. Cela veut dire que si nous croyons en nous-mêmes, nous pouvons aller à la conquête du monde avec nos propres idées. Malheureusement, c’est ce que nous n’avons pas réussi à faire depuis soixante années d’indépendance et c’est ce que Touba est en train de nous enseigner’’.

 Il a salué la mise en place du musée Cheikh Ahmadou Bamba et prône la multiplication des musées partout au Sénégal, parce que dans chaque ville, il y a un musée’’.  Il a déploré le fait qu’il n’existe aucun manuel scolaire qui enseigne l’histoire de la grande mosquée de Touba. Pour lui, il est temps de changer la donne et recentrer les priorités dans notre pays, parce que nous devons avoir un socle sénégalais.  

S’exprimant sur la crise scolaire, il déplore le fait que les enseignants aient devant eux ‘’un gouvernement totalement irresponsable.  On aurait pu avoir des débats interminables sur la légitimité des revendications des enseignants, s’il n’y avait pas d’accord au préalable. Il ne faut pas mettre des Sénégalais contre les Sénégalais’’.

Sur l’allégement du panier de la ménagère, le Dr Diouf parle de saupoudrage, non sans saluer l’accord qui fixe les nouveaux prix des denrées de première nécessité. Il déplore que les fondamentaux ne soient pas réglés. Pour lui, dans trois mois, ces questions vont encore se poser.  A son avis, il faut des politiques publiques de substitution pour avoir une politique commerciale digne de ce nom.

Boucar Aliou Diallo (Diourbel)

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