"Le Sénégal n'a jamais été une démocratie"
L'E-jicom, en partenariat avec la fondation Henrich Böll, a organisé, hier, un forum sur l'état de la démocratie au Sénégal. Lors des discussions, le doctorant en sciences politiques, Hamidou Samba Ba, a affirmé que le Sénégal n'a jamais été une démocratie.
Ces dernières années, presque tous les jours, on entend parler de recul de la démocratie sénégalaise. Hier, l'E-jicom, en partenariat avec la fondation Henrich Böll, a organisé un forum sur l'état de la démocratie au Sénégal. Au cours de ce colloque, le doctorant en sciences politiques, Hamidou Samba Ba, a déclaré que le Sénégal n'a jamais été une démocratie.
En effet, a-t-il expliqué, le pays n’a jamais fonctionné comme une démocratie devrait l'être avec des règles établies acceptées par des acteurs politiques et comprises par les citoyens, c'est-à-dire le pluralisme politique. Dans l'histoire de la politique du Sénégal, a-t-il rappelé, "on n'a jamais eu de pluralisme politique. Si on regarde le fonctionnement du pluralisme, le Sénégal ne respecte pas les règles". De même, a-t-il ajouté, "on n'est pas aussi dans la liberté d'expression, mais on est dans un régime de début d'opposition".
Hamidou Samba Ba est d'avis que toutes les opinions devraient être acceptées, sauf celles interdites sur le racisme, sur le sexisme, bref sur toutes les choses qui peuvent être en mal avec la volonté de construire la nation sénégalaise.
Mais, a-t-il regretté, au Sénégal, ‘’des journalistes ont été emprisonnés dans le cadre de leur travail. De même que des opposants politiques qui ont dit tout simplement leur désaccord par rapport à certains sujets’’.
Eu égard à cela, il considère que le Sénégal n'a jamais été une démocratie. Et cela peut se vérifier à tous les niveaux, des régimes de Senghor à Abdoulaye Wade, en passant par Abdou Diouf. Dans le même ordre d'idées, soutient le doctorant en sciences politiques, au Sénégal, la violence contre les opposants politiques est structurelle, documentée. Car, a-t-il souligné, "l'un des actes forts de Senghor a été la dissolution du PAI et il a traqué tous les partisans dudit parti pendant longtemps, dont certains ont été emprisonnés. On a vu aussi, en 1962, comment on a emprisonné Mamadou Dia pendant 10 ans, parce qu'il a eu un différend politique".
Alors que, a-t-il dit, "dans le principe de la démocratie, il faut faire la distinction entre amis et ennemis, c'est-à-dire qu'on n'est pas des amis, on est des ennemis publics sur la direction du pays, mais on n'est pas vraiment ennemis privés".
Selon lui, emprisonner quelqu'un ne doit pas être décidé par l'Exécutif. Car, a fait savoir M. Ba, "dans le cadre de la séparation des pouvoirs, c'est la justice qui se saisit quand il y a dérives ou problèmes. Les prérogatives du président, ce n'est pas de dire à la justice ce qu'elle doit faire, car il a un autre travail à faire. Et c'est pourquoi un procureur doit être élu pour avoir une distance, une liberté par rapport à l'Exécutif". Hamidou Samba Ba est d'avis que le président de la République "ne doit pas être au Conseil supérieur de la magistrature. Il n'a rien à faire là-bas. Les magistrats sont un pouvoir à part et ça permet de restaurer la confiance que les citoyens doivent avoir à une institution".
Par ailleurs, pour un autre des panélistes du jour, le professeur Sylla Sow, au Sénégal, les députés ne s'opposent vraiment pas au vote d'une loi que lorsque leurs propres intérêts sont en jeu. Pratiquement, a-t-il dit, ils votent toutes les lois soumises à l'Assemblée nationale sans parfois savoir la quintessence de celles-ci.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)