26% des ménages sont de la classe moyenne au Sénégal
Des chercheurs de plusieurs universités ont mené une étude dans des pays de l’Afrique de l’Ouest, pour y mesurer la classe moyenne. Elle renseigne, entre autres, que la ‘’taille de la classe moyenne par sexe représente 26% des ménages au Sénégal’’.
Une étude intitulée : "Mesure de la classe moyenne : la nécessité d’aller au-delà de l’approche monétaire" a été menée entre Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. L’objectif est de proposer une définition de la classe moyenne, plus adaptée au contexte de ces pays de l’Afrique de l’Ouest. Ainsi, l'étude a évalué la taille de la classe moyenne, en général, et féminine en particulier en utilisant une approche multidimensionnelle, pour répondre à la question suivante : dans une optique multidimensionnelle, quelle est la taille de la classe moyenne au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, en particulier, celle féminine et quel est le profil de cette dernière ?
En effet, l’approche multidimensionnelle de mesure de la classe moyenne va au-delà de l’analyse unidimensionnelle (ou monétaire) qui suppose que seul le revenu (ou la dépense de consommation) est une bonne prédiction du statut de classe moyenne de l’individu. Elle capte plusieurs acquisitions recensées dans des dimensions. Des auteurs insistent également sur le fait que l’utilisation d’une approche multidimensionnelle entraine des résultats plus robustes que ceux d’une mesure monétaire, surtout dans le contexte des pays en développement tels que le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal.
Ainsi, les résultats de l'étude ont montré que les ménages dont le chef est instruit font vider leurs fosses septiques par des camions vidangeurs, ont des maisons connectées à de l’électricité et à de l’eau courante, et le matériau de construction de leurs logements est de meilleure qualité. En outre, le nombre moyen de téléphones portables et de salons de ces ménages est plus élevé. Au total, le capital humain semble caractériser les ménages ayant un niveau de confort plus élevé et donc appartenant à la classe moyenne.
"La taille de la classe moyenne par pays et par sexe représente 26% des ménages au Sénégal, 21% en Côte d’ivoire, 11% au Bénin et 9% au Burkina Faso. Ainsi, la classe moyenne constitue une proportion significative au Sénégal et en Côte d’Ivoire, alors qu’elle est encore embryonnaire au Bénin et au Burkina Faso. La classe moyenne féminine est relativement importante au Sénégal et très faible dans les trois autres pays. Au Sénégal, les chefs de ménage femmes représentent 32% de la classe moyenne contre 18% en Côte d’Ivoire, 12% au Bénin et 10% au Burkina Faso. Ainsi, le grossissement de la taille de la classe moyenne s’accompagne d’une proportion plus importante de femmes", renseigne l'étude.
Elle révèle aussi que le profil de la classe moyenne féminine varie d’un pays à l’autre, mais avec quelques similitudes. Les principales dimensions qui définissent la classe moyenne varient d’un pays à un autre, mais la dimension logement est toujours la plus importante pour les quatre pays. Cette dimension est suivie de celles, entre autres, de l’énergie utilisée par le ménage et du capital humain.
Au Sénégal, ce sont les ménages dirigés par des femmes divorcées qui dominent la classe moyenne
En outre, le poids des femmes des différentes classes sociales dans la population féminine dans les quatre pays à l’échelle ménage, selon le document, est relativement plus importante au Sénégal (44,84%) et au Bénin (43,707%), comparé au Burkina Faso (42,98%) et à la Côte d’Ivoire (35,75%). En revanche, c’est au Sénégal (34,7%) et en Côte d’Ivoire (33,33%) que l’on enregistre une concentration plus forte de femmes, chefs de ménage, appartenant à la classe supérieure.
Quant à la classe inférieure, son poids est relativement plus élevé au Bénin et au Burkina Faso. "En effet, la classe moyenne féminine pure domine, mais est relativement plus consistante au Sénégal et en Côte d’Ivoire qu’au Bénin et au Burkina Faso. La classe moyenne féminine pure représente près de la moitié de la classe moyenne respectivement au Sénégal et en Côte d’Ivoire. En revanche, c’est au Sénégal et au Burkina Faso que la classe moyenne féminine supérieure est plus importante. A contrario, les proportions les plus élevées de la classe moyenne féminine inférieure sont observées au Bénin et au Burkina Faso. Selon le milieu de résidence, la proportion de femmes chefs de ménage, classées dans la classe moyenne féminine varie. Au Sénégal et en Côte d’Ivoire, près de deux femmes, chefs de ménages, sur trois appartenant à la classe moyenne résident en milieu urbain", renseigne le document.
À l’exception du Bénin, la classe moyenne selon les chercheurs, est dominée par des femmes n’ayant aucun niveau d’instruction. Au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, la classe moyenne féminine est dominée par des ménages dirigés par des femmes ayant contracté une union libre. Au Sénégal, ce sont les ménages dirigés par des femmes divorcées qui dominent la classe moyenne féminine tandis qu’au Bénin, la classe moyenne féminine est dominée par des ménages dirigés par des femmes séparées.
Globalement, les industries extractives, le commerce et les services personnels sont des secteurs de prédilection des femmes, chefs de ménages appartenant à la classe moyenne au Bénin et au Burkina Faso. En Côte d’Ivoire, ce sont les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, des BTP et de l’élevage qui polarisent l’essentiel des femmes, chefs de ménages appartenant à la classe moyenne féminine. Quant au Sénégal, ce sont les secteurs des autres industries, du commerce et de l’élevage et de la pêche qui y concentrent les femmes, chefs de ménages appartenant à la classe moyenne féminine.
CHEIKH THIAM