Silence, on communique !
Le silence comme arme communicationnelle est un instrument fortement apprécié par Idrissa Seck, président de Rewmi. Ce dernier, qui a décidé de raréfier sa parole, laisse entrevoir un prochain coup d'éclat qui ne manquera pas de secouer la classe politique.
En politique, le silence est une forme de communication. Mais chez Idrissa Seck, il est plus qu’un moyen, il relève quasiment de l’art. L’ancien Premier ministre sous Wade, tout au long de sa carrière politique, a opté pour de longues périodes de silence ponctuées de quelques coups d’éclat médiatiques capables de secouer toute la classe politique.
L’ex-maire de Thiès, en cette période de collecte de parrainages, a opté pour le silence radio et est demeuré silencieux sur toutes les grandes affaires qui ont traversé le champ politique. Blocages des convois d’opposants, tournées économiques d’Amadou Ba, affaire du parrainage d’Ousmane Sonko, entre autres. ‘’Ndamal Kajoor’’ semble vouloir se faire désirer en cette période de précampagne. Cette stratégie est assumée jusque dans sa formation politique Rewmi. ‘’Le silence fait partie du pack communicationnel d’Idrissa Seck’’ nous souffle Daouda Ba, chargé de Com de Rewmi.
D’après le responsable politique de Rewmi, le président Idrissa Seck est en train de mener une réflexion profonde concernant le projet de société et d’avenir qu’il compte présenter aux Sénégalais. ‘’Idrissa Seck est en train de consulter tous azimuts pour l’élaboration de son projet de société. Par ailleurs, il garde aussi un œil sur le parrainage piloté par notre camarade Ass Babacar Guèye et la massification du parti qui se déroulent sans encombre’’, déclare-t-il.
Dans cette optique, le parti Paré Suxxali Sénégal’’ d’Abdou Karim Fall, dimanche dernier, a décidé de rallier la candidature d’Idrissa Seck pour 2024. ‘’Nous avons parachevé les discussions avec les candidats. Le Sénégal a besoin d’un homme de paix, expérimenté dans la gestion des affaires publiques, un croyant, musulman et d'une quelconque autre religion, un homme flexible. Sur la base de tous ces critères et des priorités programmatiques, nous avons choisi le président Idrissa Seck’’, ont indiqué Abdou Karim Fall et ses camarades.
Idrissa Seck ou la tentative d’un énième renouveau politique
Tout laisse croire que l’ancien président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) s’empressera de rejoindre le tourniquet médiatique à la fin de la collecte du parrainage, le 27 novembre prochain. Comme à son habitude, l’ex-président du conseil départemental de Thiès aime surprendre son monde comme son ralliement au camp présidentiel en novembre 2020 avec l’établissement du ‘’Mbourou Ak Soow’’.
Cette stratégie rejoint l’une des lignes directrices de la façon de faire d’Idrissa Seck qui a voulu toujours se présenter comme un politique au-dessus de la mêlée. Ce sentiment élitiste qui frise parfois l’arrogance est bien assumé par le candidat.
Lors d’un entretien à emedia en mai 2023, il indiquait son goût pour les milieux chics de Paris et de New York. Idrissa Seck, qui veut se présenter comme une troisième voie entre le régime et l’ex-Pastef qui polarise encore une grande partie de l’opposition. Dans une configuration marquée par la possible absence d’Ousmane Sonko et l’improbable retour de Karim Wade de son exil de Doha, semble ouvrir un champ d’évolution pour Idrissa Seck. Ce dernier espère profiter de l’absence de vraies figures de proue dans l’opposition pour s’imposer comme une alternative crédible au régime actuel.
Idrissa Seck, qui a claqué la porte de la mouvance présidentielle en avril 2023, en raison de sa candidature pour la Présidentielle de 2024, souhaite incarner un pôle d’opposition républicain, d’autant que Yaw, empêtrée dans des querelles internes, peine à remplir cet espace politique.
Néanmoins, la perte de son fief de Thiès peut être fortement préjudiciable pour une éventuelle victoire d’Idrissa Seck en 2024. Les revers face à YAW lors des Locales (janvier 2023) et les Législatives (juillet 2023) dans la capitale du Rail démontrent que la reconquête de son fief historique ne sera pas une sinécure.
Le compagnonnage avec Benno Bokk Yaakaar (BBY) a affaibli le parti Rewmi qui peine à apparaître comme une force du changement, après presque trois ans d’alliance au sein du camp présidentiel. Idrissa Seck, qui a comptabilisé plus de 20 % des voix lors de la Présidentielle de 2019, pourra difficile réitérer cette performance en raison de la défection de personnalités comme Malick Gakou, Déthié Fall, Pape Diop et Abdourahmane Diouf qui avaient grandement participé au succès d’Idy2019.
Mamadou Makhfouse NGOM