Assome Diatta crée son parti et se présente à la Présidentielle de 2024
L’ancienne ministre sous Macky Sall a décidé de se jeter dans la mare politique, en créant sa formation politique du nom de Parti du progrès social collectif (PSC-Jappo). Aminata Assome Diatta explique son choix d’être candidate à la prochaine Présidentielle.
‘’Changer la vie des gens, en particulier les plus fragiles, est la base de mon engagement politique. Pourquoi un haut fonctionnaire qui aurait pu tenter une carrière internationale, décide de rester et faire de la politique avec la complexité de ce terrain, ses coups-bas, ses déceptions et ses trahisons ? J’ai décidé de m’engager en politique par reconnaissance, gratitude et fierté pour mon pays. Je dois quelque chose au Sénégal. Ce pays m’a tant donné. Je dois lui rendre quelque chose’’, a déclaré, hier, l’ancienne ministre du Commerce et des PME, lors de son meeting de rentrée politique à Keur Massar. Elle a lancé sa formation politique : le Parti du progrès social collectif (PSC-Jappo).
D’après Aminata Assome Diatta, le problème majeur des Sénégalais, c’est le chômage avec son corolaire qu’est la pauvreté, en particulier la pauvreté des jeunes, la pauvreté juvénile. Les jeunes, d’après elle, n’ont plus l’espoir d’une vie meilleure dans leur propre pays. Et qu’est-ce qu’ils font ? Ils vont chercher leur avenir ailleurs, en prenant des risques incalculables et affrontent la mer, en affrontant la mort au grand désespoir de leurs parents, de leurs épouses et de leurs enfants.
‘’Il faut mettre fin à cette catastrophe, à ce désespoir mortel, ajoute-t-elle. De la même façon que Hollande, un président au Sénégal doit se dire : ‘Si je ne parviens à créer plus d’emplois, à faire entrer en moyenne trois salaires dans une famille, ce n’est pas la peine de solliciter un second mandat.’ C’est ce que j’appelle le progrès social, la mobilité sociale. Cette mobilité économique, si nous n’arrivons pas, au bout de cinq ans, à amorcer un début de progrès, je crois que ce n’est pas la peine de solliciter encore la confiance de ses compatriotes’’.
Ce faisant, elle a décidé de tenter sa chance en 2024. ‘’On est prêt pour aller gagner la Présidentielle, les Législatives et les Locales. Dans la solidarité, on va tout rafler. On va aller prendre les mandats de la Présidentielle 2024, des Législatives et des Locales. C'est le chemin qu'on s'est tracé pour les prochaines élections. Soyons unis et regardons dans la même direction pour aller à l'assaut des prochaines échéances électorales, dans les prochains mois et prochaines années’’, dit-elle.
Raisons de son adhésion à l’APR
Lors du meeting, elle est revenue sur son compagnonnage avec Macky Sall. Elle a rappelé avoir adhéré à l’APR en 2015, parce que son leader, Macky Sall, avait fini de la convaincre et qu’elle avait activement participé au referendum de 2016 et aux élections législatives de juillet 2017. Elle ajoute s’être investie aussi bien à Ziguinchor qu’à Bignona. Après ces élections, ses camarades et elle avaient fait l’évaluation de leur compagnonnage au sein de l’APR. ‘’Nous avons jugé utile d’apporter des changements majeurs dans notre façon de faire de la politique. J’ai poursuivi mon ancrage dans le département de Bignona et dans la région de Ziguinchor de façon générale. J’ai d’abord rencontré le président en février 2016. Ma deuxième rencontre, c’était le 21 mars 2018.
C’est au cours de cette rencontre que j’ai eu une entrevue de quelques minutes avec le président. Au cours de cette rencontre, je lui ai fait part de mon engagement politique à Ziguinchor. Il m’a conseillée de chercher une autre base à Keur Massar. Après ma rencontre avec les responsables de Keur Massar, je me suis rendue à Ziguinchor. Mes camarades et moi avions tenu une assemblée générale en 2018 avec les coordonnateurs de comité. Au cours de cette rencontre, les membres ont indiqué qu’ils n’étaient pas satisfaits du compagnonnage au sein de l’APR et que si nous voulions aider le président, il nous fallait prendre nos responsabilités et travailler de façon autonome. Nous avons alors convoqué une assemblée générale en 2018 pour un remue-méninge avec les membres et avons créé le mouvement’’, rappelle-t-elle.
