Une lettre de protestation a été déposée au ministère de l’Intérieur
Les organisations politiques et les mouvements citoyens membres de la plateforme dénommée Le Chemin de la libération ont déposé, hier, au ministère de l'Intérieur, une lettre de protestation contre les interdictions arbitraires et systématiques des manifestations pacifiques.
Entre le mois de juin et celui de juillet, le gouverneur de Dakar, sous le commandement du ministre de l'Intérieur, a interdit beaucoup de manifestations de l'opposition. Et ce n'est pas seulement à Dakar, même dans les autres régions, les manifestations ont été interdites. C'est pourquoi les organisations politiques et les mouvements citoyens membres de la plateforme Le Chemin de la libération ont déposé hier ; au ministère de l'Intérieur ; une lettre de protestation.
"Nous, organisations politiques et mouvements citoyens membres de la plateforme dénommée Le Chemin de la libération, d'une part, et engagés pour la libération de tous les détenus politiques, d'autre part, vous adressons cette lettre pour exprimer avec véhémence notre protestation contre les interdictions systématiques de manifestations au Sénégal", lit-on sur les premières lignes de la lettre.
Ainsi, poursuit-on, "en tant que fervents défenseurs des principes fondamentaux de la démocratie et de la liberté d'expression, nous observons avec une profonde inquiétude les manœuvres entreprises par le ministère de l'Intérieur et le commandement territorial pour systématiquement restreindre et réprimer toutes les manifestations pacifiques organisées par la plateforme Le Chemin de la libération et d'autres citoyens".
Selon les auteurs de ladite lettre, les mesures d'interdiction prises par les autorités administratives souffrent, en réalité, d'un défaut de base légale et factuelle. "À titre d'exemple, nous avons constaté à Mbacké qu'un préfet a justifié l'interdiction d'une manifestation en février 2023, en se référant à une disposition du Code pénal, en lieu et place des dispositions pertinentes du référentiel juridique principal régissant l'exercice des réunions, à savoir la loi n°78-02 du 29 janvier 1978 relative aux réunions", rappelle-t-on. À Dakar, soutient Le Chemin de la libération, les motifs d'interdiction régulièrement avancés par les autorités administratives sont très légers.
En effet, les risques de troubles à l'ordre public et les entraves à la circulation des personnes et des biens ne constituent pas des motifs suffisants d'interdiction, selon la loi n°78-02 du 29 janvier 1978, note-t-on. Dans les faits, justifie la plateforme, le choix d'une manifestation planifiée pour un samedi démontre la sincérité des manifestants à éviter les perturbations de la circulation des personnes et des biens.
"Conformément au principe énoncé par la loi de 1978, l'interdiction d'une réunion publique est soumise au respect de deux conditions cumulatives. La première concerne l'existence de véritables menaces de troubles à l'ordre public, tandis que la seconde renvoie à l'insuffisance des forces de défense et de sécurité", lit-on. En d'autres termes, explique la plateforme, même en cas de risques de troubles à l'ordre public, il revient aux autorités administratives de mettre à la disposition des manifestants les forces de défense et de sécurité pour permettre l'exercice de leur droit à la réunion publique.
Ainsi, elle ajoute que cet argument est contredit par les faits, étant donné qu'il ne manque jamais de forces de défense et de sécurité pour réprimer les manifestations interdites et pour maintenir un blocus de plusieurs mois à la cité Keur Gorgui, lieu de résidence de l'opposant Ousmane Sonko. D'après Le Chemin de la libération, ces mesures portant atteinte aux libertés vont à l'encontre des principes constitutionnels énoncés par l'article 8 de la Constitution du Sénégal, qui garantit le droit à la liberté d'expression, la liberté de réunion, la liberté de déplacement et la liberté de manifestation. "Le droit de manifester est un pilier fondamental d'une démocratie et un moyen essentiel pour les citoyens de faire entendre leurs voix. Cette répression systématique des droits civils et politiques témoigne, une fois de plus, de l'établissement de facto d'un régime dictatorial au Sénégal ainsi que de la volonté persistante de Macky Sall et de son gouvernement de maintenir un climat de terreur et de persécution", lit-on dans la correspondance.
"La plateforme Le Chemin de la libération appelle le régime de Macky Sall à respecter les principes constitutionnels, à cesser immédiatement les interdictions systématiques de manifestations et à garantir le droit fondamental des citoyens d'exprimer leurs opinions pacifiquement. Nous restons déterminés à lutter pour la libération des détenus politiques, la défense de la démocratie et de l'État de droit au Sénégal", a conclu la plateforme.
Pas comme évoqué par certains médias, il n'y a eu aucun dispositif policier lors du dépôt de la lettre, à l’exception de ceux qui ont l'habitude de garder les lieux. D'ailleurs, d'après un policier trouvé dans les locaux du ministère de l'Intérieur, un seul membre de cette plateforme est venu déposer sans heurt la lettre et partir.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)