Publié le 31 Mar 2023 - 13:22
VIOLENCES EXERCÉES SUR DEUX JOURNALISTES

La Cap et l’Apes dans une colère noire

 

Les violences exercées avant-hier par la police sur deux journalistes ont été condamnées et dénoncées par la Cap et l'Apes. Elles viennent s’ajouter à une longue liste de violations des droits des journalistes.

 

Depuis des mois, les professionnels des médias sénégalais font l'objet d'une violence inouïe de la part des forces de défense et de sécurité (FDS). Si des blessés ne sont pas notés, ce sont des interpellations et des brimades venant d’elles. Les vidéos attestant de tels faits inondent les réseaux sociaux et le Net.

Ce mercredi, c’est l’une des camerawomen de Témoin média, Yacine Thiam, qui a été heurtée par un véhicule particulier, alors qu’elle tenait de se sauver, suite à une charge de la gendarmerie lors d’un point de presse improvisé par des députés et leaders de la coalition Yewwi Askan Wi aux alentours du siège du PRP. Ces derniers venaient d’être empêchés d’entrer dans lesdits locaux, pour y tenir une réunion.

La jeune journaliste a été transportée dans une clinique avant d’être évacuée aux urgences de l’hôpital Principal de Dakar où elle doit subir une intervention chirurgicale à cause d’une fracture. Les organisations de la presse ont été à son chevet jusque tard dans la soirée avec la hiérarchie de son média et des membres de sa famille.

Face à cette énième forfaiture, la Coordination des associations de presse (Cap) est montée au créneau. D’autant qu’en plus de cet incident, elle informe de l’agression suivie d’une interpellation de notre confrère et correspondant de l’Agence France-Presse (AFP), Magatte Gaye. Il a été, d'après elle, pris à partie par des agents de la police, alors qu'il couvrait la tentative des étudiants de l’opposition à braver l’interdiction préfectorale de la marche initiée par la coalition Yewwi Askan Wi.

"Le journaliste a été blessé dans sa chair, parce que, selon ses témoignages, il a été roué de coups par un policier. Il a été jeté dans un fourgon, "insulté et agressé" par d'autres officiers à l'intérieur du véhicule de police. Magatte Gaye dit aujourd'hui souffrir de "contusions musculaires" attestées par un certificat médical. Le plus grave, c'est que les policiers n'ont même pas tenu compte de la carte nationale de presse que le confrère avait accrochée à son cou’’, dénonce la Cap, qui dit son indignation et son inquiétude face à la récurrence des agressions contre les représentants des médias sur le terrain.

‘’Si toutes les organisations des médias travaillent à mettre de l’ordre dans le secteur avec l’établissement de la carte nationale de presse, le renforcement du Cored et aussi la tenue prochaine des assises nationales, c’est pour mettre en place les conditions d’exercice d’une presse professionnelle, libre et responsable avec tout ce que cela implique", souligne la Cap. Elle martèle qu'il n’est pas acceptable que ceux qui doivent protéger et veiller à la sécurité des professionnels des médias qui sont tenus d’exécuter des dispositions constitutionnelles, notamment le droit au public à une information juste et plurielle, s’érigent en agresseurs de façon gratuite et habituelle.

"Après avoir constaté la récurrence des accrochages entre manifestants et forces de défense et de sécurité, la Cap, par le biais du secrétaire général du Synpics, avait introduit une demande d’audience auprès du ministre de l’Intérieur. Cette rencontre devrait être l’occasion d’aller vers des travaux structurants qui permettraient de fixer les limites entre ces deux parties prenantes. Des modalités de coexistence pacifique peuvent ainsi être définies à l’occasion d’un commun accord. Dans un contexte de surchauffe, la Cap a mis en place un dispositif de veille afin de s’assurer d’une couverture professionnelle des événements, mais aussi de l’intégrité physique des professionnels des médias engagés sur le terrain. Elle invite les consœurs et confrères à rester chevillés aux principes fondamentaux qui régentent notre métier", termine la note.

L’Apes dénonce une ‘’violence gratuite et inouïe que rien ne peut justifier’’

Même son de cloche du côté de l’Association de la presse étrangère au Sénégal (Apes). Elle déclare avoir appris avec indignation les violences de la police sénégalaise sur un journaliste du Bureau régional de l’Agence France-Presse (AFP) à Dakar, qui couvrait une manifestation à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, dans la journée du mercredi 29 mars 2023.

Selon la note, le reporter, qui faisait partie d’un groupe de reporters sur les lieux, a été brutalisé avec des coups de points sur le corps et derrière la tête, puis embarqué dans un véhicule de la police, avant d’être relâché plus tard. "L’Apes condamne fermement cette violence gratuite et inouïe que rien ne peut justifier contre le journaliste, d’autant plus qu’il n’a pas provoqué, en plus, il était facilement identifiable et reconnaissable comme journaliste. L’association exprime sa totale solidarité et son soutien sans faille à l’équipe du bureau AFP Dakar et souhaite un prompt rétablissement à son collaborateur, injustement brutalisé", tonne le président de l’Apes Ibrahim Soumaré.

CHEIKH THIAM

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