Publié le 24 Sep 2012 - 22:45
ENTRETIEN-MAMADOU LAMINE DIALLO, DÉPUTÉ (suite et fin)

«Le développement du Sénégal, c’est l’affaire des Sénégalais»

 

 

 

Pourquoi ?

 

C’est un constat. Nous sommes allés aux élections, on a eu un député, donc nous savons parfaitement que nous sommes minoritaires. Si le président de la République fait le même constat que nous en disant que nous allons mettre en place une commission de révision avec Amadou Makhtar Mbow, c’est certainement pour rediscuter des conclusions des Assises nationales en l’élargissant aux gens du Parti démocratique sénégalais. C’est une manière élégante d’ouvrir le débat. On va y aller pour défendre notre point de vue. Si ces consensus vont dans le sens de l’intérêt des Sénégalais, nous sommes preneurs. Si c’est pour retarder le Sénégal, nous ne sommes pas d’accord et nous allons le combattre.

 

La question de la nationalité est revenue dans l'actualité. Vous aviez soulevé le débat là-dessus ?

 

Le Conseil constitutionnel ne peut pas ne pas regarder la question de l’exclusivité de la nationalité sénégalaise pour les candidats à l’élection du président de la République. Je leur avais moi-même écrit, mais ils (les membres du Conseil constitutionnel) ne m’ont jamais répondu. Ils estiment qu’une déclaration sur l’honneur suffit ! Lors des concertations, nous allons sûrement poser cette question. J’avais posé le débat car le Mouvement citoyen et populaire exige qu’on respecte la Constitution et les lois. L’autre chose, c’est l’exigence patriotique. Nous sommes dans un monde de compétition où il faut défendre, chaque Sénégalais en ce qui le concerne, les intérêts du Sénégal. Donc, nous devons nous assurer que ceux qui ont en charge nos décisions publiques sont des patriotes engagés.

 

Le gouvernement a remis en place la Cour contre l’enrichissement illicite. Mais on ne sent pas les choses bouger ?

 

Le gouvernement a pris deux séries de mesures qui n’ont pas été peut-être bien explicitées. Ce sont les rapports réalisés sous Abdoulaye Wade par les organes compétents. Le nouveau régime les a transmis au niveau de la justice. La justice fait son travail. Nous sommes satisfaits. Maintenant, ce qui choque les populations, c’est que quelqu’un qui est poursuivi par la justice puisse utiliser les mêmes biens volés des populations pour se soustraire de la Justice et bénéficier d’une liberté provisoire. On me l’exprime tous les jours. Peut-être que la justice n’est pas suffisamment contraignante, je n’en sais rien. La deuxième mesure, c’est la Cour de l’enrichissement illicite. C’est vrai que c’est un travail difficile. Lorsque cette Cour veut s’adresser à d'autres pays, elle se heurte à des difficultés. Ce n’est pas simple. C’est très compliqué. D’ailleurs, la dame de Transparency international l’a bien dit (NDRL : dans l’interview qu’elle a accordée à EnQuête du week-end des 22 et 23 septembre). Ces gens-là (présumés avoir détourné des deniers publics) ont des conseillers financiers et juridiques astucieux. Dans le premier Benno que nous avions au début, j’avais proposé que nous ayons une loi qui permette de procéder à des nationalisations.

 

C’est-à-dire ?

 

Il faut renverser la perspective. Si nous devons mettre 17 ans pour recouvrer nos biens qui sont à l’extérieur, nous ne devons pas faciliter la tâche également à ceux qui sont au Sénégal. Par exemple, si nous savons que tel immeuble n’a pas été acquis de manière licite, on le nationalise et il est mis à la disposition de l’Etat sénégalais. Celui qui n’est pas content attaque en justice, mais il mettra 17 ans pour prouver que ce bien lui appartient.

 

Faudrait-il que l’on change la loi ?

 

Bien sûr que oui ! Je ne peux pas comprendre que la privatisation de Suneor (NDLR : ex-Sonacos) n'ait pu coûter que 5 milliards de francs Cfa, alors que le seul patrimoine immobilier de cette entreprise dépasse cette somme. Il faut que l’Etat revoie tout cela ! C’est pareil pour les Industries chimiques du Sénégal. On ne peut pas me dire que les ICS coûtent 40 milliards de francs Cfa. C’est inacceptable ! On en a besoin pour notre politique industrielle.(…)

 

Daouda GBAYA

 

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