Publié le 14 Feb 2012 - 19:06
SAINT-VALENTIN

Des Dakarois transis de passion

 

Presque tout Dakar est aux couleurs de la Saint-Valentin. Le rouge et le noir habillent la quasi-totalité des boutiques de prêt-à-porter ou de ventes d’articles divers. A la célèbre librairie ''Chez mon ami'', hier, les cartes de Saint-Valentin et autres petits nounours rouges sont bien en vue. La clientèle est composée en majorité d’élèves. Parmi elle, une jeune fille au beau sourire, teint clair, taille svelte moulée dans un jean slim gris assorti à un pull au col roulé blanc avec des baskets de même couleur.

 

Elle se fait appeler Keyna et à 15 ans. ''Je suis dans la même classe que mon Valentin. Je lui offre demain cette carte (elle en brandit une qu’elle venait de choisir sur l’étagère) et une écharpe'', confie la jeune femme. Keyna s'attend à ce que son copain en fasse autant. Sa copine, Toulaye, même âge, ne voudrait pas faire exception. Elle opte également pour une carte dédiée à son ami. Pour ces adolescentes, ''la Saint-Valentin a tout son sens. C’est un jour spécial pour ceux qui s’aiment et permet à l’un et l’autre de renouveler leur amour''.

 

Les vendeurs ne veulent pas trop s’épancher sur la question mais ne nient pas qu’ils font de bonnes affaires. Et les échoppes, à l'instar du ''Mini-Marché'' sur l'avenue ex-Ponty, sont remplies notamment d'amoureux fébriles à l'idée de choisir le cadeau qui fait effet de Cupidon.

 

Mais ce rendez-vous avec Éros n'est pas que le dada des ados. Des adultes sont dans la danse. Ils ont investi les boutiques de lingerie fine et de prêt-à-porter. Devant ''Mille cadeaux'' au centre de Dakar, Hervé Mbengue, teint noir, tient un petit sachet entre les mains. ''J’ai invité ma fiancée à dîner. Et je lui remettrai ce petit présent à la fin du dîner'', a-t-il confié. Il n'en dira pas plus : ''C'est une surprise pour tout le monde'', a-t-il prétexté. Dans la boutique, le visiteur a l'embarras du choix, pourvu qu'il y mette le prix, entre des montres, des stylos, des nounours de toutes les couleurs et de toutes les tailles, des cadres photos ou encore des horloges ainsi que des cartes.

 

Plus loin dans une boutique presque anonyme, Adja, Marême, Ndèye Sall et Fatim cherchent présents pour Valentins. Elles ciblent des chemises. Elles gloussent à la pensée du dîner aux chandelles avec l'autre aujourd'hui. Les filles espèrent, en plus d'un cadeau, recevoir des fleurs.

 

Pour les ''amours interdits'', le tête-à-tête a eu lieu avant-la lettre. Des filles ont dit marquer la Saint-Valentin hier... car elles se sont amourachées d’hommes mariés. L'épouse légitime passe en priorité. Cela est loin d'effaroucher ces demoiselles. ''Ça ne me dérange pas de passer la Saint-Valentin un jour avant, surtout que je serai avec mon chéri jusqu'à minuit'', déclare A. Faye. Son petit ami a deux femmes et doit être avec l’une d’elles ce soir. Pour A. Faye, une demande en mariage lui suffirait comme cadeau. Ambitieuse tout de même.

 

Ils s'en moquent

 

Si certains croient en la Saint-Valentin et comptent la fêter en grandes pompes, d’autres s'en moquent. C’est le cas de Djibril Fall qui tient une boutique au marché Sandaga. D'après lui, ''ce sont des futilités''. Il est de ceux qui pensent que l’amour se célèbre au quotidien et que l'on n'a pas besoin d’un jour particulier pour montrer à son partenaire qu’on l’aime ou pour lui offrir des cadeaux. Karamba Sané, vendeuse de fruits, n'en dit pas moins. Elle estime que ceux qui se soucient de Saint-Valentin ''ont du temps à perdre''. D’ailleurs, elle en avait oublié la date. Un homme répondant au nom de Fallou Gallas, voisin d’étal de Karamba Sané sur l’avenue Lamine Guèye, s’immisce dans la discussion. Lui avance qu'''on n’est pas des chrétiens mais des musulmans. Cette fête n’est pas pour nous''. Aussi a-t-il lancé : ''Sénégalais da mënë roy daxx''.

 

 

Aux origines d'un fête...

À l’origine, fête de l’église catholique romaine, le jour de la Saint-Valentin n’aurait pas été associé avec l’amour romantique avant le haut Moyen Âge mais avec l'amour physique. La fête est maintenant associée plus étroitement à l’échange mutuel de ''billets doux'' ou de valentins illustrés de symboles tels qu’un cœur ou un Cupidon ailé. À l’envoi de billets au XIXe siècle a succédé l’échange de cartes de vœux.

 

 

L’association du milieu du mois de février avec l’amour et la fertilité date de l’antiquité. Dans la Rome antique, le jour du 14 février était nommé les lupercales ou festival de Lupercus, le dieu de la fertilité, que l’on représente vêtu de peau de chèvre. Au moins trois saints différents sont nommés Valentin, tous trois martyrs. Leur fête a été fixée le 14 février par décret du pape Gelase 1er, aux alentours de 498.

 

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