La délégation sénégalaise est prête
Pour cette 27e édition, l’Égypte accueillera la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La délégation sénégalaise, dirigée par le ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, M. Alioune Ndoye, compte y apporter les solutions idoines dans la lutte contre le changement climatique.
La réunion préparatoire de la délégation du Sénégal à la 27e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques s’est tenue hier à Dakar. Présidée par le ministre de l'Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique Alioune Ndoye, avec la participation du ministre du Pétrole et des Énergies, elle a été l’occasion, pour le ministre de tutelle, de rappeler l’importance de cette conférence qui se tiendra du 6 au 18 novembre prochain à Sharm el-Sheikh, en République arabe d'Égypte, dont l’objectif est, d’après lui, de faire de cette Cop27 ‘’une Cop dans laquelle nous allons commencer à mettre en œuvre les engagements faits à travers l’Accord de Paris’’.
Selon le directeur du Comité national pour le changement climatique Libasse Ba, cet accord dont il s’agira d’en débattre, afin d’en obtenir des résultats satisfaisants pour le continent, ‘’est plus qu’un cadre, plus qu’un ensemble de règles et de règlement. C’est une alliance d’espoir avec les peuples du monde qui nous aideront à faire avancer notre trajectoire actuelle vers un meilleur destin’’.
Cette 27e édition de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en terre africaine intervient, d’après le ministre, à un moment où la communauté internationale se trouve à la croisée des chemins, avec l’obligation de prendre des mesures urgentes pour maintenir à portée de main l'objectif de l'Accord de Paris adopté en 2015 et entré en vigueur depuis 2016, qui consiste à limiter le réchauffement de la planète nettement en dessous de 2°C, voire 1,5°C au cours de ce siècle.
En effet, ‘’le dernier rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat, le GIEC, confirme que le changement climatique est d’origine anthropique et affecte l’ensemble des régions du monde’’. Alioune Ndoye, se référant toujours audit rapport, ajoute que ‘’les événements climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les inondations, les sécheresses et les cyclones sont plus fréquents et plus intenses. Cette tendance se renforcera et il est fort probable que les événements extrêmes tels que les canicules, les feux de forêt par exemple, seront plus nombreux. Si la trajectoire d’émissions actuelle se poursuit, le réchauffement dépassera 1,5°C au cours des 20 prochaines années et pourrait atteindre 5,7°C à la fin du siècle, dans le scénario le plus pessimiste. D’ici 2100, l’élévation du niveau de la mer pourrait atteindre un mètre. L’augmentation des émissions de CO2 entraînera une diminution de l’absorption par les puits de carbone tels que les océans et les forêts’’.
‘’L’heure est alors venue de réclamer la justice climatique’’
Ainsi, face à cette situation inquiétante, M. Ndoye estime que chaque action compte pour limiter les effets du changement climatique sur les communautés et les écosystèmes. ‘’C’est pourquoi, dans le cadre de sa politique climatique, le gouvernement du Sénégal a pris le soin d’orienter ses choix vers des options sobres en carbone et résilientes au changement climatique, en tenant compte, bien entendu, des circonstances spécifiques de notre pays. Cette volonté politique affichée par notre pays transparaît dans notre contribution déterminée au niveau national (CDN) qui, sur la base des orientations du Plan Sénégal émergent (PSE), fixe nos engagements en matière de lutte contre les changements climatiques’’, renchérit le ministre.
L’irresponsabilité des émissions de gaz à effet de serre du Sénégal qui est aussi victime dans le monde, n’entrave en rien son engagement dans la lutte.
C’est ainsi que le ministre du Pétrole et des Énergies, Sophie Gladima, a tenu à rappeler que ‘’l’Afrique participe de façon marginale aux émissions globales. Le dernier rapport du GIEC mentionne que des émissions du continent ne participent qu'à 3,5 % des émissions globales. Pourtant, lorsqu'il s’est agi de s’engager à réduire les émissions dans le cadre de l’Accord de Paris, l’Afrique, le Sénégal de façon très spécifique, a fait des efforts significatifs dans ces CDN. Mieux, dans le cadre de la définition de sa politique énergétique, le gouvernement du Sénégal a misé sur un mix énergétique avec l’utilisation de renouvelables qui a atteint aujourd’hui 30 % et compte maintenir, voire augmenter ce gap jusqu’à 35 % pour respecter les engagements pris dans de telles circonstances. Il convient de dire que nous en avons assez fait pour participer à la dynamique mondiale contre les changements climatiques. L’heure est alors venue de réclamer la justice climatique et exiger la prise en compte de nos préoccupations’’.
En effet, les retombées du changement climatique accentuées par l'érosion côtière, les inondations, la salinisation des sols, la perturbation de notre système agricole qui ont fini de fragiliser équilibres sociaux et économiques et qui échappent aux efforts considérables déployés par nos États, affectent le plus le continent africain, d’après Mme Gladima.
Les résultats attendus
La délégation sénégalaise, parmi les 35 000 participants attendus à cette rencontre, aura la lourde tâche d'assurer la présidence de l’Union africaine, la présidence de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement et celle du Groupe de négociation des pays les moins avancés. De ce fait, il incombe au pays ‘’la responsabilité de porter les décisions de ces instances, notamment la déclaration ministérielle de Dakar du groupe de PMA sur le changement climatique et la décision 18/4 de la 18e Session ordinaire de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement relative à la Cop27, adoptées à Dakar au mois de septembre passé. Ces décisions dégagent les messages clés et les positions de négociation sur les questions stratégiques qui seront discutées à Sharm el-Sheikh dont je voudrais en rappeler quelques-unes'', a fait savoir le ministre Alioune Ndoye.
D’abord, sur le financement de l’action climatique, la Cop27 doit déboucher sur des résultats financiers ambitieux, notamment sur la mobilisation des 100 milliards de dollars US promis par les pays développés. Elle doit aussi engendrer des progrès significatifs dans la définition du nouvel objectif de mobilisation collective de financement pour 2025.
Ensuite, en ce qui concerne l’adaptation aux effets des changements climatiques, le dernier rapport du GIEC souligne la progression exponentielle des besoins de l’Afrique en matière d'adaptation. C’est pourquoi l’Afrique est en droit d’attendre de la Cop27 un résultat ambitieux sur l'adaptation. Ce résultat doit comporter, entre autres, une décision sur l'objectif mondial sur l'adaptation, comme c’est déjà le cas pour l’atténuation avec un objectif clair de limitation de la température du globe, la matérialisation dans les délais requis de l’engagement pris l’année dernière à Glasgow de doubler le financement de l'adaptation et d’assurer la transparence dans la mise à disposition et le suivi des financements alloués aux pays en développement, a-t-il souligné.
Parlant du registre de la transition juste et de la mise en œuvre des CDN, Alioune Ndoye a précisé que ‘’l’Afrique et les PMA ont plus que jamais besoin de promouvoir un développement durable et résilient au changement climatique. Pour ce faire, un soutien financier et technologique est nécessaire pour promouvoir une transition juste vers une trajectoire de développement sobre en carbone, tout en évitant un alourdissement de l’endettement que pourrait accroître la crise climatique. La Cop27 doit garantir des engagements et des investissements significatifs pour les énergies renouvelables et soutenir les dimensions sociales et l'équité qu’exige la transition juste’’.
ARAME FALL NDAO (STAGIAIRE)