Lors des dernières élections locales, dit-elle, elle s’est battue avec abnégation, elle a incarné la coalition BBY. ‘’Nous étions une force qui faisaient peur. Malheureusement, nous avons perdu les élections. Lors des Législatives, sans l’avoir cherché ni demandé, j’ai été désignée tête de liste de la coalition BBY. Nous avons parcouru le département de fond en comble. Nous sommes allés à la rencontre des Massarois dans leur immense majorité. Nous n’avons pas gagné, mais nous avons augmenté le score département de 11 000 voix par rapport aux élections départementales et commencions à nous faire confiance au sein de l’APR, de BBY. Nous commencions à former une vraie famille’’, dit-elle.
‘’J’ai compris qu’ils essayaient de me liquider politiquement’’
Le 18 septembre 2022, Macky Sall a décidé de mettre en place un nouveau gouvernement. Elle n’y figurait pas et elle l’a remercié pour la confiance accordée pendant toutes ces années. ‘’Certains d’entre nous étaient dévastés. Je les rassurai et disais que le président ne pouvait faire autrement. Certains d’entre nous pensaient que c’était un signe de méconnaissance de la base de Jappo, un manque de respect. Il fallait sortir de Benno et créer notre parti. Ma réponse a été que je restai fidèle au président, car mon compagnonnage avec lui n’était pas basé sur des postes de responsabilités, mais plutôt sur une conviction. Le 5 octobre 2022, j’ai tenu le même discours à certains de nos camarades de Ziguinchor qui souhaitaient notre sortie de la coalition BBY. Le 8 octobre 2022, le président a eu l'amabilité de me recevoir en audience. Au cours de celle-ci, nous avons abordé plusieurs sujets et en particulier les élections municipales et législatives. Il m'a demandé d'observer une pause et de tenter une carrière internationale. Je lui ai indiqué que je n’avais nullement l’intention d’aller au niveau international et que je réfléchissais à ma carrière. Il m’a demandé de lui revenir quand j’aurai fini de réfléchir. J'ai marqué une pause’’, indique-t-elle.
A la suite de cette audience, elle a saisi les différentes bases auxquelles elle a expliqué la situation. Dans chaque localité, les responsables et militants se sont concertés et ont adopté une résolution. ‘’La conclusion a été de quitter l’APR et de poursuivre la massification de Jappo. Mais ils ont réitéré leur souhait de rester dans la coalition. J’ai informé les responsables de l’APR avec lesquels je travaillais sur mon entretien avec le président et de ma décision de me concentrer sur les activités du mouvement jusqu’à ce que le président se décide. J’en ai fait de même pour les responsables de BBY du département. Les responsables de la coalition au niveau départemental ont refusé mon départ. Ils se sont mobilisés comme un seul homme et se sont battus. Ils ont d’abord organisé un Sargal le 30 octobre 2022 au cours duquel ils ont adressé un message poignant au président. Certains m’ont demandé de me déterminer, qu’ils allaient me suivre. Je leur ai répondu dans mon discours qu’on ne prend pas une décision sous le coup de la colère’’.
Elle ajoute : ‘’Voulant poursuivre notre compagnonnage, les responsables des partis alliés ont multiplié les initiatives. Ils ont signé une lettre adressée au président Ils ont rencontré des responsables de l’APR. Ils ont rencontré des responsables nationaux de Benno, sans succès. Sauf pour la venue de Cheikh Kanté dont j’ai été informée à la dernière minute, je n’ai été associée à aucune rencontre. J’ai compris qu’ils essayaient de me liquider politiquement. D’ailleurs, ils prédisaient ma mort politique.’’
CHEIKH THIAM