Publié le 20 Apr 2023 - 20:09
EXPLOITATION DU ZIRCON DE NIAFRANG

Les trois conditions des populations

 

Les populations de Niafrang et environ disent ne plus s’opposer à l’exploitation du zircon, mais listent au ministre de tutelle trois mesures indispensables à la réalisation du projet. 

 

Après avoir mûri à l’épreuve de cette affaire qui avait défrayé la chronique il y a bientôt cinq ans dans la région sud du pays et conscientes des retombées économiques et sociales pour les communautés, les populations concernées, qui ne s’opposent plus à l’exploitation du zircon de Niafrang ont, dans une lettre adressée au ministre des Mines et de la Géologie, exprimé, en trois points, leur ‘’position ferme’’.

Celle-ci résulte de la rencontre convoquée le jeudi 29 septembre 2022 par le sous-préfet de Kataba 1, à Diouloulou, suite à une demande adressée par le ministre Oumar Sarr au gouverneur de Ziguinchor. Cette réunion avait pour objet de recueillir l’avis des populations sur un éventuel renouvellement du permis d’exploitation d’Astron ou de son associé Senegal/Minerals Resources en charge de l’exploitation du zircon. Faut-il le rappeler, cette rencontre s’est tenue en présence du commandant de brigade territoriale de Diouloulou, des représentants de la mairie, de tous les chefs de village, des imams, du curé, des responsables des jeunes et des femmes des villages concernés par le projet.

Au cours de cette réunion, les populations avaient clairement exprimé leur position aux autorités compétentes. En effet, dans une lettre en date du 11 avril 2023, adressée au ministre Oumar Sarr, les éventuels bénéficiaires du projet lui ont rappelé les décisions arrêtées lors de cette rencontre du 29 septembre 2022. Correspondance dans laquelle les autochtones disent ne plus s’opposer à l’exploitation du zircon, mais elles demandent, ‘’avec force’’, leur implication dans l’étude d’impact environnemental et social conformément à l’arrêté n°9468 MJEHP-DEEC du 28 novembre 2001 portant réglementation de la participation du public à l’étude d’impact environnemental.

La deuxième exigence concerne les sociétés chargées de la réalisation du projet. Les populations ‘’récusent vigoureusement et de façon définitive les sociétés Astron et Sénégal/Mineral Ressources et leur représentant Ibrahima Diaw ou toute autre société qui leur serait apparentée, en raison de la préservation du tissu social largement détérioré par les agissements de ces sociétés en dix ans de tergiversations dans leur terroir’’.

Enfin, les populations affirment leur volonté ‘’d’accompagner toute société disposée à respecter la préservation du cadre de vie et à tenir compte du bien-être des populations, dans le cadre de l’exploitation de la mine. Dans le même registre, les populations disent être grandement surprises d’apprendre que le ministère a renouvelé le permis d’exploitation d’Astron ou de Senegal/Minerals Ressource. Celles-ci rappellent au ministre Oumar Sarr ‘’leur farouche opposition à ce renouvellement et avertissent qu’elles feront usage de tous les moyens légaux pour l’exprimer’’.

Conséquences sociales

Pour rappel, en mai 2017, une autorisation d’exploitation de petite mine de minéraux lourds sur le périmètre correspondant à la dune de Niafrang, avait été attribuée à la société Astron Limited. Mais au moment où cette société orientait ses actions vers le démarrage du projet qui concernent les quatre villages de Niafrang, Kabadio, Kounkoudiang et Bandjikaky, de nombreuses voix se sont élevées pour s’opposer à l’exploitation de ce minerai. Elles accusaient la société d’avoir violé l’arrêté n°9468 MJEHP-DEEC du 28 novembre 2001 portant réglementation de la participation du public à l’étude d’impact environnemental.

Cette frange de la population avait, dit-elle, relevé ‘’des manquements sérieux dans le processus ayant conduit à cette attribution’’, soulignant, par ailleurs, que les intérêts des populations dans le cadre de l’exploitation du zircon n’étaient pas bien définis.  Cette situation a engendré de vives tensions au niveau de la communauté. Elle a détruit des relations familiales entre les partisans du ‘’oui’’ et ceux du ‘’non’’ et déchirer le tissu social de la communauté.

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts.

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

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