Publié le 13 Sep 2012 - 09:15
ENTRETIEN AVEC... MEÏSSA SALL (SÉNATEUR, PDS)

«Je ferai ce que dira le Pds»

 

Pourquoi les sénateurs ont décidé, lors de leur réunion de la semaine dernière, de rejeter le projet de loi portant suppression du Sénat ?

 

Je voudrais d’abord préciser que le Sénat existe et qu’il sera là jusqu’au 30 septembre. Que le PDS ait pris la décision de ne pas voter cette loi constitutionnelle, je ne sais pas exactement qu’est-ce que…. Parce que je n’ai pas terminé la réunion, j’avais un décès. Je ne connais pas la décision. Même si je la connaissais, je préfère attendre la décision finale pour me prononcer.

 

Si je confirme que c’est la position de votre groupe

 

En tout cas, tout ce que mon parti décidera, je m’y engagerai.

 

Quelle est la pertinence d’une telle décision si l’on sait que la loi a beaucoup de chances de passer avec le dernier mot qui revient aux députés ?

 

Une première chose : Pape Diop (actuel président du Sénat) ne peut pas aller là-bas et parler en notre nom. Il ne considère pas les sénateurs. Il ne reçoit même pas les sénateurs, particulièrement nous les membres du Bureau.

 

Pourquoi ?

 

Personne ne le sait. D’ailleurs, je ne suis pas surpris quand il a créé ce parti (NDLR : Bokk Gis-Gis, plutôt un mouvement). Depuis trois ans, il est de mèche avec Idrissa Seck ; ça, je l’ai dit partout.

 

Qu’est-ce qui vous le fait dire ?

 

Je ne peux pas vous en donner les preuves, je te le jure…Je rappelle que j’étais flic. J’en ai la preuve. J’ai quitté la police en 1974 pour rejoindre le Parti démocratique sénégalais. J’ai été élu secrétaire général des jeunes de Dakar en 1976 au cinéma Al Akbar avec Moustapha Diakhaté.

 

Aviez-vous attiré l’attention de Me Wade sur cela ?

 

Combien de fois! Même son aide de camp (le Général Bara Cissokho) lui a dit cela. Kansoubaly (NDLR : Ndiaye), premier vice-président du Sénat, m’a dit : «Meïssa, tu as pourtant raison.» Je leur ai toujours dit que Pape Diop n’est plus avec nous. Il est assez riche. Tout son objectif, c’est de faire disparaître le parti ou Abdoulaye Wade.

 

Pape Diop a pourtant expliqué son départ du PDS par le fait qu’Oumar Sarr ait été choisi pour diriger la liste nationale aux dernières législatives.

 

(Il coupe). Lors de la dernière réunion du Bureau politique, il nous a dit que c’était à cause de ça (l’investiture d'Oumar Sarr comme tête de liste). Mais quand on l’a appelé pour lui demander de venir prendre le poste d'Oumar Sarr comme coordonnateur du PDS, il a refusé. Pourquoi n'a-t-il pas accepté alors ? En réalité, son problème, ce n’est pas Oumar Sarr, il a juste envie de disloquer le parti. Il n’y parviendra jamais de la vie. Il a formé son Gis-Gis, il a eu ce qu’il a eu. Je vous dis en passant que c’était (Pape Diop) mon meilleur ami. Pendant que tout le monde avait des difficultés, lorsque le Secrétaire général national était absent, c’était lui qui nourrissait le parti. Il faut l’avouer.

 

Vous avez perdu le pouvoir. Comment analysez-vous votre défaite?

 

C’était à cause des gens comme Pape Diop qui ont voulu que l’on perde, qu’on a perdu.

 

Pourquoi lui faites-vous porter le chapeau ?

 

Notre candidat a eu le même score au premier et au deuxième tour. Le problème est de savoir où est passé l’argent qu’il avait distribué au cercle maraboutique et à Pape Diop ?

 

Vous semblez minimiser les mouvements de contestation du 23 juin

 

Cela n’a rien avoir avec notre défaite. On prête au mouvement Y en a marre des pouvoirs qu’il n’a pas. Je disais que nous sommes dans un Etat qui n’a pas de président. Parce que lorsqu’un ministre français se lève pour aller rencontrer un mouvement sans fondement, c’est un danger. Macky n’ose pas aller en France pour rencontrer les indépendantistes basques. Il n’ose pas ! Alors pourquoi ils ont permis à Laurent Fabius (NDLR : ministre français des Affaires étrangères) d’aller rencontrer Y’en a marre ? Pourquoi ?

 

Que pensez-vous de la crise entre le Sénégal et la Gambie ?

 

J’ai apprécié l’intervention de Mame Less Camara disant : «Attendons de voir.» Quand la loi gambienne dit c’est ça, c’est ça. Ce qu’on reprocherait au président Jammeh, c’est au moins d’informer les autorités sénégalaises avant de les exécuter. Mais Ouza (musicien sénégalais) a raison, on ne peut pas le condamner. En Arabie Saoudite, on tue, on coupe les bras, il n’a pas protesté. Néanmoins, moi je suis contre la peine de mort.

 

PAR DAOUDA GBAYA

 

 

 

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